Kawasaki 1955-2015: 60 ans de twin

Décidément le “parallel twin” réussit bien à Kawasaki, tant dans le néo rétro avec la W800, que dans le moderne classique avec l’ER6, l’une des meilleures ventes de ces dernières années. Question d’expérience sans doute, car le premier bicylindre vertical de la marque date de 1955 !

archives & photos © fmd/moto-collection.org – Les liens en bleu renvoient aux fiches descriptives des modèles concernés.

Tout commence en fait avec Meguro, une marque de Tokyo qui sera, jusqu’en 1960, l’une des dix premières marques japonaises et surtout, l’une des seules (avec Rikuo qui fabrique des Harley sous licence) à produire des plus de 300 cm3.

Meguro se lance dans la moto dès 1937 avec la Z 97, un beau 500 à soupapes culbutées étudié pour répondre à un appel d’offres de l’armée. Ce très robuste monocylindre, qui reste en production jusqu’en 1950, n’est pas inspiré par l’Angleterre, mais par la Suisse et plus précisément par la Motosacoche 500 des années trente dont il reprend les côtes de 82 x 94 mm.Meguro 500Z97 1937-035

La 500 monocylindre, premier grand succès de Meguro, est produite à partir de 1937.

Un petit air d’Horex pour ce moteur 250 KH 1 de 1954 qui fut, dit-on, étudié en collaboration avec BMW avec qui Kawasaki Aircraft avait de relations de longue date.

Un petit air d’Horex pour ce moteur 250 KH 1 de 1954 qui fut, dit-on, étudié en collaboration avec BMW avec qui Kawasaki Aircraft avait des relations de longue date.

La marque tokyoïte étend ensuite sa gamme vers le bas et vers le haut avec des 250 et 350 quatre temps culbutées et, en 1955, la 650 T1 Senior, un vertical twin longue course (alésage x course 72 x 80 mm, 29,5 ch et 130 km/h) à soupapes culbutées, qui se rajoute à la 500 mono. Fort de ses succès aux courses du mont Asama, Meguro s’essaie même à l’arbre à cames en tête en 1958 avec sa 350 YA qui, lourde et peu agile, ne connaît guère de succès.

La grande marque pionnière vit pourtant ses dernières années et va être rachetée par Kawasaki Aircraft Co. qui a lancé son premier moteur quatre temps en 1950 (un 150 suivi, en 1952, par 250cm3 très inspiré par Horex). Les premiers contrats avec Kawasaki sont signés en 1960 et en octobre de cette année-là seront présentées les nouvelles Kawasaki-Meguro 500 twin KHS (39ch avec deux carbus de 24 mm) et KH (33ch avec un seul carbu de 27 mm). En février 1961, la KHS sera abandonnée et seule survivra la KH rebaptisée K1 Stamina. (Endurance en anglais). L’inspiration britannique est évidente, mais contrairement aux apparences ce n’est pas chez BSA qu’il faut rechercher la filiation, mais plutôt chez Norton qui utilisait les mêmes côtes internes de 66 x 72,6mm sur ses modèles 88 et Dominator.

 

La Kawasaki – Meguro 500 K1 Stamina de 1961 est, à l’époque la reine des Japonaises, la plus performante et la plus chère, loin devant sa rivale la 500 Hosk (la marque sera absorbée par Yamaha) qui n’annonce que 23 ch. (Meguro 500 K1 : 497 cm3, 66 x 72,6 mm – 33 ch/6 000 tr/min – 195 kg – 145 km/h). La concurrence n’arrivera qu’en 1963 avec l’arrivée de la Lilac flat twin 500 R92 et surtout fin 1964 avec la très sophistiquée Honda 450 à deux ACT, plus légère de dix kilos, plus moderne et 10% moins chère.

Meguro 500 K1 1962-036

La première Meguro 500 Stamina K1 de 1961. Notez les clignotants déjà de rigueur au Japon, mais encore quasi-inconnus en Europe.

Entre-temps la Kawasaki-Meguro 500 évolue et devient K2 en 1965 sous l’égide de G. Inamura, le papa de la fameuse 900 Kawasaki Z1. Bien que les twins soient alors toujours vendus sous les deux labels, Kawasaki ou Meguro, la vieille marque nippone a définitivement mis la clé sous le paillasson en novembre 1962.

La 500 K2 de 1964.

La 500 K2 de 1964.

Kawasaki Meguro

Logos de passage : À gauche le réservoir de la 500 twin K1 de 1961 porte l’emblème traditionnel de Meguro avec son double M ailé. En haut à droite sur la 650 K2 de 1964, le double M inversé de Meguro a été remplacé par l’idéogramme de Kawasaki qui symbolise, comme vous le savez, une rivière passant entre deux montagnes. En bas à droite, enfin, ce logo arboré par une W1 de 1968 a perdu tout souvenir de Meguro. Les versions postérieures ne porteront plus que le nom de Kawasaki en toutes lettres. Bien après ces bicylindres les motos de la marque seront signées par un K stylisé dessiné par Kawasaki-san en personne.

 

Kawasaki 1965bLa gamme en étoile en 65 : En haut et en blanc, la 650 twin type police et dans le sens des aiguilles,125 B8 à selle mono puis, en rouge à selle biplace, 85 J1, 50 M5 Pet, 125 B8T et 250 SGT mono quatre temps.

Kawasaki 650 W1 1968La Kawasaki 650 W1 de 1968 lors de la rencontre au mont Asama en 1994, au plus grand rassemblement de motos anciennes au Japon.

 

4c-Kawasaki 650 Tokyo 1969-031Éclipsée par la nouvelle Kawasaki 500 H1 tricylindre au salon de Tokyo 1969 où on la voit ici, la Kawasaki 650 W1 SS était pourtant beaucoup moins chère : 338 000 ¥ pour la W1 SS contre 298 000 ¥ pour la H1.

En 1966, c’est au tour de la 650 de recevoir un nouveau moteur extrapolé de celui de la 500 (seul l’alésage change, ce qui lui donne des côtes très super carrées : 74 x 72,6 mm). Signe des temps, la Meguro X 650 conserve l’ancien look tandis que la Kawasaki 650 W1 étrenne une toute nouvelle robe plus moderne. Elle ne changera guère jusqu’en 1968 où sa roue avant passe de 18 à 19′. Elle existe alors en trois versions dont une superbe scrambler à échappements relevés qui fait rêver tous les possesseurs des actuelles W 650/800 Kawasaki twin. Les 650 Kawasaki sont importées en Europe en 1971 et se dotent pour l’occasion d’un sélecteur à gauche. Il est d’ailleurs curieux de constater que les motos japonaises avaient indifféremment le sélecteur à droite ou à gauche en fonction de leurs modèles d’inspiration. La 650 cessera d’être produite en 1975 après avoir reçu un frein avant à disque.

Kawasaki 650 TT  scramblerL’inspiration dont rêvent tant de possesseurs de la 650 twin actuelle, la 650 TT scrambler de 1968. Notez que le sélecteur est encore à droite. Il passera à gauche pour les versions importées en Europe à partir de 1971.

Vingt-quatre ans plus tard, en 1999. Kawasaki est la première marque japonaise à se lancer dans le néo-rétro avec la W650, qui allie avec élégance des technologies et une construction moderne (simple ACT entraîné par arbre et huit soupapes) sous une robe on ne pleut plus classique et inspirée sans complexe des belles Anglaises des sixties. Devenue référence dans son domaine, la W650 se transforme en janvier 2011 en W 800 avec une alimentation par injection et des variantes esthétiques au goût du jour.Capture d’écran 2015-12-10 à 17.01.057-W800

L’ultime version 2016 de la W800, toujours calée à 360° comme ses ancêtres, mais un ACT entraîné par arbre et couples coniques et des côtes longue course (77 x 83 mm) alors que les W650 étaient culbutées et super carrées.


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12 commentaires sur “Kawasaki 1955-2015: 60 ans de twin

  1. gilch dit :

    Merci pour ce beau reportage .
    La kawasaki W1 est assurément une moto magnifique dont les formes du moteur rappèlent celles de mon ancienne BSA A10 road rocket(culasse alu , 1 carbu) que j’ai possédé en 1968/69 mais neanmoins plus moderne ( pas de magnéto ,pas de dynamo/régulateur qui ne fonctionnait que rarement à cause des vibrations ) . La W1 en état collection est cependant très rare et très chère ; j’en ai vu a la bourse de Mannheim qui dépassaient les 20000€ . La W650 (99-2006) que je possède actuellement est une excéllente moto à tout faire . le moteur est coupleux et suffisament puisant , très robuste , un 130 km/h de croisière ne pose aucun problême ( 4000/4500 1/mn) environ , le freinage avec un simple disque à l’avant est satisfaisant sans être surpuissant et permet deja de se lâcher en montagne ( les vosges pour ma part) , l’arrière à tambour est un ralentisseur suffisant pour équilibrer la machine ; la partie cycle est saine , pas de louvoiement intempestif ni en virage , ni en ligne droite , seul point noir sur les modèles 99/2001 , une tandence au guidonnage entre 70 et 90 km/h si on lâche le guidon . L’angle de chasse des modèles suivants a été augmenté de 0,5° pour remédier à ce problême !
    un bonne moto en somme qui me rappelle un peu ma BSA A65 lightning que j’ai eu en 71 , vibrations en moins et agrément de conduite en plus !

  2. jackymoto dit :

    Voui, mêmes queues de poisson que les Gnôme M2 CM2 et autre bicylindres à plat !
    Tout le monde évoque la Triumph à propos de la W moderne…et pourtant, la seule qui se rapproche vraiment est la 500 Jawa ACT (c’est vrai que les moqueurs disent que la tenue de route des W est aussi mauvaise que celles des Triumph à réservoir d’huile..)

  3. fmd dit :

    Vérification faite la “queue de carpe” ressemble à s’y méprendre à celle montée entre autre sur le Gnome & Rhône 750 X (cliquer sur le lien pour accéder à la fiche et à sa photo)

  4. Oldjunor dit :

    Quelles belles anglaises ça aurait pu faire…
    Le “queue de carpe” serait plutôt à chercher du côté de chez Velocette, me semble-t-il.

  5. fmd dit :

    et en plus c’est moi qui en apprend dans MON blog !

  6. fmd dit :

    Bravo, je n’y avais pas pensé

  7. gigi dit :

    Cependant , Twins renvoie vers l’idée de cylindres jumeaux , ce qui me semble être un anglicisme acceptable (de pique-nique) . je parlerai d’un “Twin” BSA, pour les A7,A10, A50 et autres …mais d’un bicylindre Harley-Davidson ou Indian…
    Gigi, partisan de la capillo-traction…

  8. Jicécé dit :

    Ils achetaient leur queues de carpe chez Gnome en 37?

  9. Certes, il convient de nommer un chat ; un chat et “a cat” ; “a cat”. Toutefois, sans renier aucunement les vertus de notre belle langue gauloise, le terme “Twin” ne date pas vraiment d’aujourd’hui dans nos débats et autres descriptions techniques. Je me souviens fort bien, étant encore mioche (à 10 ans, en 68) entendre mes aînés, aujourd’hui tous potes âgés, parler de Flat-twin et non de bi-cylindre à plat… Ce qui m’arrangeait plutôt à l’époque, car l’idiome d’outre-Manche n’étant pas vraiment “my cup of tea”, cela m’a finalement aidé à éprouver mon “very” desastreux “english” et surtout à ouvrir les yeux sur le reste de la production mondiale.

    En tout cas, merci François-Marie pour ce beau retour vers l’époque de la genèse des motos Kawasaki. W1, W1SS, W2, W2 TT, W3… Autant de belles machines qui font aujourd’hui le bonheur des amateurs de belles mécaniques.
    Inconnues chez nous, ces machines sont restées au catalogue assez longtemps chez Kawasaki. Petite anecdote au passage : la dernière version W à tambour (1971, sauf erreur de ma part) arborait le tableau de bord de la 350 S2 et ses compteurs biseautés en plastique plutôt anachroniques sur cette moto !
    Quand à la toute dernière version de ce superbe twi… Heu… bicylindre vertical, il possédait tout le train avant de la… 900 Z1. Fourche avec ses emplacements de catadioptres chromés, compteurs noirs en obus et frein avant à double disque (alors qu’il n’était pas encore dispo pour la 900 Z1 !)

    En tout cas, cette moto bien née procure bien du plaisir à qui sait la découvrir.

  10. fmd dit :

    Bien d’accord avec vous, mais l’alternance du “twin” et du “bicylindre” permet aussi d’évider les répétitions bien mal vues en français. Cela dit je viens de remplacer un twin par un bicylindre suite à ce commentaire judicieux et, pour la petite histoire, cela me permet d’éviter une mise à la ligne dans la petite colonne de rappel à droite… tous les détails comptent !

  11. Philippe ESCOFFIER dit :

    Régulièrement ébloui par la qualité et l’éclectisme de vos reportages, un détail me chagrine cependant. En français, un moteur qui comporte deux cylindres, qu’ils soient verticaux, inclinés, horizontaux, opposés, en ligne ou en vé se nomme bicylindre et non pas twin comme cela devient abusivement usité depuis une époque récente.
    Cela dit, et n’étant pas irrémédiablement contrarié, continuez, je vous prie, à nous faire rêver.
    Bien cordialement.

  12. François Arsène dit :

    ça me rajeunit de 50 ans : esthétiquement, c’est l’avatar nippon de ma BSA Super Rocket de 1961 ! Vibrations en moins peut-être ?