Norton : du café racer au 50 cm3

Après l’effondrement du groupe BSA en 1973, NVT reprend les projets de la marque et continue d’étudier les projets susceptibles d’établir une nouvelle gamme à court terme.

Photos et archives F-M. Dumas/moto-collection.org – Les liens en bleu renvoient aux fiches descriptives des motos concernées

Prototype NVT-BSA de la 500 cm3 P72 en 1975.

^ C’est le cas du projet P72, une 500 cm3 conçue à partir d’éléments existants (499 cm3 (81 x 76 mm) – Compression 10 à 1 – Carburateur Amal ø 30mm – Allumage batterie bobines – Transmission primaire par chaîne duplex – Embrayage multidisque humide – Bloc 4 vitesses – Cadre double berceau – Roues 18 pouces). Le moteur est une version légèrement modifiée de celui équipant la BSA B50 de cross installée dans le cadre double berceau conçu pour les 350 Bandit/Fury en 1971 et monté sur silent-blocs avec le système Isolastic développé par Norton pour ses Commando. Le tube d’échappement se dédouble bizarrement devant le bas moteur, le sélecteur est à gauche selon les nouvelles normes imposées par les États-Unis depuis septembre 1974 et le kick-starter se double d’un démarreur électrique. Trois prototypes verront le jour avec des différences d’équipement. Celui-ci conservé au National Motorcycle Museum de Birmingham a un garde-boue avant de BSA Rocket-3  et une selle biplace Norton. Il est ici badgé BSA, mais il était prévu de le vendre sous label Norton. Hélas le renouveau du gros monocylindre ne viendra pas de Grande-Bretagne et ce projet est abandonné en octobre 1975 alors que NVT accuse une dette de 4 millions de livres sterling.

BSA qui initia le projet pensait sans doute contrer les japonaises avec cette 500 Wulf.
La Norton Wulf est présentée en grandes pompes au salon de Londres en 1975.
Quelle drôle d'idée de reprendre en 1975 un concept fumeux de pistons à deux étages né dans les années 20.

^ NVT hérite aussi de BSA d’une curieuse moto baptisée Wulf (le loup) animée par un moteur bicylindre deux temps équipé de pistons à double étage selon la technique défendue et commercialisée par Dunelt dans les années 20. Un bien curieux dispositif ou la base de plus large diamètre de chaque (lourd) piston se charge de propulser les gaz aspirés vers la chambre de combustion. La Wulf est officiellement présentée au salon de Londres en 1975 et ce sera sa seule apparition publique avant que le projet soit abandonné.

La 900 tricylindre Trisolastic de 1975 et de la 1000 quatre cylindres Quadrant de 1973.

^ Triumph, puis NVT ont également étudié toutes les solutions possibles pour rendre les 750 tricylindres BSA Rocket  et Triumph Trident  concurrentiels. Ils ont ainsi concocté, en 1972-73, la Quadrant que le rajout d’un quatrième cylindre transformait en 1000 cm3. Vint ensuite une Norton « 900 Trisolastic » où le moteur de la BSA Rocket est monté souple avec le fameux système Isolastic, dans une partie cycle de 850 Commando ce qui nécessita un bien curieux tube d’échappement central en Y qui vient se relier aux tubes droits et gauche. Je reviendrai sans tarder sur ces projets qui méritent bien un article spécifique.

L'Ascot de 1976 développée par NVT pour tenter de vendre le montage Isolastic à Yamaha.
Le prototype 650 XS Ascot développé par Bob Trigg en 1976 reprend ici du service en 1984.

^ Pour financer ses coûteux développements et a fortiori celui de ses motos à moteur rotatif Wankel sur lequel il concentre ses ultimes ressources, NVT liquide ses stocks de Commando, entreprend de vendre à Yamaha ses brevets sur le montage souple Isolastic d’un ensemble moteur-transmission. Un superbe prototype est d’ailleurs réalisé par Bob Trigg, co-inventeur du système, avec un XS 650 Yamaha et un montage Isolastic. Une superbe moto au style inspiré du flat track qui ravirait aujourd’hui plus que jamais les amateurs de café racers. Je peux aussi vous affirmer, pour l’avoir essayé plus tard, qu’elle était sacrément efficace. Yamaha ne reprend pourtant pas les brevets de l’Isolastic, mais la firme japonaise offre à Bob Trigg de s’occuper de son Product Planning européen, ce qu’il fera deux ans plus tard après avoir fini son travail le prototype Norton, et je le rejoindrais en 1982 pour une trentaine d’années de collaboration.

Concoctée chez NVT en 1976 avec un moteur XS 650, cette Ascot inspirée du flat track n'a pas vieilli.

^ NVT lorgne également sur le marché florissant des 125 trails et démarche Suzuki pour lui acheter des moteurs de 125/185 TS et Yamaha accepte par ailleurs de vendre à NVT des moteurs de 125 DT/MX qui donneront lieu à l’éphémère BSA 125 Tracker équipé du moteur Yamaha-Minarelli, d’une fourche et de compteurs Yamaha avec un habillage et un cadre mono amortisseur arrière dus à NVT. Dans le même temps Norton rebadge également un cyclomoteur italien à moteur Minarelli qui est vendu sous l’appellation Easy Rider et ces deux productions renflouent plus ou moins les caisses de la maison, mais pas assez pour empêcher que l’usine ferme ses portes en 1978. Cédé à des entreprises privées, le projet de Norton à moteur rotatif survivra pourtant et de versions plus ou moins élaborées continueront d’apparaître pendant plus de quinze ans !

Etude de NVT sur base moteur de Suzuki TS 125.
Version 1979 de la 125 Tracker à moteur Yamaha développée par NVT.
Surprise au salon de Londres 1975 avec ce 50 utilitaire NVT aux côté de la Commando.
Bob Trigg pose sur le NVT 50 Easy Rider
Un beau cyclo sport, siglé BSA et motorisé par un 50 cm3 Minarelli en 1979.
Déclinaison en mini-cross à petites roues du NVT 50 Easy Rider à moteur Minarelli en 1977.

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4 commentaires sur “Norton : du café racer au 50 cm3

  1. Fournier dit :

    Bonjour à tous étant enfant j’ai eu une easy rider junior
    Petit coup de nostalgie je suis à la recherche depuis plusieurs année d’un model de cette moto
    Si par assard qu’ellequ’un serais ou je pourrais en racheter une sa serais avec joie 🙂

  2. jackymoto dit :

    Je savais que Bertie Goodman l’ancien directeur commercial de Velocette avait bossé sur des 125 BSA à moteurs italiens sorties beaucoup trop tard. Pensez que la Bantam une antiquité dérivée de la DKW de 1939, était encore en production en 1971 et pouvait se retrouver dans une vitrine à côté d’une 125 Suzuki ou autre…
    Vendre une 500 monocylindre avec un moteur de cross difficile à démarrer fragile et impossible à équiper d’un démarreur électrique était une idée fumeuse
    pour accommoder les restes et faire du neuf en mélangeant les pièces de vieux modèles. Quant au système isolastic j’ai toujours pensé que c’était un cache misère
    bien coûteux et que redessiner un moteur moderne aurait été une nécessité. Même punition que la 500 mono, il y avait bien un démarreur sur la 850 (qui ne faisait que 828cm3), mais dont la roue libre se détruisait très rapidement, risquant faire des dégâts sur le vilebrequin au passage. Mon copain anglais, en pleine tourmente des faillites des usines anglaises, avait remarqué qu’il n’y avait que des autos garées devant le bureau d’étude (fumeuses) de chez NVT, Umberslade hall une grosse maison bourgeoise.
    Bourdache devrait demander des royalties à la Snecma pour l’appellation de la Gnôme Junior…mais c’est lui qui a peut être copié.

  3. Bourdache dit :

    Si ça avait marché, je me serais fait des choses en or en touchant des royalties sur la mini-cross/Minarelli dénommée “Junior”, mon nom de guerre depuis mes débuts à Moto Revue

  4. HELION Jacques-Philippe dit :

    Je ne connaissais pas ces tentatives de NVT pour survivre, merci pour ces infos !