Alcyon
75 cm3 roue Motrix - 1923
Un "cyclomoteur" traction avant bien antérieur au Vélosolex
La roue Motrix d'Alcyon, groupe auxiliaire comme la France en a produit beaucoup entre la fin de la Première Guerre mondiale et le milieu des années 20, a ses origines en Autriche. Conçue par l'ingénieur Karl Schüber et brevetée par Austro Motorette en 1920, elle est fabriquée sous licence par Österreichischen Werke Arsenal (ÖWA). On la retrouve un peu partout en Europe sous différente marque jusqu'en 1929. Austro Motorette ou Owa mais aussi Motorette en Italie ou Gladiator en Espagne. Elle est construite sous licence par Eichler en Allemagne et Alcyon en France à partir de fin 1923.
Les Autrichiens ont travaillé intelligemment
La Roue Motrix est constituée d'une fourche haubanée, d'une roue et d'un groupe propulseur placé de part et d'autre du moyeu. Sur la gauche se trouvent le moteur et sur la droite le volant magnétique. Le vilebrequin est composé d'une seule masse d'équilibrage. D'un côté, la bielle avec son maneton est en porte à faux et, de l'autre, le tourillon, reposant sur deux roulements, traverse de part en part le moyeu pour faire la liaison avec le volant magnétique. Cette disposition assure une bonne répartition des masses et un centre de gravité bas. La puissance est transmise à la roue via un démultiplicateur à engrenages. Il n'y a pas d'embrayage et un système mécanique avec vis et écrou permet de désolidariser le moteur pour rentrer en pédalant en cas de soucis. La roue Motrix est contrôlée par deux leviers, l'un pour l'accélérateur et l'autre pour le décompresseur, utilisé au démarrage. La puissance de 1 cheval autorise, d'après les publicités qui sont rarement mensongères, de gravir à peu près toutes les côtes et d'attendre les 25 km/h sur le plat. Les premières versions (comme celle ici photographiée) ont un volant magnétique basse tension et un rupteur dans le cylindre qui se charge de créer l'étincelle. Cette technique est remplacée rapidement par un système plus classique avec volant magnétique haute tension et une bougie, permettant aussi l'ajout d'un éclairage. Le réservoir de 2 litres prend sa place sur le dessus de la roue.
Une concurrence incroyablement nombreuse
Apparue au salon de Paris à la fin de 1923 au tarif de 800 F, la Roue Motrix fait face à une concurrence nombreuse et parfois établie de longue date : Cyclotracteur à 600 F, Lutétia à 950 F, DKW-SIC à 935 F, Moteurcycle de L. Rosengart à 900 F ou Micromoteur de Labinal à 600 F, liste non exhaustive. Elle a son heure de gloire au Bol d'Or 1925 (eh, oui, il y a même une classe "vélomoteur 75 cm3") où une Rovin équipée de la roue motrice Alcyon remporte la catégorie après avoir parcouru 806 km avec un certain Pays à son guidon. Elle est peu mise en avant par Alcyon avec une absence surprenante de publicité dans les revues, elle arrive de plus un peu trop tard. Le niveau de vie augmentant et la réglementation sur les BMA évoluant, les groupes auxiliaires sont supplantés par les vélomoteurs, même si ceux-ci coûtent en moyenne deux fois plus cher. Une Alcyonette, apparue un an avant, vaut par exemple 1700 F. La roue Motrix disparaît du catalogue Alcyon en 1927.
Moteur monocylindre 2 temps refroidi par air - 73 cm3 (51 x 40 mm) - 1 ch - Carburateur automatique - Allumage sans bougie par volant magnétique basse tension et rupteur dans le cylindre puis avec bougie, volant magnétique haute tension et bougie - Lubrification par mélange - Pas de boîte de vitesses - Transmission finale par engrenages dans le moyeu - Goupe auxiliaire adaptable sur cadre de vélo - Freins avant et arrière par patins sur jante - Roue 700 x 38 - 30 kg - 25 km/h.
La France a toujours été l'un des plus grands marchés du deux roues léger motorisé et la roue motrice d'Alcyon est l'une des productions les plus originales des années 20.