Alouette
125 cm3 AX - 1973
L'Alouette se pose sur une mauvaise branche
Les fabricants de deux-roues motorisés canadiens se comptent sur les doigts d'une main. Le premier se nomme CCM (Canada Cycle & Motor Co.) et il construit sous licence la Motosacoche de 1905 jusqu'au début des années 1910, avant d'annoncer en 1912 une gamme de motos qui ne verra jamais le jour. En novembre 1914, la société Essex Motorcycle and Machine Co. est créé pour produire des motos, projet qui tombe lui aussi à l'eau. Enfin le Evans Cyclemotor américain est construit au Canada au tournant des années 20, mais, là encore, ce n'est pas une réalisation locale. Ensuite, il ne se passe rien pendant 50 ans.
Alouette, gentille Alouette
Il faut attendre 1973 pour voir apparaître non pas une, mais deux compagnies : Can-Am et Alouette. Alouette Recreational Products Ltd, basé à Montréal, est un constructeur de motoneiges appartenant depuis 1971 au groupe Coleco, un manufacturier de jouets qui va devenir célèbre dans les années 80 en étant un des premiers à commercialiser des consoles de jeux. Pour occuper l'usine et fournir quelque chose à vendre à leurs concessionnaires durant les mois d'été, ils décident de se lancer dans la fabrication d'une moto tout terrain, comme a pu le faire Can-Am avec la 175 TNT au début de 1973. Autour d'un cadre et d'un habillage en fibre de verre maison, Alouette fait son marché en Europe et installe un moteur Sachs 1251/6B de 122 cm3 à boîte 6 vitesses, des amortisseurs Girling, un allumage Motoplat et un carburateur Bing. L'AX 125 arrive en magasin en juin 1973.
Un marché saturé
Malheureusement, le succès n'est pas au rendez-vous. Contrairement à Can-Am qui commercialise des machines de cross et d'enduro compétitives, gage de publicité, Alouette se positionne dans le domaine du loisir avec un trail léger sans prétention dynamique particulière. Même si le marché américain semble illimité au début des années 70, il est saturé et la concurrence sur le créneau est énorme. Il faut compter avec les trails japonais fiables et attractifs, les marques européennes encore nombreuses et souvent plus exclusives et performantes, et plusieurs marques nord-américaines ou assimilées créées pour répondre à la demande, comme Hodaka, Penton (KTM), Carabella, Cooper, Panther, PDV, Gina
Un autre aspect qui milite contre une diffusion massive : nous n'avons trouvé aucune publicité, pas même un article, sur les Alouette dans les magazines américains en notre possession. L'AX 125 n'a été construite qu'à 700 exemplaires entre 1973 et 1974. Elle apporte surtout de lourdes pertes à la compagnie, pourtant largement bénéficiaire les années précédentes. Coleco revend Alouette à Rupp en 1975 et le nom disparaît définitivement en 1976.
Moteur Sachs monocylindre 2 temps refroidi par air - 122 cm3 (54 x 54 mm) - 22 ch à 8 500 tr/min - Carburateur Bing 27,5 mm - Allumage Motoplat - Lubrification par mélange - Boite 6 vitesses - Embrayage multidisque en bain d'huile - Transmission finale par chaine - Cadre double berceau tubulaire - Fourche télescopique Aerts, débattement 150 mm - Suspension arrière par bras oscillant et double amortisseur Girling - Freins avant et arrière à tambour ø 140 mm - Pneus av. 3.00 x 21", ar. 3.50 x 18 "- 92 kg
Une survivante de la marque Alouette qui n'a pas laissé beaucoup de traces dans l'histoire de la moto, ici présentée au musée Barber aux États-Unis.