BMW
800 cm3 R7 - 1934
Art déco et innovation
Dessiné par Alfred Boning, la R7 est une étude lancée par BMW au début des années 1930 pour remplacer les 750 R11 à distribution latérale et
R16 culbutée, toutes les deux présentées en 1929 et inaugurant le cadre en tôle emboutie. La R7 arbore un style résolument art déco, un courant apparu au tournant du siècle et caractérisé par des lignes sobres, pures et dynamiques. Il atteint son paroxysme dans le domaine motocycliste à la fin des années 20 et dans les années 30. À quelques exceptions près, comme la
Majestic ou, dans une moindre mesure, les
Motobécane dessinées par Geo Ham, ce style est bien souvent cantonné aux accessoires (Silencieux d'échappement ...) ou à la décoration des réservoirs. La R7 va beaucoup plus loin et inaugure une apparence incroyablement moderne avec ces panneaux latéraux englobant la mécanique, sa ligne élancée avec un cadre descendant en légère courbe de la colonne de direction vers l'axe de roue arrière et les larges garde-boues en demi-cercle dont les tringles sont partie intégrante.
Des innovations reprises plus tard par BMW
La R7 n'est pas qu'un exercice de style, c'est aussi un prototype présentant des innovations techniques qui seront utilisées plus tard par BMW. La partie cycle est toujours en tôle emboutie, mais le cadre est entièrement nouveau et pleinement intégré au design. De plus, pour la première fois sur une moto potentiellement destinée à la série, la R7 est équipée d'une fourche télescopique inversée. Le moteur, suspendu sous le cadre, est totalement nouveau. La cylindrée est portée à 793 cm3 par augmentation de la course de 68 mm à 73 mm, l'alésage restant à 83 mm, ce qui en fait un moteur super carré. L'inspiration aéronautique se fait sentir avec un vilebrequin monobloc forgé, des paliers lisses, une bielle en fourche et un seul maneton. Pour accroitre la garde au sol, l'arbre à cames est sous le vilebrequin et les tiges de culbuteurs sous les cylindres... comme sur les
séries 5, 35 ans plus tard. Bien que la distribution soit culbutée, les culasses font bloc avec les cylindres, éliminant ainsi les risques de fuite du joint de culasse.
Une mise en série trop coûteuse
Dessus de réservoir chromé incorporant une jauge à huile et une découpe en H pour le levier de vitesse d'inspiration très automobile, compteur et odomètre, tous deux éclairés, et intégrés dans le phare, etc., ces multiples raffinements rendaient la R7 trop luxueuse et trop chère à produire. Elle n'a finalement jamais été présentée, tout juste mentionnée dans un catalogue de 1936 de la R5 où sa photo est légendée "voilà ce que nous aurions pu faire". Hélas, un changement de politique de la direction recentre la recherche sur des modèles plus légers et sportifs. La suite sera prise par les plus raisonnables 750 R12 latérale et
R17 culbutée à partir de 1935. Elles reprennent les bases mécaniques des R11 et R16, soit une cylindrée de 736 cm3, et surtout, la fourche télescopique du prototype, faisant de BMW le pionnier dans le domaine.
Moteur bicylindre 4 temps à plat refroidi par air - 793 cm3 (83 x 73 mm) - 34 ch à 5 000 tr/min Cylindres borgnes - Simple arbre à cames sous le moteur et distribution culbutée à 2 soupapes - Carburateur Amal - Lubrification par carter humide - Boite 4 vitesses - Embrayage monodisque à sec - Transmission finale par arbre et couple conique - Cadre monocoque en tôle d'acier emboutie et moteur suspendu - Fourche télescopique hydraulique inversée - Pas de suspension arrière - Freins av. et ar. par tambours latéraux simple came - Pneu av. et ar. 3.50 x 19" - 178 kg - 145 km/h
Projet rejeté par la direction, la 800 R7 mise au rebut, ne fut retrouvée dans les stocks qu'en 2005, heureusement complète à quelques détails près. Restaurée, elle est aujourd'hui la vedette des salons et des concours d'élégance (ici à la Villa d'Este en 2019) et elle a récemment inspiré la dernière R18.