Chez Bianchi, malgré la destruction de l'usine en août 1943 par les bombardements alliés, la production de deux roues avec ou sans moteur reprend en 1946. Mais, comme un peu partout en Europe, une place est à prendre entre les vélos et la 125 Bianchina. Ce rôle est dévolu au cyclomoteur Aquilotto présenté au 28e salon de la moto de Milan à la fin de 1950. De conception simple et bien fini, il va rencontrer le succès et être fabriqué pendant une dizaine d'années en différentes versions.

Le premier modèle dispose d'un moteur deux temps de 45,3 cm3, longue course, développant la modeste puissance de 0,8 ch ''presque constante de 2500 à 4000 tr/min'', dixit la publicité. Mais on est quand même bien contant que le pédalier de vélo soit conservé pour gravir les côtes. Le cylindre est en fonte, la culasse en aluminium, l'embiellage est en porte à faux et la tête de bielle tourne sur roulement à aiguille. Le carter moteur monobloc est en aluminium moulé avec un couvercle boulonné sur la droite. La puissance est transmise à la roue arrière à l'aide d'un rouleau (ou galet) denté fixé directement sur la queue du vilebrequin. Le moteur est monté sur pivots et la pression sur la roue est exercée par un ressort à lame. L'ensemble est actionné par un levier sur la gauche pour embrayer / débrayer. Le poids du groupe propulseur ne dépasse pas les 10kg. La partie cycle est constituée d'un cadre de vélo renforcé équipé d'une fourche à parallélogramme en tôle emboutie et de deux freins à tambour latéraux sur de grandes roues de 26''. Le cadre est noir avec un élégant réservoir en forme de goutte d'eau chromé et décoré d'une aile couleur crème. L'ensemble ne pèse que 32 kg. Cette première version prend le nom de Aquilotto Turismo avec l'arrivée d'un Aquilotto Sport dont la vitesse passe de 35 à 45 km/h grâce à un carburateur de 12 mm au lieu de 9 mm. Le groupe propulseur est aussi vendu en kit en 1951 sous le nom de Aquilmotor. Il comprend le moteur, l'échappement, le carénage de protection droit en tôle, un petit garde-boue en tôle à fixer sur la roue arrière sous le support de galet, le pédalier avec axe et pignon, ainsi que le réservoir et le porte-bagages.

Trois nouvelles versions viennent enrichir la gamme des Aquilotto en 1954. Elles ont la particularité d'avoir une cylindrée augmentée à 47,8 cm3 et une puissance de 1,5 ch. L'Azalea est destiné à la clientèle féminine avec le tube supérieure du cadre courbé. Le Rapallo dispose d'un cadre plus petit et léger avec des roues de 24'' et des pneus plus larges pour améliorer le confort. Enfin, l'Oropa à une boîte de vitesse à 2 rapports et une transmission finale par chaîne. L'Amalfi est proposé en 1955. C'est l'équivalent du modèle sport, mais avec un moteur de 48 cm3. Seuls trois modèles sont conservés en 1957, les Rapallo, Amalfi et Oropa. À la fin des années 50, la clientèle se tourne vers des cyclomoteurs plus cossus et Bianchi arrête la production de l'Aquilotto en 1962. Le moteur de l'Aquilotto refait surface au milieu des années 60 pour équiper un vélo pliant nommé Aquiletta. Le cadre se plie en deux, le guidon et la selle se baissent et le pédalier se rabat pour faciliter le transport. Ce ne fut pas un succès.