Erik Buell est un passionné de compétition qui travaille pour Harley-Davidson. L'absence de moto concurrentielle chez le fabricant de Milwaukee ne lui permet pas d'assouvir ses ardeurs. Il décide de fonder sa société en 1983. Sa première réalisation est une 750 deux temps utilisant un moteur anglais Barton Phoenix, lui-même issu d'un quatre cylindres au carré de Suzuki 500 RG. Deux exemplaires sont construits. Très performante, elle arrive au mauvais moment, car un changement de réglementation la met au placard. Il se tourne alors vers Harley-Davidson, son premier amour, et emploie le groupe propulseur de la XR 1000 pour développer une nouvelle moto de compétition en 1984, à la demande du manufacturier de carénage Vetter. C'est ce prototype qui débouche en 1987 sur la RR 1000, première Buell à moteur Harley-Davidson fabriquée en série. 

Autour du moteur Harley-Davidson préparé, Buell construit une moto qui porte l'ADN de tous les modèles de la marque à venir : une partie cycle hyper rigide, une centralisation des masses optimisée, l'échappement et l'amortisseur arrière sous le moteur et une géométrie radicale. En effet, la moto est très courte avec un empattement de 1360 mm et un angle de chasse de seulement 25°. Les valeurs sont respectivement de 1445 mm et 26° pour une Suzuki 750 GSX-R, sportive de référence de l'époque. Le carénage intégral très enveloppant et le garde-boue recouvrant au trois quarts la roue avant ont été étudiés en soufflerie pour obtenir la meilleure vitesse de pointe possible. Il cache un cadre treillis tubulaire en acier et le moteur est monté souple suivant un brevet Buell pour limiter les vibrations ressenties par le pilote. Le réservoir est en Kevlar, le carénage en fibre de verre. Les roues sont en 16" et l'avant est équipé de deux énormes disques de 320 mm. Le poids n'est que de 180 kg, malgré un moteur qui en pèse 90 à lui tout seul. 

La RR 1000, une moto de compétition homologuée pour la route, est construite à 50 exemplaires pour pouvoir concourir dans les courses de machines dérivées de la série aux États-Unis. Mais une fois de plus une nouvelle réglementation l'écarte rapidement des plateaux. Avant cela, elle remporte quelques victoires, mais a du mal à concurrencer les Ducati qui refont surface à la fin des années 80. Pour éviter le désagrément de développer une troisième monture de compétition qui risque d'être bannie au bout d'un an, Buell se concentre dès lors sur les motos de route dont le premier exemplaire, la RR 1200 sort en 1988. C'est une 1000 RR civilisée avec un moteur Harley-Davidson de 1200 cm3.