Gustloff
100 cm3 Sursum "Triebsatzschwinge" - 1940
La dernière moto de Martin Stolle
Simson, qui fabrique des armes, des vélos, puis des voitures et des motos, est créé à Suhl en 1856 par Lob et Moses Simson. En 1896, l'entreprise produit ses premières bicyclettes, puis des automobiles en 1907, dont les célèbres Simson Supra à partir de 1924, mais les ventes chutent avec la crise de 1929 et, à la fin 1932, la société a perdu deux tiers de sa main-d'oeuvre. À l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en 1933, les frères Simson issus de famille juive, quittent le pays et leur entreprise fusionne avec d'autres pour devenir la Berlin Suhler Waffen-und-Fahrzeugwerke (BSW), qui se concentre sur la production de motocyclettes, dont la BSW 98 qui est labellisée Simson. À partir de 1939, la société est renommée Gustloff-Werke - Waffenwerk Suhl.
Changements d'étiquette
Gustloff continue de produire le même modèle à moteur Fichtel & Sachs sous sa marque en y rajoutant, sans doute en nombre excessivement limité, la version suspendue conçue par Martine Stolle et ici présentée.
Comme beaucoup d'autres usines allemandes, Gustloff abandonne bien vite les deux roues pour se consacrer à la fabrication des mitrailleuses MG42, de canons antiaériens et de blindage en employant près de 6000 personnes. Démantelée par les Américains en 1945 en raison de ses activités guerrières, l'entreprise perd plus de 80% de ses machines-outils.
Elle renait en 1952, toujours à Suhl, qui est désormais en Allemagne de l'Est, sous le nom de VEB Simson et reprend la fabrication de motos légères, vélos et armes de chasse. L'Union soviétique lui commandera ensuite une moto à moteur quatre temps, ce sera l'AWO 425 qui reprend la tradition des usines BMW à Eisenbach.
Le "Triebsatzschwinge", c'est l'avenir !
"Triebsatzschwinge", moteur bras oscillant, en allemand, et Martin Stolle va appliquer cette configuration, qui est quasi générale sur les scooters actuels, à une moto. Rien d'original dans la mécanique, le 100 cm3 Sachs deux temps classiquement utilisé par la majorité des utilitaires allemands, en revanche, sa création se distingue par une partie cycle tout à fait hors norme. Sous un simple berceau en tubes de gros diamètre, tout l'ensemble du bloc moteur fixé sur un très long bras oscillant s'appuie sur deux éléments amortisseurs télescopiques. Le bras oscillant fait en crosse vers le haut se prolonge par un gros tampon de caoutchouc qui va servir de butée contre la crosse antagoniste de la boucle supérieure du cadre, également en tubes ovales et coniques, quelques centimètres au-dessus. La suspension avant est une classique fourche à parallélogramme en tôle emboutie.
Moteur Sachs monocylindre 2 temps refroidi par air - 97,7 cm3 (48 x 54 mm ) - 2,3 ch/3200 tr/min - Compression 5,4:1 - Allumage/éclairage par volant magnétique Bosch - Lubrification par mélange - Carburateur Sachs - Embrayage à 3 disques humide garnitures liège - Boîte 2 rapports par sélecteur à Gauche - Démarrage au kick - Cadre simple berceau interrompu - Suspensions avant à parallélogramme, fourche en tôle emboutie, arrière par bloc-moteur bras oscillant deux amortisseurs et butées en caoutchouc - Freins à tambour - Pneus 2,50 x 19" - 65 kg - 70 km/h
La Gustloff n'est, à première vue, qu'une petite utilitaire qui ne se démarque, sur cette version, que par son impensable suspension arrière. Elle est pourtant beaucoup plus importante, historiquement, car c'est la dernière création de Martin Stolle l'un des ingénieurs les plus marquants de l'histoire de la moto germanique.