Web Analytics



MGD Merlin-Gerin-Debuit Deux roues motrices motocyclette motorrad motorcycle vintage classic classique scooter roller moto scooter
Photo ou archives Yves Campion et François-Marie Dumas
9748

Cylindrée : 500 cm3
Modèle : Deux roues motrices
Production : 1946 - 1947
Catégorie : Moto Armée

MGD 
500  Deux roues motrices - 1947 
Inconnue et révolutionnaire

MGC mis à part, citez-une autre marque en trois lettres également construite en Isère et commençant par MG ? Heu... Joker ! Dommage vous manquez un engin tout à fait révolutionnaire.

Louis Debuit réinvente la moto à 2 roues motrices
 Inspiré sans doute par la SÉVITAME de 1939, l'ingénieur Louis Debuit commence dans la clandestinité avant la fin de la guerre à concevoir SA moto d'armée idéale. Elle sera construite et mise au point de 1946 à 47 dans les ateliers lyonnais de la société MGD (pour Merlin Gerin-Debuit) une manufacture d'armement créée à Grenoble en 1943 et filiale de la société Merlin Gerin, spécialisée dans l'équipement électrique depuis 1920. Moins de deux ans pour réaliser un engin aussi sophistiqué, c'est fort peu. Louis Debuit a réinventé toute la cinématique d'une moto à deux roues motrices telle qu'elle apparaît pour la première fois sur un projet de Bill Bradley en Grande-Bretagne en 1924. Des motos à deux roues motrices reprenant le même schéma de transmissions furent ensuite réalisées avec succès par Eunar Sortmark en Suède, en 1930 avec une FN 500 M67 modifiée, puis avec la Rex 1370 cm3 V twin championne de Suède en 1934. MGD, par contre, perfectionne notablement le système en utilisant des transmission avant et arrière par arbre et cardans et une boite relai avec trois rapports route et trois rapports courts tout terrain.

Le rêve de la moto d'armée idéale
Le but de Louis Debuit était de réaliser une moto aussi basse et compacte que possible. Facile ! l'usine lyonnaise d'Ultima est voisine et ne rechigne pas à faire du sur-commande. Le moteur 500 cm3 type MG1-X40 de la MGD semble avoir emprunté son haut moteur à soupapes latérales à la série X des moteurs industriels Ultima (très prisés et construits jusqu'au début des années 50). Alimenté par un tout petit carburateur, il n'avoue en effet que 9 ch à 3 000 tr/min. Le bas moteur ressemble par contre fortement au bloc-moteur des motos de la série Y de la fin des années 30 et l'ensemble a été incliné d'environ 70 ° vers l'avant, pour abaisser au maximum la hauteur de la machine.
Ce bloc-moteur original et compact présente aussi l'avantage unique d'être accouplé à une boite 3 rapports avec un réducteur qui procure trois rapports longs et trois courts. Selon les brevets, il serait même possible de passer les vitesses sans débrayer. Il est permis de supposer que Dubuit a utilisé le réducteur avec sa roue libre à coincement de galet de la 500 D4 à cardan qui avait été présenté, mais semble-t-il jamais commercialisé, en 1939.  Une turbine assure le refroidissement par air forcé et une paire de couples coniques en sortie de la fameuse boîte relai renvoie la puissance sur deux arbres, vers l'avant et vers l'arrière. Très sophistiquée, la transmission sur l’avant comporte un double joint de cardan dans le moyeu de la roue qui assure la direction commandée par biellettes articulées. Une roue libre permet à la roue avant de tourner plus vite dans les virages ou rend automatiquement la roue avant motrice avec une répartition de 50/50 si la roue arrière se met à patiner donc à tourner plus vite

Les premières roues en alliage léger
Révolution, les roues sont en alliage léger à six branches et il semble bien que ce soit l'une des premières réalisations de ce type, les antériorités en roues à bâton comme la Böhmerland étant en fonte et non en alliage léger. Elles sont chaussées en 500 x 15 pouces (comme les Simca 5). 
La partie cycle-carrosserie rappelle celle des Majestic avec un châssis constitué de deux longerons (apparemment en alliage léger) qui supportent à l'avant des ressorts quart elliptiques sur lesquels s'appuie l'axe de roue. Un habillage en tôle d'aluminium habille le tout et le pilote, assis très bas et très en avant dispose de deux longues plates-formes repose-pieds... un vrai scooter de guerre en quelque sorte. Miracle ! Grâce à l'usage intensif d'alliage léger, la MGD n’annonce que 155 kg en dépit de ses très lourdes transmissions.
Elle s'enorgueillit aussi de grimper sans peine des pentes de 45 ° et d'atteindre 80 km/h en offrant une garde au sol de 200 mm. Son double cardan lui confère un rayon de braquage étonnant de 2,75 m soit un demi-tour sur 5,50 m.
Hélas, la belle (!) n'ayant apparemment pas séduit les forces armées, Louis Debuit va revenir à ses activités premières, les armes de guerre, et il se rendra célèbre à la fin des années 40 avec sa MGD PM9 un projet de pistolet mitrailleur repliable qui pèse 2,5 kg et crache des 9 mm Parabellum.
Il déposera de très nombreux brevets jusque dans les années 60 sur les moteurs, les transmissions, les armes et divers dispositifs électriques et, curieusement, tous ses derniers brevets sur les transmissions sont déposés au Canada... le pays où la moto Rokon à deux roues motrices a eu le plus de succès !

Moteur Ultima (MG1-X40) 499 cm3 (84 x 90 mm) - Soupapes latérales - Refroidissement par air forcé -  9 ch/ 3 000 tr/min - Boîte à 3 rapports, double embrayage à cônes et réducteur - Transmission sur l'avant par arbre, couples coniques avec roue libre,  sur l'arrière par arbre et couples coniques - Direction dans le moyeu avant à double cardan - Châssis à deux longerons en alliage léger - Carrosserie en tôle d’aluminium - Suspension avant oscillante sur lames de ressorts - Roues en alliage léger et pneus 500 x 15 " - Freins av. et ar. à tambour ø 162 mm - Empattement 1220 mm - Garde au sol 200 mm - 155 kg –-80 km/h.

Cette photo montre bien la disposition du moteur et des commandes au dessus du très long marche-pied avec un double pédalier dont on ne sait s'il est là pour que le pilote puisse changer de position ou pour que le passager éventuel puisse participer à la manœuvre. En vignette, c'est Louis Debuit en personne et en sabots, qui présente sa moto en 1947. 





Cette documentation unique, de 2000 fiches et du Blog, qui constitue sans doute l'encyclopédie moto la plus exhaustive publiée sur internet, est devenue une référence chez les collectionneurs et les professionnels et reçoit aujourd'hui plus de 400 000 visites par an.

Mille merci aux nombreux spécialistes qui ont participé à ce travail,, et principalement : Albinas Baracevičius, Serge Basset, Yves Campion, Michael Dregni, Didier Ganneau, Christophe Gaime, Jean Goyard, Alain et Thibault Jodocius, Helmut Krackowizer, Jean Malleret, Michel Montange, Christian Rey, Mike Ricketts, Bernard Salvat, Mick Woollett, les clubs de marque, etc.

François-Marie Dumas - info@moto-collection.org

Me contacter pour un achat de scans ou originaux des photos et archives signées de mon nom ou des fiches sur papier cartonné.