Ignacio Bulto est le fils aîné et le quatrième enfant de Paco Bulto, fondateur de Montesa avec Permayer en 1944, puis de Bultaco en 1958. En plus de travailler au bureau d'étude de la marque familiale, il crée à la fin des années 70 avec Pedro Arpa une société qui fabrique des guidons pour Bultaco à Vilanova i la Geltrú au sud de Barcelone. Quand la famille Bulto perd le contrôle de Bultaco en 1980, Paco prend une retraite bien méritée et Ignacio utilise son atelier pour fonder Merlin. Il commence par construire des mini-motos (les modèles DG1 et DG2), une spécialité jusque-là très italienne (Italjet, LEM, etc.) avec des moteurs Franco Morini. Ils déménagent ensuite en 1983 dans une usine plus grande et plus moderne à Fornells de la Selva au sud de Gérone.

Le but de Merlin est de s'engager dans le trial et c'est chose faite en 1982 avec la première des DG 3.50 à moteur Cagiva. La gamme trial remporte rapidement des succès probants en compétition, mais les chiffres de ventes ne suivent pas. La société est trop petite et Ignacio n'arrive pas à convaincre les investisseurs à injecter plus d'argent. Une tentative de diversification est effectuée en 1986 avec la DG11, un trail utilisant le bloc développé et présenté par Mototrans / MTV sur la YAK 410 dans les salons à la fin de 1979. La volonté est de réaliser une moto 100% espagnole, économique grâce à des équipements bon marché, simple, facile d'entretien, basse, légère, maniable et facile à piloter. Elle est moins chère que les Japonaises ou les Européennes, mais souffre malheureusement d'un moteur mal né et d'une fiabilité douteuse. Doté d'une distribution desmodromique et d'une courroie crantée, d'une cylindrée de 410 cm3, il est annoncé pour 38 ch au vilebrequin, ce qui est bien optimiste vu les performances qu'il offre.

Merlin rectifie le tir en 1987 avec la 500 Nomada. Le moteur vient maintenant de chez Cagiva, comme pour les modèles de trial. Évolution du 350 à 2 soupapes de la Cagiva Aletta Rossa, c'est à présent un 450 4 temps à 4 soupapes monté depuis le début de l'année sur la Cagiva 500 T4. La puissance annoncée est de 40 chevaux, plutôt pas mal pour un moteur de cette cylindrée. Le cadre arrive aussi de chez Cagiva, mais la suspension arrière FIUS est développée par Merlin. L'habillage de couleur rouge est spécifique. Malgré la taille plus que modeste de la société, une équipe de 3 pilotes est engagée pour le Paris-Dakar 1988, dont un tout jeune Jordi Arcarons, futur vainqueur de l'épreuve, qui remporte le classement 500 cm3. DG11 et Nomada ne se sont pas écoulées à beaucoup d'exemplaires et sont des motos rares aujourd'hui. L'usine et les stocks sont repris par Gas Gas en 1988. Des Merlins sont proposées à la vente jusqu'en 1990 et Gas Gas fournira les pièces de rechange pour encore 5 ans.