Cette NV Eiber monocylindre est l'un des modèles suédois les plus rares. Sa mécanique sophistiquée est le fruit du génie de l’ingénieur suédois Nils Eiber, qui fonda sa propre entreprise à Örkelljunga, la Svensk Motorindustri (Industrie Motrice Suédoise) pour fabriquer des motos et des cyclomoteurs. En 1926, Eiber conçoit un moteur 250 cm3 à soupapes en tête, d’une ingénierie avancée et d’une beauté remarquable, présentant certaines similitudes avec le célèbre moteur de course Blackburne culbuté de la même époque. Le moteur Eiber était entièrement en fonte, avec un volant externe du même métal et une forme carrée des ailettes plutôt inhabituelle. Eiber opta pour une culasse presque plate. Elle est surmontée de deux robustes colonettes venues de fonderie où les culbuteurs sont fixés par une simple vis et écrou et ainsi entièrement exposés à l’air ; une bonne solution pour le refroidissement alors fort critique des distributions culbutées.

Eiber installa son moteur dans un châssis tout à fait hors norme inspiré des Francis Barnett, alliant  robustesse, légèreté et surtout une grande simplicité de fabrication et de montage. Le cadre était entièrement constitué de treize tubes droits (sauf pour les deux courbés vers l'arrière au-dessus du réservoir) boulonnés ensemble. Seule la colonne de direction était une pièce moulée, sur laquelle étaient fixés sept tubes : deux paires de tubes supérieurs se rejoignant sous la selle, un dirigé vers l'avant et la base du cylindre, et deux autres vers le carter pour suspendre le moteur. La partie arrière du cadre se rejoignait sous la selle, où dix tubes étaient boulonnés : quatre provenant de la colonne de direction, deux de l’arrière du moteur, deux vers l'axe de roue arrière et deux soutenant le porte-bagages et la fixation de garde-boue. Ce cadre était peut-être le plus simple à assembler de l’histoire de la moto ; il était aussi très léger et fort résistant, grâce à un treillis de sous-structures triangulaires de la colonne de direction à l’essieu arrière. Il est cependant à craindre que les prises de jeu possibles puissent vite gâcher la tenue de cap originelle.

Avec un moteur rapide et un châssis excellent, l’Eiber attira l’intérêt d’un autre fabricant, Nymans d’Uppsala, qui obtint une licence de Svensk Motorindustri et produisit la NV Eiber ici photographiée en même temps qu'une 250 avec un bloc moteur maison. NV et Eiber ont arrêté la production de motos en 1929, pendant la Grande Dépression, et très peu d’exemplaires de cet extraordinaire design ont été construits.