René Gillet
750 cm3 6HP Type F - 1914
Une longueur d'avance sur la concurrence grâce à une boite épicycloïdale
René Gillet s'est toujours vanté d'être le doyen des constructeurs français avec un premier modèle conçu dès 1895. Les 20 premières années de son existence sont cependant pleines de zones d'ombre. Absence de catalogues ou catalogues non datés, motos fabriquées à l'unité ou en très petite quantité et non réceptionnées aux Mines, ou individuellement. La marque n'est déposée qu'en 1905 et la société n'est créée officiellement qu'en septembre 1906. Jusqu'en 1913, il est très compliqué de dater les exemplaires survivants et de retracer un historique. L'arrivée des premiers bicylindres semble remonter à 1904. Une première tentative de boîte de vitesses est faite, mais le public n'est pas prêt.
Simple et efficace, mais sans doute pas si fiable
Il faut attendre 1910 et un renouvellement de la gamme pour voir une originale boîte à 2 vitesses à train épicycloïdal, embrayage à cônes (brutal et interdisant de rester en position débrayée) et commande au pied droit par levier à deux branches. Une boîte épicycloïdale est composée de deux axes concentriques. L'axe interne est entraîné par le moteur et porte un pignon appelé planétaire (ou solaire). Il entraîne plusieurs pignons satellites de plus petite taille disposés autour. Le porte satellites tourne moins vite et porte le pignon de sortie de boîte. Un appui avec le talon sur le levier de changement de vitesse jusqu'à un premier cran met en contact les cônes de l'embrayage, les satellites se mettent en rotation et la boîte est sur le premier rapport dit "petite vitesse". L'appui jusqu'à un deuxième cran rend solidaires les arbres coaxiaux d'entrée et de sortie (les satellites ne tournent plus autour du planétaire), la boîte est alors en prise directe, dite "grande vitesse". Une action sur le levier avec la pointe du pied permet de débrayer et de rétrograder et commande aussi en fin de course le frein à patin sur la poulie jante. Celle-ci est d'ailleurs conservée pour pouvoir ajouter une courroie en prise directe sur la poulie du moteur pour les clients voulant se passer de la boîte (René Gillet n'était peut-être pas si sûr de sa fiabilité !). Le démarrage s'effectue sur la béquille à l'aide d'un pédalier-kick dont c'est la seule fonction, sauf pour les motos avec un sidecar qui doivent démarrer à la poussette, car la barre d'attelage empêche de pédaler.
Les débuts d'une lignée qui se termine dans les années 50
Dans le catalogue 1913, les bicylindres sont nombreux et la boîte est en option pour 300 F. La gamme se compose du type B, de 3,5 HP (500 cm3), vendu 1250 F, du type C, de 4,5 HP (584 cm3), proposé à 1425 F et du type D en 6 HP (805 cm3), 7 HP (1005 cm3) et 9 HP (cotes inconnues, "sur demande"), entre 1500 et 1650 F. En 1914 René Gillet introduit un nouveau moteur où les soupapes d'admission automatique sont remplacées par des latérales. Il est disponible en version 3,5HP (499 cm3) et 6HP (752 cm3). La magnéto est maintenant devant le moteur au lieu d'être dans le réservoir, les carburateurs maison laissent place à des Claudel et la poulie jante est supprimée. La partie cycle se modernise avec le montage d'une fourche Druid. Probablement pris de cours par la guerre cette fois, il n'y a pas de PV de réception aux Mines pour ces deux modèles et la 6HP ne sera réceptionné que le 23 février 1921. La 3,5 HP n'y aura pas le droit. La production a pourtant recommencé en 1920. Cette reprise est courte, puisque la René Gillet 750 type G à boîte 3 rapports classique la remplace dès le salon de Paris 1921 et ouvre une nouvelle ère moins artisanale pour la marque.
Moteur bicylindre en V à 45°, 4 temps refroidi par air - 752 cm3 (70 x 97,7 mm) - 6 HP fiscaux - Soupapes d'échappement et d'admission latérales - Carburateur Claudel - Allumage par magnéto - Graissage à huile perdue par pompe mécanique et réglage sur le réservoir - Boite épicycloïdale à 2 vitesses commandée au pied - Démarrage par pédales ou à la poussette - Embrayage à cône - Transmissions primaire et secondaire par chaines - Cadre simple berceau interrompu - Fourche parallélogramme type Druid - Pas de suspension arrière - Frein arrière à tambour avec commande au guidon et frein arrière à patin sur poulie jante, commande au pied - Pneus av. et ar. 650 x 60 - 100 kg - 90 km/h.
La vue couleur montre une rarissime René Gillet à boite épicycloïdale survivante et, en vignette, la couverture du Moto Revue n° 27 du 25 juillet au 10 août 1914 où elle apparaît.