René Gillet, l'autoproclamée, doyenne des marques françaises, abandonne ses bicylindres en V et présente une 250 monocylindre deux temps au salon de Paris 1950. Elle ne réussira hélas pas plus que le premier 100 cm3 de présenté en 1941 ni la 125 V1 qui suivit en 1947,à trouver une vraie place sur le marché. Il est bien difficile de se créer une nouvelle image alors qu'on est connu depuis près de 50 ans pour ses gros cubes de 750 et 1000 cm3. En désespoir de cause la vieille firme de Montrouge est séduite par une proposition de Georges Monneret, toujours en quête d'exploits qui lui propose en 1953 de relancer la 250 A 51 par un raid prestigieux en plein hiver : Lisbonne-Paris-Monte Carlo, dont parleront bien entendu tous les médias. Georges Monneret en profitera pour vendre dans ses trois magasins parisiens la version Spéciale Monneret présentée ici qui ne diffère guère de la René Gillet de Série que ses décalques de réservoir et l'annonce enjoleuse qu'elle a été préparée par les mêmes mécaniciens qui s'occupent des motos de course de notre champion national.

René Gillet veut s'attaquer au 250 Puch et Jawa qui tiennent le haut du pavé dans ce difficile marché de l'après-guerre. Le prototype à cadre rigide présenté en 1950 a reçu pour la version de série en 1951 une suspension arrière coulissante, quelques chromes et une selle biplace (la version rigide reste toutefois disponible jusque mi-52). Fidèle à sa tradition de la boîte séparée, René Gillet a triché en enveloppant moteur et boîte par deux coquilles latérales qui donne l'impression d'un bloc moteur. L'avantage est qu'il est possible de démonter rapidement la boîte sans déposer le moteur. Cette boîte à 4 rapports a par ailleurs la particularité de pouvoir retrouver le point mort après la 4e, puis la 1ere etc. De quoi faire de beaux surrégimes en voulant passer une vitesse supérieure alors qu'on y est déjà, il existe heureusement une parade : se pencher pour lire l'indicateur de rapport engagé sur le carter!  On apprécie plus le freinage couplé avec une prédominance sur le frein avant lorsqu'on actionne la manette au guidon, une technique maîtrisée depuis longtemps par René Gillet. Les ultimes versions, rebaptisées A 545, comme celle photographiée au salon de Paris de 1955 qui illustre cette fiche, sont équipées de moyeux-freins centraux.

Pas ridicule face à la concurrence la A 51 annonce 9,5 ch à 5000 tr/min et déjà 6 ch à 2500 tr/min. Lors des essais par le célèbre André Nebout elle tourne à Montlhéry à 100 km/h de moyenne. La A 51 s'affiche en en 1953 à 196 000 F moins chère un prix comparable à celui de sa grande concurrente la Jawa 250 ou la Monet Goyon et un poil moins chère qu'une Terrot 250 OSSD quatre temps à 210 000 F et beucoup moins (moins attirante aussi !) que les nouvelles 250 quatre temps à moteur AMC : Alcyon, Automoto, DS Malterre, etc.