Dans les années 50 deux grands motoristes, AMC à Clermont-Ferrand et Ydral à Suresnes dans la banlieue parisienne, équipent la grande majorité du parc motocycliste français. AMC, les Ateliers de Mécanique du Centre sont surtout spécialisés dans les moteurs quatre temps et ils n'équipent pas moins de 46 marques en France et 8 dans d'autres pays européens. Jamais depuis les moteurs De Dion, on n'avait vu un fabricant de moteurs adopté par autant de marques. Il est vrai que beaucoup de ces utilisateurs, comme Roman qui illustre cette fiche, sont des artisans qui se sont contentés d'assembler un petit nombre de machines.

Dans son magasin de Grigny en Seine-et-Oise, Monsieur Roman distribuait des motos de marques diverses, Magnat-Debon, Motoconfort et Gnome Rhône. À partir de 1950 il entreprit de fabriquer et de commercialiser ses propres machines, des modèles plutôt haut de gamme comme il sied à une production artisanale qui n'aurait aucune chance de concurrencer les grandes marques en termes de prix. Roman, comme la plupart des petits constructeurs, fait appel à de nombreux sous-traitants : AMC pour les moteurs, Mottaz pour les réservoirs, Vista pour la fourche et les amortisseurs arrière, Saker pour le guidon, etc... De fait seuls le cadre, les boites à outils et le carter de chaîne sont des pièces originales. Bien que la production soit confidentielle, et quasiment du sur-mesure, La 175 Roman eut l’honneur d’un essai complet dans le numéro 1142 de Moto Revue en juin 1953.

Sans grande originalité dans sa conception, la 175 Luxe se caractérise surtout par le soin de sa construction et la qualité de ses divers accessoires. Le cadre assez long et bas est en tubes soudés à l'autogène, sauf les supports forgés de suspension arrière qui sont brasés.  Celle-ci fait appel à des éléments Vista coulissants des amortisseurs hydrauliques séparés, les feins sont des moyeux monoblocs Idéal de 150 mm. Le bloc moteur AMC à quatre vitesses assure une vitesse de pointe de 95 km/h, pilote en position effacée. Enfin, grâce à un redresseur le volant magnétique alimente une batterie qui permet éclairage à l'arrêt et klaxon électrique.  Le luxe et l'artisanat ont un prix 196 000 F pour cette 175, alors que la plus basique Motobécane 175 Z2C ne valait que 162 000 F cette même année 1953. En parallèle Roman propose aussi un modèle équivalent en 125 cm3 ainsi que des versions économiques sans suspension arrière. La maison Roman à même présenté en 1953 une 250, également à moteur AMC, mais le succès n'a pas dû être au rendez-vous car on ne trouve plus trace de la marque dès 1955.

La Roman est particulièrement bien finie a fortiori dans cette version Luxe émaillée en Jaune crème qui se différencie des versions standard par l'ajout d'une batterie et d'un redresseur, d'un compteur de vitesse, et de divers accessoires et enjoliveurs.