Sessa, c'est toute une Dynastie qui commence avec Joseph Sessa fabricant de charrettes et carrosses. Vient ensuite Vittorio Sessa, qui se construit une moto V twin de 1300 cm3 en 1922. Avec ses trois fils Gianluigi, Alberto Umberto et Alfredo, auquel se joindra l'ingénieur Aldo Frassi venu de chez Rumi, il crée la Costructioni Meccaniche Sessa (CO.ME.S) à Morazzone à quelques kilomètres de Varèse et commence, dès 1945, par construire des moteurs auxiliaires de 48 cm3 à 2 vitesses qui sont commercialisés par la marque Rondine. En 1948, Sessa développe sa propre moto, le 100 cm3 GT 98 présenté au salon de Milan de 1949. Il est doté d'une boite 4 vitesses, d'une fourche télescopique, d'une suspension arrière oscillante à deux amortisseurs, soit presque toutes les techniques et équipements des 150 cm3 qui lui font suite à partir de 1951. La petite marque lombarde (et la Lombardie ne compte pas moins de 426 constructeurs de motos !) a deux usines, l'une forte de 30 ouvriers fabrique ses moteurs à Morazzonne, tandis que 12 employés se chargent des parties cycles à Azzate.

Le salon de Milan de 1951 (d'ailleurs reporté à janvier 1952) est marqué par l'explosion de la catégorie des 150-160 cm3 qui sont sur les stands de presque tous les constructeurs. La raison? le permis est devenu obligatoire pour les 125 qui en étaient jusqu'alors dispensées et ces 125 vont être interdites sur les autoroutes, alors pour quoi se priver d'un peu de puissance en plus ? Astoria, Beta, CM, Franchi, Galbusera, Ganna, Guazzoni, mondial, MV, Nettunia, Parilla, Taurus… le salon déborde et Sessa, qui n'était pas prévu, n'arrive qu'à la dernière minute. Les deux-temps prédominent, avec des prix allant de 230 000 lires (Guazzoni) à 290 000 lires (MV Super Sport) et quelques rares 4 temps, dont la nouvelle Gilera 150 Sport à 255 000 lires. La Sessa 150, affichée à 235 000 lires, est à la fois l'une des moins chères et l'une des plus sophistiquées: boîte 4 rapports, suspensions hydrauliques, roues à démontage rapide, freins centraux de 170 mm, batterie, et compteur de série, intégré au té supérieur en alliage léger, tout comme les fourreaux de fourche. Le bras oscillant est en tôle d'acier de section rectangulaire et les amortisseurs sont sur silentblocs Le moteur de cotes super carrées est monté en porte-à-faux sur Silentblocs lui-aussi et la boîte de vitesses est facilement extractible. Alors que nombre de ses concurrents sont le fait d'assembleurs profitant de la richesse des fournisseurs en Lombardie, le 150 Sessa est totalement fabriqué maison artisanalement, ce qui le perdra, car il ne dégageait pas des marges bénéficiaires suffisantes. 

En 1953 Sessa tente donc une autre voie avec le 150 Star affiché au prix le plus bas du marché 169500 Lires. Plus cossu, doté de larges garde-boue enveloppants et de roues de 15". La suspension avant est à biellettes et roue poussée tandis que l'arrière a troqué ses amortisseurs classiques pour des barres de torsion, comme le Motom Delfino auquel ce Sessa de la dernière génération ressemble d'ailleurs beaucoup trop, ce qui lui vaudra un procès. La Star n'est pas chère, mais le marché est déjà saturé par de nombreux modèles et Sessa qui vend peu et presque à perte, abandonne la moto. Dommage, cette belle réalisation qui sortait de l'ordinaire aurait mérité une plus belle carrière. Après la fermeture de Sessa, Gianluigi est engagé par Rumi. (On le verra ensuite chez Bianchi puis Innocenti) tandis que Umberto dessine des suspensions.