Plus connu pour ces 50 cm3 utilitaires, VAP (Verots-Andriot-Pierre) à Hazebrouck fit une apparition éphémère dans le domaine du cyclosport. Un coup d'essai qui fut un coup de maître.

De 1941 à 1958, VAP (associé à ABG pour les volants magnétiques) fabrique des moteurs auxiliaires adaptables, et fournit de nombreux assembleurs. Le premier essai de bloc à 2 vitesses, le PI 1, est un échec cuisant, vite estompé par l'apparition du PI 2 au salon 1958. Pour comparaison, le bloc Flandria sorti la même année a 4 rapports... mais chez VAP, on n'est pas progressiste, et volontiers plagiaire, le premier cyclomoteur maison, le Vélovap, s'inspire ainsi sans complexe le Vélosolex. Alcyon et Lucer fusionnent avec VAP en 1959. Au salon de 1960, la gamme VAP, riche de quinze modèles, ne brille guère par sa modernité, et surtout pas le Dauphin 511 à moteur VAP57, qui n'est autre que le Lucer 592 SA Sport dévoilé en février 1958 dont le seul atout est son prix de 730 F. Le Squale à moteur PI 2, d'origine Rhonson, fait tout juste bonne figure face au Paloma Vésuvio qui vaut 50 F de moins. Pour combler ce retard technologique, la firme de Hazebrouck passe en 1961 un accord avec Sachs, pour motoriser son haut de gamme, mais VAP, Alcyon, Lucer et Rhonson réunis ne parviennent toujours pas à refaire surface. 

VAP fait alors appel au talents reconnus du coureur et multiple recordman Georges Monneret qui leur suggère d'allier l'élégance italienne à la solidité allemande. Le SuperVap Spécial Monneret S3V est prêt en quelques mois et révélé en mars 1962 à la surprise générale, de la concurrence comme de la clientèle. Ce SuperVap est enthousiasmant et associe les meilleurs composants du moment. Le 3 vitesses à main se double en 1963 d'un 4 vitesses à sélecteur, le S4V. Quelle que soit sa version, il frise les 90 km/h dans un silence remarquable. La vitesse des cyclomoteurs étant limitée à 50 km/h en 1963, VAP double son modèle d'une version débridée en catégorie vélomoteur, mais l'atout n° 1 du Spécial Monneret est avant tout son style : guidon à bracelets, réservoir au galbe parfait, selle à dosseret et émail d'un rouge transparent rehaussé de blanc.

Comme si toutes ces qualités ne suffisaient pas, Monneret entreprend de promouvoir la machine, battant une série de records réels ou fantaisistes, en 1962, un "Dunkerque/Hazebrouck/Monaco" soit 1500 km en duo avec son épouse et le petit Philippe Monneret en remorque, en mai 1963, 39 ascensions successives du mont Ventoux avec Jean Behra puis des records en 1962 sur un Spécial Monneret presque d'origine et, en 1963 où le grand signe VAP sur le carénage dissimule en fait un 50 Hercules. 

Le succès du SuperVap est considérable, et la firme en profite pour donner sa ligne générale à certains de ses modèles de bas de gamme. Apparaissent ainsi une version modifiée "sport" de l'utilitaire Goéland, et le S 2V, à moteur Sachs 2 vitesses non ventilé et partie cycle française. Les amateurs ne sont pas dupes et le Spécial Monneret poursuit brillamment sa carrière en adoptant pour le salon1964 le moteur Sachs à 5 rapports. Faute d'évolution, le reste de la gamme VAP ne cesse de péricliter et, lâché ABG, VAP s.a. entre au sein du groupe Cazenave-Paloma, créé en 1964 où le SuperVap sera vite sacrifié au profit du Paloma Spécial Johnny, pourtant moins attrayant.

Par Bernard Soler-Thèbes