Qui peut le plus peut le moins
Au début des années 50, les Vincent 1000 Rapide et Black Shadow se vendent comme des petits pains, au point que l'usine a du mal à suivre. 1950 et 1951 sont des années records avec respectivement 2800 et 2600 machines ayant trouvé preneur. Cela ne dure pas et les ventes commencent à chuter en 1952 pour n'être plus que de 456 en 1953. Vincent tente de réagir en se diversifiant et annonce en juin 1953 la fabrication du Firefly, un moteur auxiliaire présenté en janvier 1952 par Miller and Co., une vieille compagnie, fondée en 1869, spécialisée dans l'équipement électrique pour les deux roues et fournisseur de Vincent.
Un groupe propulseur bien étudié
Difficile de faire un plus grand écart avec les V-Twin ayant rendu la marque célèbre. Destiné à être monté sous le pédalier d'un vélo, le moteur deux temps de 48 cm3 à une transmission par galet sur la roue arrière. Le cylindre horizontal à ailettes longitudinal est en fonte et la culasse en aluminium. Le vilebrequin est monté sur roulement à billes. Un petit pignon en bout de vilebrequin côté gauche entraîne un pignon plus grand à l'arrière qui porte l'axe du galet. 4 aimants sont fixés sur ce pignon et deux aimants sur le carter, lui donnant pour deuxième fonction de produire un courant alternatif utilisé pour l'allumage, l'éclairage et l'avertisseur, en évitant un encombrant volant magnétique. Le galet est de grande taille par rapport à la concurrence et il entraîne la roue à la moitié de la vitesse du moteur. L'ensemble est très compact et s'insère entre les manivelles du pédalier d'une bicyclette. Des glissières permettent de déplacer le groupe propulseur horizontalement d'avant en arrière à l'aide d'un levier au guidon pour mettre en contact le galet avec le pneu. La bobine d'allumage est enfermée dans la partie basse du réservoir. Celui-ci est conçu pour être monté sur le tube inférieur avant du vélo. Le poids est de 10 kg et la vitesse annoncée est de 32 km/h.
Un moteur auxiliaire parmi d'autres
Le Firefly est affiché à 25 £ au salon de Londres 1953. C'est dans la moyenne des autres moteurs auxiliaires qui ne manque pas sur le marché anglais : Mini-Motor, Power Pak, Cyclemaster, Cyclaid ou BSA Winged Wheel pour n'en citer que quelques-uns. Avec un temps de retard par rapport à la France, les moteurs auxiliaires ont leur heure de gloire en Angleterre au milieu des années 50 avant d'être supplantés par les cyclomoteurs. Le Firefly est aussi proposé en 1955 monté sur un vélo Sun spécialement étudié pour. L'ensemble est vendu 39 £. Le cadre de la bicyclette est renforcé et elle est équipée de frein avant et arrière à tambour. Vincent arrête la fabrication de ses célèbres bicylindres en décembre 1955, mais continu de construite le Firefly, en version cyclomoteurs ou moteur auxiliaire en 1956, puis en moteur auxiliaire seul en 1957 et 1958. Au plus fort de la demande, la production a atteint 100 unités par semaine. Au total environ 3000 exemplaires sont sortis de l'usine.
Groupe moteur auxiliaire monocylindre 2 temps refroidi par air - 48 cm3 (38 x 42 mm) - 0,9 ch à 3 800 tr/min - Carburateur Amal ø 10 mm - Piston bombé et balayage Schnürle - Allumage par volant magnétique intégré et bobine - Lubrification par mélange - Pas de boîte de vitesses - Transmissions primaire par engrenages, secondaire par galet - Cadre de bicyclette standard ou bicyclette renforcée de marque Sun - Frein avant et arrière à tambour sur bicyclette Sun - 10 kg (Groupe propulseur) - 32 km/h
Le Vincent Firefly, sans être un franc succès, c'est vendu raisonnablement, mais les marges sur ce type de deux roues étaient bien trop faibles pour pouvoir espérer sauver la marque.