Whizzer
LAmérique en marche arrière
140 cm3 Tandem - 1949
Les Whizzer sont sommaires, mais leurs constructeurs avisés vont par trois fois mettre à profit les circonstances pour réaliser des ventes juteuses et créer leur légende à l'américaine. La mode nait avant-guerre avec un moteur utilitaire qui se greffe sur les gros vélos américains, elle explose durant les hostilités avec le soutien du gouvernement. Whizzer l'exporte ensuite en Belgique au début des années 50. Le mythe est né et il ne reste plus à un spécialiste du marketing qu'à ressusciter la marque en 1997 et refabriquer cette nouvelle légende de l'Ouest.
Mécanique sommaire
Tout commence à Los Angeles où la Breene-Taylor Engineering, une usine de pièces détachées aéronautiques, annonce en aout 1939 qu'elle commercialise un moteur de vélo adaptable à transmission par galet sur la roue arrière, c'est le Whizzer model D de 1,375 ch vendu 54,95 $ à un millier d'exemplaires. Un an plus tard sortent 1500 exemplaires du modèle E qui ne diffère guère que par son cylindre en alu. Les ventes ont à peine atteint 2 500 unités en 1942 et Breen-Taylor, dégouté, se tourne vers des affaires plus rémunératrices. Whizzer Motors est repris par Dietrich Kohlsatt et Martin Goldman, un avocat avisé qui réussit à convaincre le gouvernement de Washington qu'il faut continuer la fabrication et favoriser ce moyen de transport économique en temps de guerre. Whizzer commercialise illico une version spéciale "Réservée au personnel de défense" qui adopte une transmission par courroie en place du galet utilisé jusque-là. Le modèle F présenté en 1945 ne diffère guère de la version défense civile, mais il bénéficie de son image et se vend à 4 200 exemplaires pour 125 $.
Whizzer déménage son outil de production en 1946 à Pontiac près de Detroit dans le Michigan et revoit son moteur pour sortir, en 1947, le modèle H à vilebrequin monobloc tournant sur roulements et carburateur Tillotson. il s'en écoule 139 000 aux États-Unis, où le constructeur devenu grand revendique 3 500 concessionnaires. Entre-temps, Whizzer a compris que l'Europe exsangue et en mal de véhicules personnels économiques peut constituer un bon débouché.
Succès au Luxembourg et en Belgique
Whizzer installe donc une usine au Grand-Duché du Luxembourg avec un siège social à Bruxelles et recherche des distributeurs. Bon calcul, les Whizzer deviennent vite populaires dans ces deux pays avec au catalogue des modèles à cadre homme, dame ou tandem animés par le traditionnel 138 cm3 quatre temps à soupapes latérales de la marque, mais aussi bientôt avec un 50 cm3 à moteur Dymax-Gasquy (qui n'est autre qu'un Le Poulain français fabriqué sous licence en Belgique). En 1951, la gamme s'enrichit d'un moteur 175 cm3 deux-temps et comprend neuf modèles, dont un triporteur. Révolution technique en 1952, la cylindrée passe à 175 cm3 avec, tenez-vous bien, une boîte à trois vitesses, une chaine qui remplace la courroie et une fourche avant télescopique.
Les gammes belge et américaine se différencient progressivement en fonction des modes et besoins locaux, mais toujours autour de la base principale constituée par le moteur Whizzer de 138 cm3.
En 1948, la firme présente aux États-Unis sa première machine vendue complète et assemblée - la Pacemaker vendue 199,50 $ - puis le Model 300 promis pour 3 ch et 65 km/h, puis encore le Sportsman qui, pour la première fois, abandonne ses pédales et offre un embrayage automatique, voire 2 vitesses automatiques dans sa version de luxe. On croit rêver devant cette débauche technologique ! Et ce n'est pas fini, en 1951 sort l'Ambassador, une sorte de Sportsman en plus grand qui culmine à 249,50 $. Nouvel exploit en 1952 avec cette fois le Model 700 dont le moteur diffère du 300... par son carburateur. Avant de disparaître, Whizzer présente une 200 cm3 toujours à soupapes latérales avec même une suspension arrière dont le bras oscillant a la particularité de s'articuler en avant du moteur. Un engin redoutable qui frise, dit-on, les 75 km/h !
Reconversion
En 1955, la Whizzer Motorbike Company se reconvertit dans la fabrication de jouets, de trains électriques et de fenêtres coulissantes tout en assurant jusqu'en 1965 la fourniture des pièces détachées pour ces merveilleux deux-roues motorisés.
Miracle en 1997, l'Amérique retrouve son passé. Une nouvelle compagnie reprend le nom de Whizzer et la construction de ses fameuses bicyclettes motorisées antipolluées et légèrement modernisées, mais en touchant le moins possible au style inimitable qui a fait leur réputation. De 1998 à nos jours la gamme renait ainsi de ses cendres avec même en 2008 un variateur automatique à courroie (inventé, rappelons-le par Salsbury dans ce même pays en 1938) des clignotants et un frein avant à disque.
Moteur monocylindre 4 temps refroidi par air - 138 cm3 (57 x 54 mm) - 2,5 ch - Soupapes latérales - Cylindre fonte, culasse plate aluminium - Carburateur Tillotson - Allumage volant magnétique - Éclairage par dynamo sur la roue type vélo - Embrayage - Démarrage par le pédalier - Monovitesse - Transmission primaire et secondaire par courroies crantées, transmission vélo à 2 pédaliers accouplés et 2 chaines - Cadre simple berceau tubulaire ininterrompu dédoublé devant le moteur - Suspension avant par fourche à parallélogramme à ressort central - Arrière rigide - Freins av. et ar. à tambour latéral en tôle - Pneus 26 x 2 - 55 km/h
Le tandem Whizzer était belge à 65% disait la publicité.