Devil - OCMA
160 cm3 SL Sport Lusso - 1954
Le démon bergamasque
Contrairement à la France, la conjoncture est particulièrement favorable pour la moto en Italie au début des années 50. En 1952, on ne compte pas moins de 47 constructeurs qui font leurs propres moteurs et 14 qui achètent leurs mécaniques. En 1953, ce sont 54 motoristes et 24 marques qui montent des moteurs venant d'ailleurs. Et on ne parle pas du cyclomoteur, puisque tous les fabricants de vélos en Italie se sont transformés en producteurs, bien qu'ils produisent au total moins qu'en France.
Incroyable Italie : 78 constructeurs de motos, dont 54 font leurs propres moteurs
L'un des 54 nouveaux constructeurs qui apparait en avril 1953 à la foire de Milan est la gamme Devil produite par OPRA, composée d'une 125 utilitaire, de la Raid à roues de 15 pouces et de la belle Sport Lusso, ici présentée, ces deux dernières animées par le même 160 cm3 maison deux temps. Techniquement ces Devil ne se distinguent pas spécialement de la pléthorique production italienne, mais ils comptent sur leurs prix un peu en dessous de la moyenne des autres deux temps. Turismo 125 à 179 000 lires, la Raid 160 à 189 000 lires, et la Sport Lusso 160 à 198 000 lires.
Tiens, fils, voilà ton démon
OCMA, usine qui produisait des engrenages pour Fiat, Innocenti et d'autres, ne se destinait pourtant pas au départ à la moto, mais Ettore, fils de son propriétaire, Giuseppe Martinelli, est ingénieur passionné par le démon du deux roues. Papa s'y lance donc en confiant les rênes de l'usine à Guido Montagna, le créateur des motos Rondine (dont on retrouve l'influence dans le moteur de la Devil). Il s'y joindra plus tard l'ingénieur William Soncini, venu de chez Parilla pour développer des quatre temps.
Une intense campagne publicitaire affirme que l'usine de Bergame produit 32 motos par jour, soit 80 000 par an, ce qui semble tout à fait exagéré. OCMA connaitra en effet pas mal de problèmes techniques
et juridiques, car un procès l'oppose à MV Agusta qui l'accuse de plagiat de son moteur 125/150 cm3.
À vouloir trop en faire, Ocma s'y brula les ailes en construisant un modèle spécifique pour participer aux "regolarita" , une spécialité Bergamasque où elle eut de beaux succès en 1954, 55 et 56, et en développant sans succès commercial des 125 et 175 quatre temps.
En 1957, l'importateur argentin de Rumi réclame rapidement des monocylindres plus économiques et Rumi profitera de la faillite d'OCMA pour racheter les stocks des 160 cm3 invendues qui sont rebadgées et envoyées aux Argentins.
Moteur monocylindre 2 temps incliné à 15° et refroidi par air - 158,4 cm3 (58 x 60 mm) - 7,5 ch/5400 tr/min - Compression 7,2:1 - Carburateur Dell'Orto UB 24 S - Allumage par volant magnétique - Alternateur 6V 35 W et batterie - Lubrification par mélange - Embrayage à 6 disques en bain d'huile - Boite 4 vitesses, sélecteur à droite - Transmissions primaire par engrenages à denture droite, secondaire par chaîne - Cadre double berceau tubulaire ininterrompu - Suspensions av. télescopique, ar. oscillante à 2 amortisseurs - Hauteur de selle 785 mm - 101 kg - Env. 110 km/h.
Une belle Italienne, classique et de bon gout, qui survivra presque cinq ans dans la jungle de la pléthorique production transalpine et finira expatriée en Argentine.