Utilia
350 cm3 CI 8 - 1927
Le coeur d'une gamme complète
Après de débuts dans le vélo en 1912, Léonce Corbeau se lance dans la moto et présente en 1924 sous label C.L., ses premières 125 deux temps à moteur PS (Poinsard & Savigny) ou 175 Moussard Madoz. La 175 devenue AI passe, en 1926 (et jusqu'en 1930), sous les couleurs d'Utilia. La gamme s'enrichit rapidement avec des moteurs Moussard-Madoz en deux temps et des JAP, Chaise ou, comme ici, LMP en quatre temps, généralement associés à des boites de vitesses Bridier Charon, voire une transmission complète pour la dernière 500 R9 à arbre et cardans. Au début des années 30, Utilia abandonnera progressivement la moto pour se consacrer aux BMA à moteurs Aubier-Dunne et ces fabrications s'arrêteront vers 1934. La famille Corbeau restera pourtant encore longtemps présente dans le monde de la moto avec les deux fils de Léonce qui importeront et distribueront Triumph, BSA et Norton, puis avec les petits fils, concessionnaires Honda dans le 18e arrondissement près des anciennes usines, puis avec Star Bike spécialisé dans les Honda Gold Wing.
Un vrai constructeur
Plus qu'un assembleur de talent, Utilia doit être considéré comme un vrai constructeur, car il n'y a en fait que le moteur et quelques accessoires qui sont achetés à l'extérieur, la partie cycle et l'émaillage sont entièrement maison. Pourtant, C.L. Utilia qui écoulera, selon une source, 6000 motos en employant 30 ouvriers, ne réussira jamais à se créer une réputation au même niveau que d'autres marques de même importance. Léonce Corbeau engagera pourtant ses machines dans nombre de courses d'endurance où elles obtinrent de beaux succès. En 1927, Leonce Corbeau tente de redorer son image en créant une nouvelle marque réservée à ses modèles les plus sportifs, Jack Sport, mais elle sera abandonnée sans grandes réussites fin 1931.
Élégante, bien motorisée, mais bien chère
Le très élégant moteur LMP (Lalo, Mignonac & Poinsard à Romainville) qui équipe cette 350 CI 8 est du type C4 à simple échappement et promet 100 km/h, tandis que sa version C5 à double échappement (que vous pouvez voir sur la Jack Sport) annonçait 120 km/h. Contrairement à ce que son apparence laisse à penser, la distribution n'est pas à ACT, mais par tiges et culbuteurs.
L'Utilia 350 CI 8 valait 5300 F en 1930, avec éclairage Alternovi, Phare 200 mm et feu rouge, avec dynamo Soubitez et batterie 5575 F. Supplément pour moteur à double échappement (120 km/h) 160 F (à noter que le supplément n'était de 275 F l'année précédente, boite à outils et outillage sur le réservoir +41,50 F. Éclairage avec batterie et éclairage à l'arrêt + 30 F.
À ses côtés, la 350 CI 9 à bloc moteur Chaise à culbuteurs ne vaut que 4650 F (4915 avec dynamo Soubitez, accus et phare) et la Peugeot 350 P 105 S "Grand Sport" était soldée à 4750 F, la même année. Difficile de fait de s'imposer dans ces conditions.
Moteur LMP 4 temps refroidi par air - 348 cm3 (71 x 88 mm) - Soupapes culbutées - Puissance à 2800 tr/min - Allumage par magnéto Méa - Carburateur Gurtner - Graissage par pompe automatique et huile perdue - Boite Bridier Charon 3 vitesses commande par levier au réservoir - Embrayage multidisque à sec - Transmissions primaire et secondaire par chaînes - Cadre simple berceau interrompu - Fourche avant à parallélogramme type Webb à ressort central - Freins à tambour, av. ø 130 mm, ar. ø 180 mm - Pneus ballon 3,50 x 19" - 3,25 l/100 km - 120 kg - 100 km/h
Les couleurs d'origine, réservoir vert olive et panneaux bleus, sont parfaitement conformes. L'extrait du catalogue en vignette est de 1929.