Vincent HRD
1000 cm3 Rapide série B - 1948
Le début d'une nouvelle ère
Produite à moins de cent exemplaires, de 1936 à 1939, l'extraordinaire 1000 Vincent-HRD série A, due au talent de l'ingénieur australien Phil Irving, annonçait 45 ch et 175 km/h au prix, il est vrai, d'une grande fragilité de sa boîte et de son embrayage. Phil Vincent lui-même, le brillant et jeune dirigeant de la firme de Stevenage, mit les hostilités à profit pour redessiner le fameux V twin. Il en résulta la lignée de moto la plus prestigieuse de l'après-guerre.
Tout est nouveau
Phil Vincent souhaite une partie cycle plus compact. Pour réduire l'empattement de 5cm, Il supprime le cadre, et donc le tube avant, ce qui permet d'avancer le moteur. Ce dernier fait partie intégrante de la rigidité de la moto. La culasse du cylindre avant est fixée à la colonne de direction et le tube supérieur est remplacé par un réservoir d'huile en tôle emboutie faisant office de poutre. À l'autre extrémité de celui-ci, une pièce en acier forgée permet de fixée la culasse du cylindre arrière et le haut des amortisseurs. Le moteur a gardé les mêmes côtes longue course et sa distribution par arbres à cames en tête surélevés actionnant de très courtes tiges de culbuteurs. La ressemblance s'arrête là, car la mécanique a été revue en détails. Les cylindres forment un angle de 50° au lieu de 47°, les doubles ressorts de soupape sont cylindriques, toute la distribution est enclose et l'huile circule dans des conduites internes, donnant un aspect plus épuré au moteur. Pour résoudre les problèmes de boîte et d'embrayage de la série A, Vincent créé les siens. La nouvelle boîte 4 rapports est suffisamment solide pour supporter la puissance de la série B et même bien plus, comme le prouvera le futur. Elle est fixée sur le carter moteur, constituant un bloc rigide. Pour l'embrayage, les matériaux de friction traditionnellement utilisés dans les systèmes classiques et disponibles sur le marché ne tiennent pas. Vincent développe un mécanisme qui s'apparente à un frein à tambour avec les mâchoires s'écartant pour faire office d'embrayage. La transmission primaire s'effectue par une chaîne triplex. Les performances n'ont pas évolué par rapport à la série A : 45 chevaux et 177 km/h. La suspension arrière type cantilever à double amortisseur et la fourche à parallélogramme Brampton sont toujours là. Malgré l'absence de cadre, la série B dispose de 4 attaches side-car. Tout est fait pour faciliter l'utilisation et l'entretien et toutes les commandes sont réglables. La partie arrière comprenant roue, garde-boue, selle, bras de suspension et amortisseurs se désolidarise de la moto facilement. De même pour l'avant constitué de fourche, guidon, et réservoir d'huile après avoir débranché les câbles est déposé le réservoir. La finition et noir avec des filets or, mais Vincent accepte les demandes spéciales des clients. Une petite série pour l'export sera peinte en Chinese Red.
Le succès
La mise en production est compliquée à cause de la disponibilité des matériaux et des accessoires après-guerre. Les clients subissent aussi des restrictions d'achat et l'essence est rationnée. La fabrication démarre en septembre 1946 et seules 4 machines restent en Angleterre sur les quelques dizaines construite en 1946. Les autres partent à l'export à la demande du gouvernement pour faire rentrer les devises. En 1948, Vincent introduit la Black Shadow, une version survitaminée de la Rapide. La puissance passe de 45 à 55 chevaux et la vitesse atteint les 200 km/h. Pour les différencier, le moteur est peint en noir. La production est de 1000 motos en 1948. On est loin de la construction artisanale des 20 premières années. La série C, équipée d'une fourche Girdraulic apparaît en 1949, mais la série B reste en fabrication encore 2 ans pour contenter les clients pas convaincus par la nouvelle fourche.
Moteur bicylindre en V à 50° 4 temps refroidi par air - 998 cm3 (84 x 90 mm) - 45 ch à 5 000 tr/min - Soupapes commandées par arbres à cames surélevés et courtes tiges de culbuteurs - Allumage par magnéto - 2 carburateurs Amal ø 27 mm à cuves séparées - Lubrification par carter sec, huile dans le cadre - Boîte Vincent séparée à 4 rapports fixée sur le carter moteur et sélecteur au pied Transmission primaire par chaîne Triplex, secondaire par chaîne - Cadre caisson en tôle d'acier et moteur porteur - Suspensions av. à parallélogramme, ar. oscillante type cantilever à doubles amortisseurs - Freins av. et ar. à doubles tambours de 178 mm - Pneu av. 3,00 x 20", ar. 3,50 x 19" - 206 kg - 177 km/h.
Présentation de la série B en 1948 dans les locaux du nouvel importateur, Clément Garreau, qui pose derrière avec son mécano-pilote Gustave Lefevre, recordman sur Vincent HRD à Montlhéry en mai 1952 et 7 fois vainqueur du Bol d'Or sur Norton. Une Rapide est au premier plan devant une Black Shadow reconnaissable à son moteur laqué noir et, tout en haut, une autre Rapide.