La 175 AN Tournoi, présentée au salon d'octobre de 1957, est la première Terrot de l'après-guerre dans cette cylindrée et elle annonce toute la nouvelle gamme qui va émerger l'année suivante avec la très sportive 175 AS Rallye, sa petite soeur, la 125 ET Ténor, la 125 EDLS Fleuron et, un an plus tard, la 175 AT Super Tenor équipée du même moteur que la Tournoi. Affichée à 216 000 F au salon d'octobre 1958, la Tournoi est bien plus chère que les Motobécane, mais tellement plus moderne, de style comme de technique. La gamme de Pantin, qui comprend quatre versions de sa 175 cm3 s'échelonnant de 161 300 F pour la Mobysérie Z27C à 209 700 pour la plus cossue Mobysuper 56 (avec selle biplace en option).

De la 125 EDL née en 1956, la Tournoi reprend le carénage du phare et du haut de la fourche (mais avec un petit compteur Veglia triangulaire), le garde-boue avant non suspendu et les flancs latéraux. Et elle continue la mise en couleur de la gamme Terrot avec une carrosserie ivoire, des réservoirs et boite à outils ovales grenat et une selle grenat et noir. La Tournoi passera en 1958 à l'association très réussie gris clair/orange tango., avec une selle grise à passepoils rouge. Les grippe-genoux encore présents en 1957 disparaissent courant 58. Superbement équipée, notre Tournoi est dotée d'origine d'un ingénieux petit porte paquet télescopique qui se rentre dans la selle biplace Bolland Starlight et de support de sacoches latérales. 

La base ovoïde du bloc moteur apparu sur la 125 EP en 1946 et qui a reçu un carter enveloppant à gauche avec la EDL de 1956, n'a évolué qu'à l'intérieur avec un renforcement et un surdimensionnement de tous les organes. Les cotes sont super carrées et favorisent les hauts régimes avec une puissance maxi de 9,3 ch à 6300/tr/min. Le bloc est monté sur silent blocs dans son cadre double berceau. La nouveauté tant esthétique que technique réside dans le haut moteur d'aspect fort moderne avec son couvre-culasse rectangulaire, arrondi et poli, qui sera repris sur les modèles suivants. Dans la culasse hémisphérique en aluminium les culbuteurs sont rappelés par des doubles ressorts en épingle, une technique d'ordinaire réservée à la compétition. L'allumage est confié à un volant magnétique associé à une batterie avec cellule redresseuse pour l'éclairage.

La Tournoi était certes bien née, quoique son double berceau présente au début quelques faiblesses. La première à bénéficier de renforts fut la police parisienne, avec deux plaques supplémentaires en plus des deux goussets initialement prévus. À partir du printemps 1959, un tube raidisseur relie le double berceau à la poutre horizontale.  Le moteur gagne un tout petit peu de puissance en passant de 9,3 ch à 10,5 ch pour les derniers millésimes 1960 et 1961. Enfin, on relève enfin, en 1961, la référence AN2 qui marque le passage éphémère chez Peugeot en 1962.

Il se vendra 1009 Tournoi 175 en 1957 alors qu'elle n'est arrivée en magasin qu'en juillet. Hélas en 1958 les statistiques chutent en flèche avec 1026 exemplaires vendus des 175 toutes versions de la nouvelle gamme confondues, et plus que 241 en 1959. Il était encore temps pour la 175 Tournoi en 1957, malheureusement, le reste de la gamme est arrivé trop tard. En pleine guerre d'Algérie, les clients n'étaient plus là.