Vincent HRD
1000 cm3 Black Knight série D - 1955
Trop en avance sur son temps
Les années 1950 et 1951 sont les meilleures années pour la marque Vincent avec respectivement 2800 et 2600 machines produites. La situation se détériore vite avec l'introduction sur le marché par la concurrence de 650 bicylindres légères, performantes, colorées, intégralement suspendues (ce n'est plus un privilège réservé aux Vincent) et beaucoup moins chères. Les ventes chutent à 1339 motos en 1952, puis 456 en 1953. Pour tenter de relancer celle-ci, Vincent présente au salon de Londres à l'automne 1954 des motos à l'habillage intégral révolutionnaire : la série D.
Nouvelle partie cycle
Le moteur ne subit pas de modifications notables à l'exception des deux conduits d'admission qui passent du côté gauche (un de chaque côté avant) et les carburateurs Amal sont maintenant monobloc. La partie cycle est profondément remaniée. Le réservoir d'huile est déplacé sous la selle. Par conséquent, la pièce en tôle emboutie qui contenait l'huile et qui servait de poutre supérieure du cadre sur les série B et C est remplacée par un tube de gros diamètre (98 mm). Le réservoir d'essence en profite pour gagner en capacité. La suspension arrière n'a plus qu'un amortisseur Armstrong avec un meilleur débattement et amortissement. Un simple tambour est monté à la place du double à l'arrière. La béquille sur la roue arrière, réminiscence des années 30, est supprimée au bénéfice d'une béquille centrale et les roues plus petites sont équipées de pneus plus gros. Enfin, un allumage par batterie-bobine remplace la magnéto.
Un habillage qui ne fait pas l'unanimité
La pièce maîtresse des nouvelles Vincent est l'habillage en polyester qui comporte un grand pare-brise se prolongeant pour former protège mains, un large garde-boue avant, des panneaux latéraux cachant le moteur, des protège-jambes et un capotage de l'arrière supporté par un léger châssis en tubes. L'accès pour l'entretien est facilité grâce aux panneaux latéraux se détachant rapidement et l'ensemble arrière pivotant vers le haut et maintenu en position verticale. Quatre motos sont exposées sur le stand, dont deux modèles 500 Victor, qui remplacent la Comet, une Black Knight qui succède à la Rapide, et une Black Prince qui prend la place de la Black Shadow. L'enthousiasme au salon, ne se traduit hélas pas par beaucoup de commandes. Les clients traditionnels de Vincent, plutôt sportifs, ne se retrouvent pas dans cette nouvelle orientation tourisme. Vincent fait aussi face à des problèmes d'approvisionnement des habillages qui n'arrivent pas avant le printemps et c'est la raison pour laquelle des série D dénudées intègrent la gamme et y resteront d'ailleurs jusqu'à la fin de la production en décembre 1955. Elles gardent les anciennes appellations de Rapide et Black Shadow. La série D ne permet pas de faire remonter la courbe des ventes. Environ 500 motos sont vendues en 1955, le ratio étant de 300 machines dépourvues de carénage contre 200 équipées de ce dispositif. La différence de prix n'est pas énorme, puisqu'une Rapide est proposée à 325 £, tandis que la Black Knight est à 348 £. Une Royal Enfield 700 Meteor est vendue 234 £. Pour le monocylindre, seuls les deux Victor présentes sur le stand seront vendues, une avec son habillage, l'autre sans.
Moteur bicylindre en V à 50°, 4 temps refroidi par air - 998 cm3 (84 x 90 mm) - 45 ch à 5 000 tr/min - Soupapes commandées par arbres à cames surélevés et courtes tiges de culbuteurs - Allumage par batterie bobines - 2 carburateurs Amal ø 28,5 mm monobloc - Lubrification par carter sec, réservoir d'huile sous la selle - Boîte Vincent à 4 rapports boulonnée sur le carter moteur et sélecteur au pied - Transmission primaire par chaîne Triplex, secondaire par chaîne - Cadre poutre en tube de gros diamètre et moteur porteur - Suspensions av. Girdraulic, ar. oscillante type cantilever à simple amortisseur - Freins av. doubles tambours et ar. simple tambour ø 178 mm - Pneu av. 3,50 x 19", ar. 4,00 x 18" - 210 kg - 177 km/h.
La massive Vincent Black Knight n'annonce que 210 kg contre 206 pour la version dénudée, 4 kg seulement pour un ensemble carénage et coque arrière en résine armée de fibre de verre, bien épaisse comme on le faisait à l'époque, cela semble un brin optimiste, impossible même, quand on sait que le carénage des premières Elf pesait entre 12 et 15 kg et que celui d'une moto de course en avoue, 4 à 6. Il est donc raisonnable de penser que l'ensemble des coques de la Black Knight pesait entre 20 et 25 kg, ce qui fait quand même une 1000 pas très lourde suivant les standards actuels