Vincent-HRD naît en 1928 sur les cendres de HRD, et ses premiers modèles, à moteurs JAP, Rudge Python ou Blackburne, se distinguent par leur partie cycle à suspension arrière cantilever. Dessinée et brevetée par Vincent en 1927, alors qu'il n'a que 19 ans, celle-ci restera une caractéristique de la marque jusqu'à l'arrêt de la fabrication de moto en décembre 1955. Le bras oscillant pivote sur des roulements à rouleau conique et la suspension est assurée par deux amortisseurs placés sous la selle. L'ensemble offre une rigidité inégalée à l'époque. Le cadre, constamment amélioré, est constitué au début d'un treillis de tubes fins et droits donnant à la moto un style déroutant. Il est remplacé par un classique simple berceau interrompu en 1932, qui perdure sous cette forme jusqu'à l'avènement de la série C en 1949. En 1934, pour encore plus de sûreté et de confort, Vincent adopte deux freins à tambour sur chaque roue et une selle passager suspendue brevetée. 

En 1934, Phil Vincent à un problème de motorisation. Il est peu satisfait de la fiabilité des JAP, situation aggravée par une piètre prestation au TT avec un tout nouveau moteur, et Rudge a annoncé l'arrêt de la fourniture de ses Python. Une mécanique maison est mise à l'étude. Elle est due à Phil Irving, un Australien arrivé par la route en juillet 1930 en Angleterre au guidon d'une Vincent HRD attelé au terme d'un périple de 20 000 km ! Présentée au salon de Londres à l'automne 1934, le moteur est aussi novateur que la partie cycle et va connaître une extraordinaire carrière jusqu'en 1955. Sa caractéristique majeure concerne la distribution à arbre à cames surélevé, avec des soupapes parfaitement maintenues par un double guide et commandées par de très courtes tiges. Pour ce faire, un gros pignon est ajouté entre le vilebrequin et l'arbre à cames. Il entraîne également la magnéto située à l'arrière du cylindre. Cette disposition cumule la simplicité des soupapes culbutées et l'aptitude aux régimes élevés des distributions à ACT. Le moteur est fait pour tourner vite et longtemps : vilebrequin sur 4 roulements, cylindre fixé par 5 goujons, piston en alliage à deux segments, dont un racleur, culbuterie enclose et doubles ressorts de soupape en épingle à l'air libre, lubrification par carter sec et pompe à double engrenage. La boîte et une Burman 4 vitesses et sélecteur au pied. Le Vincent a des points de fixation identique au Python, ce qui permet d'utiliser les mêmes cadres et supports. Un soin particulier est apporté, lors de la conception, à l'accessibilité pour faciliter l'utilisation et la maintenance. 

La gamme est constituée de 3 modèles. Deux routières : la Meteor, 25 ch et 130 km/h et la Comet, 26 ch et 145 km/h. Finition noire avec filet or sur le réservoir, rien ne permet de les différencier, sauf à avoir l'option réservoir poli avec dessus noir pour la Meteor et marron pour la Comet… Le client étant roi, l'inverse était aussi possible sur demande. Le troisième est dérivée de la moto du TT dont le JAP est remplacé par un moteur Vincent préparé qui développe 34 ch pour une vitesse de 160 km/h, c'est la TT Replica. Une Meteor coûte £79,5 et une Comet £86, à comparer aux £73 d'une Rudge 500 Ulster ou 70£ d'une BSA 500 J35/12. En 1936 et 1937, est proposée une Comet Special de 28 chevaux, sorte de TT Replica utilisable sur route. Enfin, deux hauts moteurs de 500 Meteor accouplés sur un carter commun donnent naissance à la 1000 Rapide série A en 1937. La production des 500 série A s'arrête en 1939. Elle sera remplacée, en 1948, par les Comet série C et Meteor série B.