Vincent HRD
1000 cm3 Rapide série C - 1953
Une fourche originale qui fera l'image de la marque
La
Vincent 1000 Rapide série B sortie en 1946 est un succès et se vend bien. Elle est secondée à partir de 1948 par une version survitaminée, la Black Shadow, qui gagne 10 chevaux et atteint la vitesse mythique des 200 km/h, une première sur une moto de série. Mais pour passer cette puissance au sol, des problèmes d'accord de suspension entre la fourche à parallélogramme Brampton vieillissante et la suspension arrière triangulée à double amortisseur apparaissent. Phil Vincent et Phil Irving qui ne croient pas à la fourche télescopique, conçoivent alors une sorte de super fourche à parallélogramme qu'ils appellent Girdraulic
Efficacité contestée et clients peu convaincus
La série C, en version Rapide et Black Shadow, est présentée au salon de Londres à l'automne 1948. La nouvelle fourche est constituée de bras latéraux en alliage léger flanqués sur l'arrière de deux longs ressorts augmentant le débattement et au-dessus, devant la colonne de direction, d'un amortisseur hydraulique avec une cartouche rechargeable. Le constat est mitigé. L'ensemble est beaucoup plus rigide, mais aussi plus lourd qu'une fourche à parallélogramme standard et plus complexe et chère à produire qu'une télescopique, pour un résultat qui n'est pas meilleur face aux télescopiques de l'époque. La suspension arrière gagne également un amortisseur hydraulique placé entre les deux ressorts sous la selle. Le reste de la moto n'évolue que par des détails. Des problèmes d'approvisionnement pour la fourche retardent la mise en production de la série C qui n'arrive qu'en milieu d'année. La série B avec sa fourche à parallélogramme continue donc à être construite en 1949 et cohabite, en version Rapide et Black Shadow jusqu'à la fin de 1950 dans la gamme pour contenter les clients peu convaincus par la Girdraulic. Dans le courant de l'année 1949 apparaissent les premières
Black Lightning série C, moto de compétition faite sur mesure et à la demande, ce qui n'empêchera pas certains acheteurs de les commander gréées pour la route.
Les années fastes avant le déclin.
Les années 1950 et 1951 sont les meilleures années pour la marque avec respectivement 2800 et 2600 machines produites. Mais la situation commence à se compliquer avec l'introduction sur le marché par la concurrence de 650 bicylindres légères, performantes, colorées, intégralement suspendu (ce n'est plus un privilège réservé au Vincent) et beaucoup moins chères. Les ventes chutent à 1339 motos en 1952, puis 456 en 1953. Pour Phil Vincent, le problème vient aussi de la solidité de ses motos, les clients ne les renouvelant pas ! Exemple en est donné avec Tony Rose qui parcourt 160 000 km en 15 mois entre 1952 et 1953. Le moteur est démonté à l'usine devant un parterre de journalistes qui constatent en direct qu'il est en parfait état. Il est remonté sans aucun changement de composant et prêt à repartir. Malgré des efforts de diversification avec le moteur auxiliaire
Firefly ou des accords d'importation avec NSU et la création de la
série D pour 1955, Vincent ne peut éviter l'arrêt de la fabrication de ses gros bicylindres à la fin de cette même année.
Moteur bicylindre en V à 50°, 4 temps refroidi par air - 998 cm3 (84 x 90 mm) - 45 ch à 5 000 tr/min - Soupapes commandées par arbres à cames surélevés et courtes tiges de culbuteurs - Allumage par magnéto - 2 carburateurs Amal ø 27 mm à cuves séparées - Lubrification par carter sec, huile dans le cadre - Boîte Vincent séparée à 4 rapports fixée sur le carter moteur et sélecteur au pied - Transmission primaire par chaine Triplex, secondaire par chaine - Cadre caisson en tôle d'acier et moteur porteur - Suspensions av. Girdraulic, ar. oscillante type cantilever à doubles amortisseurs - Freins av. et ar. à doubles tambours ø 177 mm Pneu av. 3,00 x 20", ar. 3,50 x 19" - 206 kg - 177 km/h.
La mythique 1000 Vincent série C, première moto de série à atteindre les 200 km/h en version Black Shadow, tint le haut du pavé de 1949 à 1954.