Scooters Rumi et Parilla twins 1960 : des rêves inachevés

À l’aube des années 60, les fabricants de scooters voient leurs ventes s’écrouler en Europe et tentent d’assurer leur survie avec des études aussi délirantes que passionnantes…  Rumi et Parilla présentent ainsi à la Foire de Milan en avril 1960 deux bicylindres : 80, 125 ou 175 cm3 quatre temps en V pour le premier et 160 cm3 deux-temps parallèle à plat pour le second. On en rêve encore !!!

À gauche, le 160 cm3 Parilla, chef d'oeuvre de compacité, et, à droite, le Rumi en V dans sa version 98 cm3 pour moto, l'un des styles les plus innovant jamais vus sur un moteur.

Rumi : les motos V1

C’est la révolution sur le stand Rumi à la Fiera di Milano en avril 1960. La marque si célèbre pour ses bicylindres horizontaux deux temps retourne sa veste et présente des prototypes en moto et en scooter animés par un superbe et très compact bicylindre en V 4 temps annoncé en trois cylindrées, 98, 125 et 175 cm3. D’une étonnante compacité, ce petit moteur a soupapes en tête classiquement commandées par tiges et culbuteurs se distingue aussi esthétiquement par les ailettes parfaitement horizontales qui semblent relier ces cylindres avant et arrière et il faut regarder de près pour voir qu’ils sont bien séparés. Une autre caractéristique moins visible a été prévue par l’ingénieur Umberto Ottolenghi, un décalage de 8 mm du cylindre arrière qui a également des ailettes un peu plus grandes pour uniformiser le refroidissement et recevoir un peu plus d’air frais du côté des échappements. Ce moteur est de côtes carrées 43 x 43 mm avec graissage sous pression, une alimentation par un seul carburateur de 16 mm, un allumage/éclairage par volant magnétique et une boîte à 4 rapports. Présentée à Milan en 125 cm3 avec une puissance de 6,8 ch à 7000 tr/min, cette belle petite mécanique est annoncée comme l’âme de toute une nouvelle gamme avec des versions de 98 cm3 (5,8 ch/7500 tr/min) à 175 cm3 (8,2 ch/6800 tr/min). Dans sa version 125 cm3, elle annonce 85 kg et 105 km/h.

Une superbe petite moto, mais la crise des années 60, mettra un terme à l'aventure. (photo Didier Ganneau)
Les nouveaux Rumi apparus à la foire de Milan en avril 1960, ne réapparaîtrons une dernière fois qu'au salon d'Amsterdam en mars 1961.
Juchée sur des grandes roues de 18 pouces, la version moto présentée à Amsterdam est en 98 cm3 tandis que le scooter est en 125. (Photos Henri Lallemand)

Rumi : le scooter V 1

La grande originalité esthétique du moteur étant dissimulée, ce Rumi nouvelle génération paraît bien fade avec une ligne très fluide manquant un tantinet d’originalité. Il peut sembler dommage de cacher une si jolie mécanique et curieux aussi d’envisager un moteur aussi sophistiqué donc cher pour un petit scooter. Rumi a pourtant sauté le pas avec un prototype présenté à cette même foire de Milan de 1960 (il n’y a pas de salon EICMA : à partir de 1957 et jusqu’en 1997, ce salon de fin d’année n’a lieu que tous les deux ans). Notez en passant que ces nouveaux Rumi 4 temps bicylindres en V présentés à la foire de Milan en avril 1960, n’étaient ni à l’IFMA en Allemagne en septembre, ni à Paris en octobre où ils étaient pourtant annoncés, ni à Londres où il fut dit qu’ils étaient bloqués en France par la douane. On ne les revit, une dernière fois, qu’au salon d’Amsterdam en mars 1961 alors que la production était en cours d’arrêt chez Rumi qui fermera définitivement ses portes en 1962.

Le moteur est identique à celui de la moto à ceci près qu’une grosse turbine en bout de vilebrequin du côté droit envoie de l’air frais sur cylindres et culasses par l’intermédiaire de carters en alu et tôle qui cachent tout le haut moteur. L’autre modification concerne le changement de vitesse, car le sélecteur au pied droit de la moto est remplacé par une commande par câbles et poignée tournante à gauche du guidon. La transmission s’effectue par chaîne sous carter. Avec un moteur aussi onéreux, il fallait bien économiser sur la partie cycle et Rumi a abandonné la structure en aluminium coulé des Formicchino pour une poutre centrale en tôle d’acier emboutie sur laquelle viennent se fixer deux larges flancs latéraux facilement amovibles. Les roues en tôle sont chaussées en 3,50 x 10”. La suspension avant à biellettes et roues poussées est celle du Formicchino tandis que l’arrière est à bras oscillant et anneaux style Neiman. La version 85 cm3 est donnée pour 85 km/h, 2,2 l/100 km et 118 000 lires, et le 120 pour 95 km/h, 2,5 l/100 km et 150 000 lires. La moto, elle est annnoncée à 150 000 lires. C’était cher, mais raisonnable, car en cette même année 1960 un Lambretta 125 LI série2 valait 132 000 lires en 125 et 150 000 en 150 cm3.

Quel dommage de cacher une si belle mécanique ! (Photos Henri Lallemand)
Je vous l'accorde, la ligne a moins de caractère que les Formicchino ou la moto V1 dotée du même moteur.
Pour favoriser la circulation d'air les flancs latéraux sont dotés d'évents d'entrée et de sortie d'air. Notez la selle en skai lisse et brillant.

Parilla : L’Oscar

C’est une surprise bien gardée qui est dévoilée sur le stand Parilla à la 28eédition de la foire de Milan d’avril 1960 : un tout nouveau scooter animé par un bicylindre deux temps horizontal “à la Rumi” pourrait-on dire, sauf que la firme de Bergamo présente au même salon les bicylindres en V dont je vous parle plus haut. Justement à l’ouverture de la Foire ce sont les Rumi qui ont la vedette car le podium central prévu chez Parilla reste vide. Le bel Oscar qui n’avait pas fini de se pomponner manque donc le jour de l’inauguration et cela explique les rarissimes images qui en sont parues dans la presse internationale. Dommage car la Fiera de 1960 sera sa seule apparition publique.

Les photos du scooter Parilla bicylindre sont empruntées à l’excellent site sur la marque et son histoire www.parilla.it

Coup de chapeau à Parilla pour avoir réussi à intégrer autant de matériel en réussissant à garder un plancher plat. Il y a même un (petit) coffre sous la selle.
Le bloc moteur-boîte-bras oscillant est vraiment très compact.

Aussi beau qu’innovant l’Oscar est un 160 cm3 bicylindre deux temps doté d’un bloc moteur transmission oscillant. Cela paraît normal aujourd’hui où tous les scooters à l’exception de quelques grosses cylindrées, utilisent ce concept, mais il est alors fort peu courant. Le bloc moteur transmission est articulé juste derrière les cylindres sur le cadre en tubes et tôle d’acier et s’appuie sur un élément “Eligo” constitué d’un ressort enrobé de caoutchouc. La suspension avant à roue poussée a un débattement de 120 mm. Le moteur à cylindres horizontaux est un deux-temps de 160 cm3 (48 x 44 mm) à distribution conventionnelle et pistons plats alimenté par un carburateur unique Dell’Orto de ø 16mm. Il annonce 7,5 ch/6000 tr/min. Le moteur est totalement enfermé, mais le refroidissement est particulièrement soigné avec deux ventilateurs sur les sorties d’arbre gauche et droite du moteur qui aspirent l’air autour des cylindres au lieu de souffler comme d’habitude. Le carénage en tôle qui guide l’air autour des cylindres est collé pour éviter les vibrations. Autre grosse nouveauté, l’Oscar est doté d’un démarreur électrique, un équipement encore rarissime de ce côté des Alpes alors qu’il se popularise sur les scooters allemands et japonais. Parilla annonce néanmoins qu’il sera aussi produit une version dotée d’un kick (totalement absent sur ce proto à démarreur). Ce démarreur entraîne le moteur via une courroie et une poulie qui flanque le ventilateur gauche. Pour alimenter tout ça, deux batteries sont logées sous la selle avec le régulateur. Ladite selle est articulée sur l’avant comme sur le Slughi. La transmission primaire s’effectue par chaîne duplex en bain d’huile tandis que la roue est directement fixée sur la sortie de boîte. Les quatre rapports sont commandés par poignée tournante.

La carrosserie de lignes très fluides est constituée de deux grands panneaux latéraux faciles à ôter pour l’accès à la mécanique ou à la roue. Les roues interchangeables sont montées en 3,50 x 10’. Vitesse annoncée 100 km/h.

La carrosserie de lignes très fluides est constituée de deux grands panneaux latéraux faciles à ôter pour l’accès à la mécanique ou à la roue.
Tout comme le Rumi V1, le Parilla 160 n'est pas très original et sa ligne reste dans l'air du temps. Tout juste se distingue-t-il par une grand prise d'air devant le moteur.

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9 commentaires sur “Scooters Rumi et Parilla twins 1960 : des rêves inachevés

  1. sergio morganti dit :

    molto interessanti,ottimo articolo

  2. fmd dit :

    Gentil, le papa !

  3. Ehrlacher dit :

    Le Rumi scooter est sorti en ALGÉRIE en 1955
    Mon père m’a acheté le mien e 1956
    Cdt

  4. Christian Lépine dit :

    Bonjour à tous et Bravo à ceux qui publient ce genre de sujets
    Je me régale à les lire, je me régale !!!!
    Ces moteurs sont superbes, que dis-je …sublimes ….
    Dommage que ces Rumis n’aient jamais été commercialisés

  5. Bonsoir François-Marie,
    du plaisir à lire.
    Merci

  6. fmd dit :

    Et bien justement j’en parlais dans le dernier article, merci de le rappeler https://www.moto-collection.org/blog/3-le-twin-a-lhorizontale-releve-la-tete/

  7. Apres 1960. Il y aura le tres beau bicylindre horizontal de la suzuki T125. LEOPARD Ou stinger selon les pays

    Un petit frelon qui prends des tours et est tres amusant

  8. Michel Desmet dit :

    Bonjour,

    Merci pour ce magnifique article.

    Ce moteur en V est absolument superbe! Quel savoir faire!

    Cordialement,

    Michel.

  9. jackymoto dit :

    Comme le Velocette Viceroy et son flat twin: trop tard, trop cher. Même NSU le plus grand constructeur de motos d’Europe de l’ouest arrêtera sa production à la même époque. La mode, les bagnoles économiques neuves ou d’occasion étaient passées par là. Quand j’étais gamin, je connaissais pratiquement tous les gens qui roulaient encore en 125 (ils n’avaient pas le permis bagnole) dans ma ville. Un ou deux réparateurs de vraies motos pour tout le département…et les clients venaient de plus loin.
    Drôle de période qui n’a fait que renforcer mon envie d’avoir une moto…une Morini , une Terrot Rallye,
    une R 60 BM ou une Norton 88, ça avait une autre gueule qu’une 3cv Citron à peu prés au même tarif (élevé!) en ce qui concerne les deux dernières.