Royal Enfield 175 ACT 1962 : l’essai manqué

1961 : l’industrie motocycliste européenne rentre dans une effroyable crise dont elle ne se remettra jamais totalement. Les projets novateurs ne manquent pas pourtant, mais la plupart seront tués dans l’œuf par le manque de moyens et la désaffection croissante du public. C’est le cas de cette Royal Enfield 175 réalisée en 1961 et 62 par le responsable des études de la marque, Reg Thomas. Royal Enfield 175 OHC-04

 

Cette petite cylindrée se distingue du reste de la production britannique en général et de celle de Royal Enfield en particulier par sa distribution à simple arbre à cames en tête et sa cylindrée de 175 cm3 . Elle fut d’ailleurs également étudiée en 200 cm3 ce qui correspondait alors à une tranche d’assurance au tarif privilégié en Grande-Bretagne. Royal Enfield projetait ainsi d’aller concurrencer sur leurs propres marchés les « continentaux » de France et d’Italie. Toute l’originalité esthétique de ce prototype réside d’ailleurs dans le bas moteur qui se prolonge vers l’arrière par des extensions en aluminium très inspirées par l’Aermacchi Chimera. Un excès presque choquant, car le reste de la machine est d’un style tout à fait traditionnel. Ces deux “ailes” en alliage léger qui prolongent le moteur vers la roue arrière, simples carters boulonnés sur le cadre, n’ont aucune utilité et ne sont qu’un exercice de style qui n’aurait sans doute pas été conservé pour la série. Ils gênent d’ailleurs la pédale de frein qui a été coupée pour s’adapter.

Le cadre, tout à fait spécifique à cette étude, est un simple berceau interrompu avec un seul tube vertical à l’arrière. Le bras oscillant diffère également par sa fixation de ceux en usage chez Royal Enfield à cette époque. La fourche semble être empruntée à la Crusader mais le frein n’est qu’un 6 ” (152 m) de diamètre comme sur la Clipper alors que la Crusader 250 est équipée d’un 7″ (178 mm). Il est vrai que cette 175 est chaussée de petites roues de 16″. Un autre emprunt à la Continental, cette fois, est le gros té de fourche en aluminium qui intègre compteur, compte-tours, commodo général et le support du très sportif guidon. Les boîtes à outils sont celles de la petite Prince 150 cm3 deux temps. Le réservoir de 9,5 litres est celui de Interceptor mark 1 pour le marché américain. Mais tout compte fait, beaucoup de pièces sont spécifiques et même les moyeux de roue sont différents.

Le moteur est une vraie création, et, si sa culasse a un fort air de famille du côté gauche avec celle de la 250 Crusader à soupapes culbutées, le côté droit laisse deviner le tunnel intégré à la fonderie du cylindre fonte de l’entraînement par chaîne du simple arbre à cames en tête. Chaîne elle-même entraînée par un couple de pignons engrenant sur la sortie droite du vilebrequin monobloc. La boîte intégrée au bloc est une Albion à cinq rapports. Les essais furent dit-on prometteurs avec des montées en régimes très vives et une bonne tenue de route, mais Royal Enfield ne donna finalement pas suite à ce prototype unique qu’on verra successivement en vente en 1996 et en 2007 et en 2017 Royal Enfield 175 OHC-07 Royal Enfield 175 OHC-08

Bloc moteur 173 cm3 – Simple ACT entraîné par chaîne – Carburateur Amal Monobloc ø 25,4 mm – Boîte 5 vitesses – Indicateur de rapport engagé sur la boîte – Cadre simple berceau interrompu – Suspension av. télescopique, ar. oscillante à 2 combinés – Roues de 16″ – Freins à tambour ø 152 mm – Vitesse estimée 130 km/h.

 

 


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One thought on “Royal Enfield 175 ACT 1962 : l’essai manqué

  1. François Arsène dit :

    Pourquoi cet habillage mastoc du bas moteur qui tue tout ? On est loin de l’élégance italienne. Quand au haut moteur, on ne devinerait jamais un ACT – qui aurait dû être le point fort, vendeur – tant la ressemblance est forte avec un cache culbu, un comble ! Côté droit, l’ailetage étriqué me rappelle le twin conçu par Richard Küchen qui équipa quelques marques dont Motosacoche.