Sgonina 1922 : Le premier double ACT britannique

Greffer un double arbre à cames en tête sur une base existante a longtemps été la recette miracle des artisans constructeurs en quête de puissance. En France, nous avons eu Jean Nougier, expert en la matière pendant des décennies, et quelques autres, et il en fut de même dans la plupart des pays. En Grande-Bretagne, Charles Sgonina créa en 1922, une moto de 500 cm3 qui est, sauf erreur de ma part, la première moto britannique à double arbre à cames en tête.

500 cm3, à peine plus de 100 kg et près de 150 km/h avec un seul frein bien sommaire par patin sur poulie jante sur la roue arrière.

Sgonina 1922 : 500 cm3, à peine plus de 100 kg et près de 150 km/h

C’est une moto révolutionnaire en son temps que Charles Sgonina, un pilote constructeur et chasseur de records de vitesse de Cardiff, immatricule en janvier 1922. Il n’a alors que 21 ans. Sa création est un monocylindre 500 cm3 avec une distribution par double arbre à cames en tête entièrement faite maison. Une moto minimaliste d’à peine plus de 100 kg qui devait friser les 150 km/h.

Une base de Norton 500 16 H et un simple ACT pour commencer

Charles Sgonina achète sa première moto, une 500 Triumph à transmission par courroie, en 1917. Après quelques autres expériences, il devient pilote d’usine pour Triumph après la Grande Guerre et participe activement aux essais de la Triumph 500 Riccardo à quatre soupapes qu’il pilote au TT 1921 et au Grand Prix de France 1921 au Mans, où il finit 3e. S’il court officiellement pour Triumph, “Chas” Sgonina est aussi fervent participant des courses d’accélération et tentatives de records, alors si populaires et pour celles-là, il va construire sa propre moto.

Sur la base du bas moteur Norton normalement associé à des soupapes latérales, Sgonina va tenter par tous les moyens de greffer une distribution par simple arbre à cames en tête. Pour ses premiers essais, il utilise un ensemble cylindre et culasse borgne en acier avec des pipes d’échappement et d’admission rapportées et un simple ACT entraîné par arbre et couples coniques. La partie cycle vient d’une Sunbeam Sprint et la transmission secondaire est toujours à courroie.  Une réussite ! Il remporte avec elle quelques beaux succès et sa moto est chronométrée à 138 km/h. Il remplace ensuite son arbre d’entraînement de l’ACT par une chaîne à l’air libre et, attelé d’un side-car, il bat un record de vitesse établi avec une 1000 à moteur Zenith-Blackburne puis une Sunbeam d’usine dans une course d’accélération sur un mile. Ce sera son dernier exploit avec son moteur à simple ACT car le cylindre finira par exploser au niveau de ses goujons de fixation et seuls les arbres à cames seront récupérables !

Juste l’essentiel, mais avec raffinement. Par exemple, un tube d’échappement conique qui s’évase doucement depuis la sortie du cylindre. Notez la magnéto entraînée sur le même couple conique qui commande la distribution

Le premier double ACT britannique  

Charles Sgonina se remet donc au travail, toujours sur une base-moteur de Norton à soupapes latérales dont il ne va guère conserver que les carters et il crée ce qui est, sauf erreur de ma part, la première moto britannique à double arbre à cames en tête. Le vilebrequin est fait maison et il fond lui-même ses pistons en alliage léger. Le cylindre de Norton, suralésé de 79 à 79,6 mm, est surmonté d’une culasse à chambre de combustion hémisphérique sur laquelle vient s’ancrer solidement le boîtier de distribution en aluminium. Le couple conique en bout de vilebrequin entraîne à la fois la magnéto et l’arbre vertical de la distribution à cinq pignons pour la commande des deux arbres à cames. Une pompe Pilgrim en bout de l’arbre à cames d’admission se charge d’envoyer le lubrifiant nécessaire à la pignonnerie de la distribution sous carter aluminium. L’huile redescend ensuite dans le carter moteur par le tube de l’arbre d’entraînement. La boîte ne comporte que deux rapports comme souvent à cette époque et le tout est monté dans un simpliste cadre à berceau ouvert emprunté la la Sunbeam Sprint comme la fourche à parallélogramme Druid à deux ressorts latéraux.

La Sgonina, tout juste restaurée, est ici essayée en 1955 par John Griffith. Elle a conservé son immatriculation originale obtenue en juin 1922.
Difficile de faire plus compact. Un seul hic, il faut ôter le moteur pour pouvoir enlever le réservoir !

Fiche technique

Moteur monocylindre 4 temps – 497 cm3 (79,6 x 100 mm) – 30/35 ch est. – 2 soupapes et double ACT entraîné par arbre et couple conique sur la sortie de vilebrequin et une cascade de 5 pignons – Allumage par magnéto entraînée par arbre et couple conique sur l’arbre de la distribution – Boîte 2 vitesses – Transmissions primaire et secondaire par chaînes – Cadre simple berceau interrompu – Suspension avant à parallélogramme type Druid à ressorts latéraux – Un seul frein arrière à patin sur poulie jante – Pneus à talon 28 x 3 (22″) – 111 kg – 150 km/h.

Petit aperçu de la distribution lors du remontage. Notez l'entraînement de la magnéto par couple conique.
L’ensemble cylindre-culasse maintenu au carter par quatre longs goujons de fixation et la distribution.

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