1972 : Norton revient à la compétition avec des versions très spéciales de ses 750 Commando vieillissantes et commande à Cosworth, le sorcier de la Formule 1, de lui construire un nouveau moteur, mais en l’attendant l’écurie John Player Norton va faire des miracles avec ses Commando.
Dennis Poore, qui vient d’acheter Norton un an plus tôt après la faillite de l’Associated Motorcycle Group, a créé une nouvelle usine plus moderne à Andover et essaye de promouvoir la marque en revenant à la compétition, en 1972, avec deux ingénieurs en charge du développement, Norman White et Peter Williams et le financement de John Player (toutes les écuries auto et moto portent alors les couleurs des grands cigarettiers !). Face aux nouvelles deux-temps japonaises, le vieux bicylindre de la Commando n’est plus concurrentiel et moins encore sur circuit que sur la route. Denis Poore tente de résoudre ces deux problèmes en 1972 en chargeant Keith Duckworth, l’un des deux fondateurs de Cosworth engineering dont le V8 Ford DFV de 3 litres domine les courses en Formule 1, de créer un bloc moteur qui à la fois courir en Formule 750 et servir de base à de futurs modèles de production.
En attendant son nouveau moteur l’écurie JPN a fait des miracles avec ses Commando, mais les augmentations de puissance ont une limite et l’archaïque bicylindre Norton à soupapes culbutées peine à suivre le train en Formule 750 en dépit de tous les efforts de Peter Williams qui compense la faiblesse de la mécanique en adoptant un moteur à course courte : 77 x 80,4 mm contre 73 x 89 mm pour la Commando standard en utilisant les pistons de la nouvelle version 850 de la Commando. Ce moteur revu est accouplé à une boîte Quaife à cinq rapports. Norton va aussi tester différentes parties cycle. Un cadre tubulaire surbaissé en 1972 et 73 avec l’essence dans les flancs du réservoir qui descendent au niveau du bas moteur et une pompe à essence actionnée par le bras oscillant puis électrique. En 1973 apparaît un cadre coque en tôle d’inox conçu par Peter Williams et Norman White qui donne une machine lourde, mais très aérodynamique et dont la remarquable tenue de route compense souvent les faiblesses du moteur. La gloire revient pour Norton avec cette machine aux mains de Peter Williams qui remporte brillamment la Formule 750 au TT de l’Île de Man en 1973. Pour fêter ça Norton présente fin 1974 une Commando 850 John Player Replica dont les 2 à 300 exemplaires vendus sont aujourd’hui fort recherchés par les collectionneurs.
En 1974 enfin, John Mac Laren et Robin Clist prennent leur revanche sur les idées de Peter Williams en imposant leur cadre treillis tubulaire. Il est beaucoup plus léger, mais il sera handicapé par une mauvaise répartition des masses due au réservoir reporté trop en arrière et ne rapportera aucune victoire majeure.
Malheureusement le nouveau moteur Cosworth prévu avec optimisme pour 1973, se fait attendre et le sponsoring de John Player cesse fin 1974, après le dramatique accident d’Oulton Park où Peter Williams perd son ensemble selle-réservoir et chute. Il s’en tire avec un bras invalide et doit abandonner la compétition.
(Cliquer sur les liens en bleu pour accéder aux historiques des modèles cités)
Le Cosworth, enfin ! Un nouveau programme de course est pourtant mis sur pied pour 1975 avec les nouvelles machines à moteur Cosworth engagées en Formule 750. Le moteur Cosworth prévu en deux versions , JAB pour la P86 de course de 120 ch et JAA pour la P87 de production de 75 ch, est dévoilé au public à Londres en juillet 1975.
Le rêve, va-t-il devenir réalité ? Keith Duckworth jure que son bébé va mener la vie dure aux toutes puissantes Japonaises. Le Cosworth se présente en effet comme un bicylindre très moderne à refroidissement liquide, quatre soupapes par cylindre, double arbre à cames en tête entraîné par courroie crantée et cinq vitesses. Il promet 115 à 120 ch à 10 500 tr/min… 45 de plus que la Commando. Force est pourtant de constater que cette massive mécanique dessinée à la fois pour une moto de course et une routière sportive, souffre de ce compromis et ce moteur développé par Cosworth engineering qui devait sauver Norton, ne fit que l’enfoncer.
Rendez-vous dans le prochain article pour le détail de son histoire.
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Je cherchais un article sur les Norton JPS vu à Spa dans ma jeunesse et je tombe s’en m’en rendre compte sur ton site ! À bientôt, Grégoire
Merci !
Bonjour F.m.d.
Vos pages de ce blog accompagnent souvent mon deuxième café du matin.
Et cette Norton, Peter Williams (et son Arter Matchless …),
combien de temps passé sur les articles des magazines de l’époque…
Vraiment, un gros merci pour votre travail.
Gérard.
Bonjour. Absolument magnifique. J’ai toujours adoré les commandos. J’en avais acheté une neuve en 77. Elle m’a fait beaucoup de misères, mais quand elle marchait, on lui pardonnait tout. Je bavais devant la John Player, mais trop chère pour moi à l’époque. J’ai toujours admiré, non seulement les motos, mais aussi la passion et la combativité d’une petite équipe financièrement limitée, contre les géants japonnais. Depuis que j’ai eu cette Norton, je n’ai jamais racheté de japonaise. J’ai gardé la culture du couple moteur et la tenue de route irréprochable. Collectionneur maintenant, je roule en Ducati MHR, Laverda 1000 jota, BMW R 100 RS, entre autres. Ces Norton m’ont données un virus. Incurable. Merci pour ce magnifique article, et les autres.
En 72, la Commando devenait que très difficilement vendable comme les autres anglaises vu le manque de vraies nouveautés.Le réseau d’agences était en train de se déliter dans le monde entier (ne vendre qu’un seul modèle ne permet pas de vivre face aux gammes japonaises)
A noter que les Norton Commando (produite chez Matchless) étaient souvent de meilleure qualité que les Norton pur jus.
Les premières Commando 750 n’étaient pas des Chopin, mais ça s’était vite amélioré. Sur les JPS je ne connaissais rien, à part en avoir vu une (civile!) longtemps à vendre dans une station service Angoulême.
Je serai moins con ce soir!
Tout grand merci pour cette nouvelle analyse… j’ai connu la Commando ;un ami d’école en possédait une ; tous le monde était fou de cette machine !
Amicalement,
M LAMARD
Merci Patrick. Le “forum moto très riche” c’est sans aucun doute Pitlane.biz que je recommande très vivement à tous les amateurs de sport et de technique moto.
Bel article intéressant comme toujours, j ‘avais moi aussi écrit un petit article sur le Cosworth en course sur un forum moto très riche, je t ‘encourage François Marie a poursuivre après l ‘histoire du Cosworth sur le passage aux Norton a moteurs rotatifs en compétition, autre sujet sur lequel je devais mais je n ‘ai jamais pris le temps.