Iwashita collection, 2e partie : Les motos du bout du monde

Ducati Apollo mise à part, la collection Iwashita reste l’un des plus grands et des plus étonnants musées de moto japonais. De motos ? pas seulement, Hiroaki Iwashita, collectionneur compulsif, empile depuis plus de 36 ans tout ce qui touche à sa passion mécanique et pas mal d’autres souvenirs. En quelques allées, c’est toute l’histoire de la moto japonaise qui s’offre à nous. Visite guidée.

Photos François-Marie Dumas/moto-collection.org

Les liens en bleu renvoient vers les fiches descriptives des marques et des modèles

Rikuo 1296 cm3 1937. Cet attelage imposant est basé sur l’Harley Davidson fabriquée sous licence par Rikuo depuis 1924 qui a produit quelque 18 000 motos de sa création à 1945. Rikuo (en japonais : Le roi de la route) est nationalisé en 1935 et l’ingénieur Sakurai crée l’année suivante le premier attelage japonais à roue du side tractée et débrayable qui va équiper l’armée nippone durant la guerre en Mandchourie. Le gros V twin, qui n’avoue que 12 chevaux, est surélevé et la caisse du side-car est en tôles épaisses soudées. Rapatriée au Japon après les hostilités, la Rikuo 1200 exposée a été longtemps utilisée sur le chantier du barrage de Tsuba où il reçut quelques modernisations comme son carénage de phare aérodynamique.

Asahi 125 AA special B 1933

Asahi 125 AA spécial B 1933 : À l’honneur sur un podium devant un poster du mont Fuji à l’entrée de l’étage réservé aux japonaises, cette Asahi est la plus ancienne moto japonaise exposée. Asahi (L’aube en japonais), marque de Myata Works ltd à Tokyo est l’une des toutes premières firmes nippones. Elle débuta en 1913 avec une copie de Triumph et ne cessa définitivement sa production de deux-roues motorisés qu’en 1964.  Cette version AA 175 cm3 deux-temps de 1933 aura une très longue carrière qui se perpétuera jusqu’après-guerre avec une version racing de 200 cm3.

Cabton 400 MB 1940

Cabton 400 MB 1940  : Cabton, acronyme de « Come And Buy To Osaka Nakagawa » (un faubourg d’Osaka), aussi connu sous le nom de Mizuko Jidosha (l’automobile du pays du riz), fut depuis 1932 un des noms les plus prisés de l’industrie japonaise où il produit l’une des plus grosses cylindrées (Rikuo-Harley mis à part) avec une fort belle copie d’Ariel, monocylindre d’abord en 350 cm3 à soupapes latérales, puis en 400 cm3 avec cette version exposée de 1940. Cabton monte ensuite en gamme avec des monocylindres à soupapes culbutées. Malheureusement au milieu des années 50, alors que les marques japonaises en plein essor commencent à trouver leur propre style, Cabton se cantonne dans la copie et, pire fait les mauvais choix, en s’inspirant pour son nouveau bicylindre 600 cm3 de 1956 non pas des Anglaises, mais des Indian américaines Scout et Warrior avec leur fort curieuse disposition de la distribution culbutée, justement créées, en 1948, aux États-Unis pour contrer les traditionnels bicylindres face à la route britanniques. Ironie du sort ce bicylindre sera à la fois le chant du cygne du copié, Indian, et du copieur, Cabton.

Honda 50 type A 1947

Honda 50 type A 1947 : Ce frêle 50 cm3 deux-temps est l’une des plus grandes fiertés d’Iwashita-san. Il s’agit du tout premier modèle construit par Soichiro Honda avec un moteur maison. Une mécanique banale de 50 cm3 à admission dans le carter moteur et entraînement direct de la roue arrière par courroie. Simpliste, mais robuste et commercialisé juste au bon moment à une période où le besoin d’un moyen de transport personnel, facile à entretenir et peu cher était crucial. Apparu en mars 1947, ce modèle s’octroie les deux tiers du marché l’année suivante et la toute jeune usine Honda en fabriquera jusqu’à 1000 par mois. Un succès qui n’est pas sans rappeler celui de la Mobylette chez nous, qui, elle, ne sera malheureusement pas suivie d’une prestigieuse gamme de motos.

Pointer 56 PD 1947

Pointer 56 PD 1947 :  Pointer est une marque de Kirin issue d’un important groupe industriel, Shin Meiwa kogyo, qui possède aussi Kawanishi aircraft, le constructeur d’un des fameux chasseurs japonais de la dernière guerre, le N1K1-J, grand concurrent du fameux Zero de Mitsubishi. Comme tant d’autres firmes aéronautiques, Shin Meiwa se lance dans la moto en 1947 sous la marque Pointer avec ce curieux petit moteur 56 cm3 monté tête en bas dans un cadre de vélo. Jusqu’en 1963, Pointer sera l’une des marques japonaises les plus novatrices avec des monocylindres quatre temps jusqu’à 250 cm3 jusqu’en 1957, puis des bicylindre deux temps et des scooters à grandes roues particulièrement originaux. La marque abandonne la moto en 1963 pour se consacrer à d’autres constructions mécaniques.

Sumita 200- 2C 1952

Sumita 200 cm3 type 2C 1952 : Sumita hatsudoki (moteurs Sumita) une petite marque, née en 1950 à Tokyo, commercialise l’année suivante la 150 cm3 type C, un mono culbuté à double échappement de lignes très britanniques sans être pour autant une vulgaire copie. Il se double, en 1952, de cette 200 cm3 type 2C. Un an plus tard, Sumita étudie un moteur à simple ACT et commercialise le type E, une amusante réplique en 90 cm3 (48 x 49,5) des gros monos anglais culbutés, qui annonce 3 ch à 5 000 tr/min et 80 km/h. Il est produit jusqu’en 1954 où la 150 C est remplacée par la D de 199 cm3 (61 x 69) à simple échappement qui affiche 4,8 ch et 80 km/h (ce n’est toujours pas terrible) et offre une suspension arrière coulissante. L’ultime progression avant la disparition de la marque sera la 250 F de 1955 , une nouvelle moto culbutée, fort inspirée des BSA, qui valait 10 ch à 4 500 tr/min et 90 km/h.

Life 150 N 1953

Life 150 N 1953 : La seule originalité des motos Life fabriquées par Nagamoto est leur refroidissement liquide par thermosiphon (sans pompe) assorti d’un beau réservoir en aluminium sous la selle. La marque semble n’avoir existé qu’une année avec des versions 150, 200 et 225 cm3 toutes à soupapes latérales. La 150 cm3 photographiée (55 x 63 mm) développait la fantastique puissance de 4,5 ch à 4300 tr/min. Juchée sur des roues de 24 pouces elle frisait les 70 km/h.

Misima 150 Orion 1953

Misima 150 Orion 1953 : Dans sa courte existence de 1950 à 1956 le très dynamique petite marque Misima a produit toute une série de 125 et 150 cm3 toujours à soupapes en tête, mais avec cylindre vertical ou incliné et un ou deux échappements. Ce modèle de 1953 baptisé Orion était le plus sportif avec 4,8 ch à 3500 tr/min et 80 km/h. tandis que la version à cylindre incliné de la même année n’était crédité que de 3,5 ch à 3000 tr/min.

Showa 150 SH act 1953

Showa 150 SH 1953 : Les choses sérieuses commencent avec cette Showa 150 cm3 quatre temps à simple ACT de 1953 qui annonce la coquette puissance de 6 ch à 5000 tr/min et s’enorgueillit aussi d’une suspension arrière oscillante alors à la pointe du modernisme. Fondée en 1939, Showa Works ltd (à ne pas confondre avec Showa aircraft Cy) ne débute vraiment dans la moto qu’en 1946 et avec de vraies prétentions sportives. Machine d’avant-garde avec son moteur simple ACT fourni par Hosk cette 150 cm3 en version course remporte l’une des premières grandes épreuves de l’après-guerre au Japon, le TT de Nagoya en 1953. Comme ce fut le cas en Europe la technique sophistiquée de l’arbre à cames en tête était trop complexe pour le réseau plus habitué aux vélos et aux machines simples. Showa se tourne donc vers des moteurs à soupapes latérales puis des deux temps à partir de 1956. Toujours à la pointe du progrès elle utilise au TT d’Asama en 1959 un distributeur rotatif similaire à celui des MZ (et trois ans avant Suzuki !). La vie est belle. Showa absorbe Hosk en 1959, mais la firme se brûle les ailes à vouloir trop en faire et se fait racheter par Yamaha en 1960. La boucle est bouclée, Yamaha utilisera l’expérience de Showa pour ses deux temps et celle de Hosk pour ses premiers quatre temps d’ailleurs fabriqués dans l’ancienne usine Showa.

Young-1954

Young Man 1954 : Cette petite moto quatre temps à soupapes culbutées et culasse tournée à 90° n’est certes, ni très originale, ni très avancée pour son temps, si peu d’ailleurs que je n’ai pu trouver aucun renseignement pour vous en donner son histoire mis à part le fait que la marque ne semble n’avoir existé qu’en 1954.

Abe Star 250 RE 1954

Abe Star 250 RE 1954 :  Créé en 1930, Abe Star (Abe Kugyusha du nom de l’usine) aurait peut-être produit quelques 350 et 500 monocylindres avant-guerre, mais la marque ne fait vraiment surface qu’en 1950 avec un 150 cm3 à soupapes latérales puis culbutées en 1951. De 1952 à 1954 la firme se distingue avec une très originale 350 quatre temps culbutée bicylindre en V à 45° le cylindre arrière étant vertical. C’est une exception, car la marque s’en tient par ailleurs à son inspiration très britannique jusqu’en1957. La 250 RE ici présentée est le modèle le plus courant de la marque et clôturera la production en 1959. Alors que les suspensions arrière coulissantes voire même les cadres rigides étaient encore courants, cette RE de 1954, offrait une suspension arrière oscillante dotée d’un ingénieux réglage, emprunté à Velocette, par déplacement du point d’ancrage supérieur. Typiquement japonaise, l’ABE 250 inaugurait un nouveau gadget, l’indicateur de rapport engagé, avec cinq voyants en couronne sur le phare.

Monarch 226 M3- 1954

Monarch 226 M3 1954 : Encore une belle représentante de la multitude de petites marques écloses dans les années 50. Monarch débute avec un 150 quatre temps culbuté en 1952 suivi, en 1954 par cette belle et moderne 250 à soupapes en tête et arbre à cames surélevé façon Velocette 350 MAC. Alésage x course : 60 x 80 mm, 11 ch à 5000 tr/min et 141 kg. La partie cycle moins évoluée que son inspiration britannique, conserve toutefois une suspension arrière coulissante.

Panther 200 D 1954

Panther 200 D 1954 : Le monde de la moto explose au Japon dans les années 50. On dénombrait 19 marques en 1945, elles sont 42 en 1952 et 83 en 1953. Le premier salon de Tokyo en avril 1954 réunit 254 exposants et parmi ces multiples petits constructeurs Panther présente cette belle 200 cm3 à simple ACT entraîné par chaîne et double échappement qui annonçait 5,5 ch, 110 kg et 80 km/h.

Kongo 225 cm3 - 1955

Kongo 225 cm3 1955 : Curiosité sans lendemain, cette très agricole Kongo due à la manufacture Fuji Kikai tentait de concilier les fonctions de moto utilitaire et de moteur stationnaire. Son placide 225 cm3 quatre temps à soupapes latérales et refroidissement par air forcé, pouvait de fait entraîner une poulie –treuil qui se crabotait sur le moyeu arrière.

Suzuki Colleda 250 TT 1956

Suzuki Colleda 250 TT 1956 :  On a déjà tout vu au Japon en 1956, des quatre temps mono et bicylindres, à soupapes culbutées ou à ACT et des deux temps monocylindres, mais Suzuki crée la surprise avec ce twin deux temps à l’esthétique très américanisée dont les évolutions donneront la si célèbre T20 de la fin des années 60. C’est la plus grosse cylindrée jamais construite par Suzuki qui labellise alors ses produits SJK (Suzuki Jidosha Kohyo soit fabrique d’automobiles Suzuki) Colleda (Kole-da en japonais : c’est celle-là). L’entreprise devient Suzuki Motor ltd en 1955 et le S stylisé n’apparaît que fin 1958.

Sanyo 250 YK -1956

Sanyo 250 YK 1956 : Sanyo, vous avez sans doute déjà vu ce label sur des produits hi-fi dans lesquels s’est reconvertie la marque en 1962. Elle produisait des motos depuis 1953 (siglées Sanyo ou Rotary) et cette 250 YK de 1956 à simple ACT (12 ch à 6000 tr/min et 100 km/h ) est à la fois l’un de ses plus beaux modèles et le dernier. Il sera produit sans évolution majeure jusqu’en 1962.

Kawasaki Meihatu 125- 1956

Meihatu Kawasaki 50-80-125 et 250 1954: Meihatsu (aussi orthographié Meihatu), le nom ne vous dit peut être rien, il est pourtant à l’origine de tous les deux temps Kawasaki. Kawasaki Aircraft fournit les moteurs puis absorbe en 1955 la marque née deux ans plus tôt pour former Kawasaki Meihatsu Industries Co. Leur dernier modèle à porter ce label sera une 250 twin en 1961. Les accointances de Meihatsu apparaissent d’ailleurs sur l’affiche avec un petit avion qui vole en bas à gauche.

Olympus 250 Crown 1957

Olympus 250 Crown 1957 :  Fondé en 1952, Olympus, marque de Katayama Sangyo sans aucun rapport avec les appareils photo, est l’un des petits constructeurs marquants de ces foisonnantes années 50. Après une banale copie d’AJS culbutée, puis des 250 et 350 mono ACT façon Norton ou NSU des années 30, Olympus fera quelques tentatives originales dont cette 250 Crown de 1957 animée par un flat twin deux-temps très inspiré de la MZ-IFA. Elle innove plus encore de 1960 à 1962 avec un twin puis un trois cylindres horizontal deux temps, magnifiques, mais qui la conduisent à sa perte. !

Hosk 500 DB 1958

Hosk 1957 :  Hosk est absorbé par Showa en 1959 qui est lui-même repris l’année suivante par Yamaha qui bénéficie ainsi de l’expérience acquise par la marque avec ses bicylindres à ACT. Première marque japonaise à fabriquer un moteur à arbre à cames en tête entraîné par chaîne avec un 150 cm3 en 1949, Hosk, nommée Yamarin à ses débuts, produit ensuite une 200 puis une 250 avec la même technologie inspirée par les Horex allemandes dont elle plagie également le sigle. La gamme se poursuit avec des deux-temps et des monos quatre temps culbutés, mais c’est à partir de 1955 que Hosk sort du lot en présentant sa prestigieuse 500 bicylindre face à la route, une machine à la pointe du modernisme avec un ACT entraîné par chaîne ete un embiellage calé à 360°. Le modèle de 1957 photographié annonçait 26 ch à 5200 tr/min et l’ultime version de 1960, 30 ch à 6000 tr/min,190 kg et 175 km/h.

Martin 125 VA 1958

Martin 125 VA 1958 : Encore une petite marque spécialisée dans les 125 et 200 cm3 deux temps qui fit faillite en raison de la trop grande sophistication de ses modèles. N’en prenez pour preuve que les superbes carénages en fonderie d’aluminium du guidon et celui englobant le double pare, les clignotants (généralisés au Japon dès les années 50), le haut de la fourche et le compteur.

Lilac 90 Baby 1963

Lilac 90 Baby 1963 : Lilac originaire d’Hamamatsu comme Yamaha, Suzuki, Honda et beaucoup d’autres, est l’une des marques les plus novatrices du Japon et il ne lui manquait qu’un génie du marketing comme le fut Fujisawa chez Honda pour prétendre à un succès international. Ce ne fut, hélas, pas le cas. Sa production fort variée et toujours à transmission par arbre comprend des monocylindres et des bicylindres à plat et en V. Lilac appliqua les mêmes chères techniques à ce petit 90 cm3 utilitaire la Baby avec un monocylindre culbuté (3,5 ch et 70 km/h), transmission acatène, deux vitesses, une suspension arrière mono amortisseur et un cadre double berceau en tubes ovales à section variable. Une folie qui concurrençait la Honda 90 J Benly en coutant certainement bien plus cher à fabriquer.

Meguro - Kawasaki

Meguro : N° 2 japonais derrière Honda, Meguro construit la première Japonaise de grosse cylindrée, un monocylindre de 500 cm3 en 1937 (exception faite des Rikuo et Kurogane qui ne sont que des Harley Davidson construites avec ou sans licence) La gamme s’étoffe dés 1955 avec des bicylindres qui ne s’inspirent de leurs consoeurs britanniques qu’en apparence. Meguro en grandes difficulté en 1961 est définitivement absorbé par Kawasaki qui en fit ses premiers quatre temps tout comme les Meihatu (également bien représentées au musée) servirent de base à ses deux temps.

Mini carters…
Vous aimez les Japonaises, emportez votre insigne !

Et tant d’autres…

Sur quelques 300 machines, il faut faire un choix et, cela vous étonne-t-il, je me suis surtout penché sur les marques inconnues chez nous, délaissant, j’en ai honte, toute la série des Honda, celle des Meguro, quelques autres belles nippones et puis tout l’étage des Européennes exception faite pour la Ducati Apollo qui a eu droit à un traitement spécial. Il y avait pourtant tellement d’autres belles mécaniques, tiens, y compris sur quatre roues, mais c’est presque une moto, avec une Honda cabriolet S600 portant le numéro 0001 !

Benelli 125 Leoncino 4t 1956
…et un petit tour dans les réserves pour finir !
Ducati Apollo mise à part, la collection Iwashita reste l’un des plus grands et des plus étonnants musées de moto japonais. De motos ? pas seulement, Hiroaki Iwashita, collectionneur compulsif, empile depuis plus de 36 ans tout ce qui touche à sa passion mécanique et pas mal d’autres souvenirs. En quelques allées, c’est toute l’histoire de [...]

Toutes les motos à moteur rotatif Wankel

Le précédent et long article sur les Norton à moteur rotatif m’a valu beaucoup de courrier et nombre de compléments d’enquête sur les autres motos à moteur licence Wankel, une bonne raison pour établir une liste aussi exhaustive que possible, de tous les constructeurs ayant testé cette technologie.

L’Allemagne de l’Ouest et de l’Est, l’Angleterre, le Japon, la France même par délégation avec le Van Veen à moteur Citroën Comotor, tous les grands pays producteurs, à l’exception semble-t-il de l’Italie, se sont laissés tenter par les promesses du moteur de Felix Heinrich Wankel, et encore, ne parle-t-on ici que des motos, car bien d’autres expériences ont eu lieu dans d’autres domaines, des tondeuses à gazon aux générateurs en passant bien entendu par les automobiles dont Mazda est le plus persévérant représentant. (Toute l’histoire du moteur Wankel en automobile sur le site Lignesauto : ICI)

Plus de dix marques de moto ont testé le Wankel de 1951 à 1995

Les dates indiquées sont approximatives. On sait quand ont été dévoilées ces études et on connaît les dates de production des versions commercialisées, mais il est impossible de savoir quand ces développements ont débuté et certains sont restés secrets.

NSU : 1951 – 1956

On résume. Le 20 décembre 1951, la société de Felix Wankel à Lindau se lie par contrat au services R & D de NSU (qui ne fabrique alors que des motos) pour étudier un moteur à piston rotatif. De ses travaux naît début 1954, un moteur rotatif avec une chambre épitrochoïdale (en forme de huit) qui fonctionne suivant le cycle à quatre temps. Dans ce moteur, connu sous l’acronyme DKM (DrehKolben motor), le rotor interne en triangle et son cylindre en huit tournent sur des axes séparés à l’intérieur d’un carter. Cet ensemble n’est pourtant pas prévu comme un moteur, mais comme un compresseur. Il est utilisé pour la première fois en 1956 sur le moteur ZW 50 développé par NSU, une fabuleuse mécanique dont l’admission et l’échappement latéraux passent par des distributeurs rotatifs ; l’étanchéité est assurée par les mêmes matériaux céramiques développés par Félix Wankel pour le rotor de son moteur rotatif. De 15 ch en version atmosphérique le ZW passe à 20,4 ch à 16 000 tr/min avec ce compresseur Wankel et peut atteindre 20 000 tr/min. Grâce à lui le cigare de record NSU bat plusieurs records du monde en catégories 50 et 75 cm3 le 9 août 1956 en atteignant 196 km/h sur le lac salé de Bonneville aux États-Unis.

En février 1957, un premier prototype de ce Wankel utilisé cette fois comme moteur est installé sur un banc d’essai par le département R&D de NSU à Neckarsulm. Cet NSU/Wankel DKM 54 d’une cylindrée équivalente 125 cm3 donne une puissance au banc de 29 ch à 17 000 tr/min, mais sa conception à rotor extérieur (DKM) est bien peu propice au montage sur un véhicule de série. En 1958, NSU abandonne le DKM pour un train planétaire KKM (Kreiskolben motor) beaucoup plus simple, développé par Hanns Dieter Paschke. Le carter extérieur ou stator est alors stationnaire et le piston ou rotor tourne sur son arbre excentré. Ce moteur KKM 125, la base de tous les moteurs type Wankel qui vont suivre, est testé au banc en juillet 1958 avec une puissance qui va de 21 ch/8000 tr/min à 30 ch/14 000 tr/min. Hélas, si le moteur tourne bien, la moto tourne mal ! NSU qui était encore en 1955 le n° 1 mondial avec une production annuelle d’environ 300 000 motos subit de plein fouet la crise (ses ultimes motos sortiront en 1963). En 1964, la production motocycliste totale de toutes les firmes de l’Allemagne de l’Ouest n’est plus que de 240 000 unités (50 cm3 + motos). Dès 1955/56, les bureaux d’études de NSU se tournent vers l’automobile avec la Prinz qui sauvera la firme et sera la première automobile à moteur rotatif.

MZ – 1960 – 1965

Le constructeur de l’Allemagne de l’Est achète la licence Wankel en 1960 et construit cette même année son premier prototype avec un monorotor à refroidissement liquide logé dans la partie cycle de l’IFA BK 351 avec une transmission par arbre. Cinq ans plus tard est présenté une moto beaucoup plus aboutie avec un monorotor de 175 cm3 refroidi par air greffé sur le bas moteur d’une ES 125/175. Le projet est abandonné, mais il faillit bien avoir une suite fin 2008. MZ qui a été mis en liquidation en 1991, a été ensuite repris en 1996 par le Malais Hong Leong Industries qui ferme à nouveau les portes de l’usine de Zschopau en 2008.  Une ultime tentative de reprise est alors étudiée avec la société Wankel AG (repreneuse en 2002 l’ancienne société Wankel en faillite) spécialisée dans les petits moteurs rotatifs pour avions légers et karts qui tente de monter un plan de restructuration avec l’aide du gouvernement local pour produire une moto sportive à moteur Wankel. L’entreprise tourne court.

Norton : 1969 – 1992

BSA, d’abord, puis Norton et le groupe NVT arrivent très péniblement à commercialiser une moto à moteur rotatif après des années de développement. Toute l’histoire est dans mon précédent article sur ce blog et dans les fiches sur l’Interpol et la F1 de 1990.

Sachs- Hercules : 1970 – 1978

Sachs-Hercules qui vend aussi ses produits sous label DKW fut le second acheteur de la licence Wankel le 29 décembre 1960. Il est le premier constructeur à mettre sur le marché une moto dotée de ce moteur, la W 2000 animée par un monorotor refroidi par air initialement conçu pour une moto-neige. Les premiers prototypes sont dévoilés en 1970 au salon allemand de Cologne avec une transmission secondaire par arbre. La version définitive, avec une transmission finale par chaîne, est présentée au salon de Cologne fin 1973 et commercialisée de 1974 à 1978 avec des évolutions mineures, dont un frein avant à disque en 1975 et un graissage séparé pour les derniers 199 exemplaires (les premiers marchaient au mélange comme les deux temps). « Gut für 100,000 km » annonçait la publicité, il ne s’en vendit pourtant que 1800 exemplaires et l’outillage de production fut revendu à Norton. On note au passage qu’il y eut même une version enduro sur la base de la même mécanique qui participa au Six Days Trophy à l’Ile de Man en 1975 et un Sachs Wankel développé pour la course fort de 50 chevaux au banc.

Honda – Kawasaki : 1970 – 1976

Honda et Kawasaki ont eux aussi développé des prototypes sur base du moteur Wankel au début des années 70, mais ces expériences sont que des prototypes d’étude. L’expérience Honda est restée à un tout premier stade avec un monorotor refroidi par air hâtivement adapté sur un bas moteur et un châssis de 125 K5 sur un prototype A16 CRX fin 1972. Le projet X99 de Kawasaki, réalisé vers 1976 sur un chassis et habillage de Z650, est beaucoup plus évolué avec un bi-rotor à refroidissement liquide. Il est conservé au musée privé de l’usine où j’ai pris ces photos.

Van Veen : 1972 – 1978

L’Hollandaise Van Veen fait ses premiers tours de roues en 1972 et annonce déjà 100 ch au banc avec un moteur Mazda logé dans une partie cycle de Guzzi. Considérablement plus élaborée, la version définitive dévoilée au salon de Cologne de 1974 est dotée d’un moteur bi-rotor Comotor 624 de Citroën GS refroidi par eau et huile. Elle est commercialisée en 1978 et sera chronométrée à 213 km/h. Elle ne se vendra qu’à 38 exemplaires seulement entre 1978 et 1981.

Yamaha : 1972 – 1973

La très élégante Yamaha RZ 201 présentée fin 1972 au salon de Tokyo aurait pu répliquer à la Suzuki RE-5. Bien inspiré, Yamaha s’abstint de la lancer en série une production pourtant toute prête. Plus évolué que celui de la Suzuki qui n’avait qu’un seul rotor avec une admission périphérique, le Yamaha était un bi-rotor doté d’une admission latérale alors.

Suzuki : 1973 – 1977

La Suzuki RE-5 monorotor (siglée RX-5 lors de sa présentation au salon de Tokyo en 1973), fut un échec cuisant qui faillit mener Suzuki à la faillite. Lourde, encombrante, peu maniable et peu performante (62 ch pour 230 kg à sec), elle était desservie par une consommation excessive et une esthétique trop originale (ne serait-ce que par son tableau de bord et son feu arrière englobés dans de curieux cylindres). Elle souffrit aussi de maints problèmes techniques et il ne s’en vendit en France que 96 exemplaires.

Ural – Dnepr – IZH : 1974 – 1989

Ural comme Dnepr ont également tenté l’aventure du rotatif. Le très actif site dnepr.ural.free.fr auquel j’emprunte les photos publiées, donne peu de renseignements sur le prototype Ural, mais Dnepr développa toute une série de prototypes à partir de 1974.  Le premier type RD-501B en 1974 avec un rotatif monorotor de 495 cm3, copie sans licence du Wankel. Il annonce 38 ch à 6300 tr/min. En 1985 apparaît une RD-660 de ligne très moderne animée cette fois par un bi-rotor refroidi par air de 660 cm3 fort inspiré par Norton/NVT et doté d’une transmission par chaîne.  Deux ans plus tard, en 1987, la RD 515 reprend le modèle du Sachs monorotor en lui ajoutant un refroidissement liquide qui lui permet d’atteindre 50 chevaux. Il est accouplé à une boîte et une transmission acatène de Dnepr. La version RD 517 reprend apparemment la même mécanique avec une apparence modernisée avec des roues en alliage léger. La Rotor V-500, enfin, ultime tentative dans le rotatif semble utiliser le même moteur de 50 ch peint en noir et encagé dans un habillage délibérément moderne avec petit tête de fourche et selle biplace à dosseret. De beaux efforts qui témoignent d’une réelle volonté de l’entreprise soviétique de s’aligner sur le marché international. Cette belle tentative restera malheureusement au stade du rêve ; Dnepr déjà pauvre, avait misé sur le mauvais cheval en se ruinant comme ses congénères dans l’entreprise. On verra aussi en 1989 la Rotor-Super, une étonnante réalisation entièrement carénée, signée par IZH, le plus ancien constructeur de moto soviétique créé en 1929.

Pas mort, le rotatif ?  

Quelques ingénieurs continuent à rêver à ce moteur plus simple, plus léger et plus compact, Crighton en Grande Bretagne travaille sur sa CR700P racing qui annonce 200 chevaux, un couple de 135 Nm à 9500 tr/min et un poids record de 136 kg tandis qu’en France Furion motorcycles developpe sa M1, une étonnante super sport hybride avec un Wankel associé à un moteur électrique. Le moteur Wankel n’est décidément pas mort et sa compacité pourrait bien lui donner un nouvel avenir justement dans les véhicules hybrides.

Photos F-M. Dumas, archives moto-collection.org et usines, archives Wilhelm Herz, sites web : dnepr.ural.free.fr, moto-station.com, crighton-racing.com, furion-motorcycles.com, et divers sites historiques sur le moteur Wankel dont je m’excuse de n’avoir pas noté l’adresse.

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Le précédent et long article sur les Norton à moteur rotatif m’a valu beaucoup de courrier et nombre de compléments d’enquête sur les autres motos à moteur licence Wankel, une bonne raison pour établir une liste aussi exhaustive que possible, de tous les constructeurs ayant testé cette technologie. L'Allemagne de l'Ouest et de l'Est, l’Angleterre, [...]

Salon Moto Légende 2015 #1

Presque autant de monde que d’habitude… beau résultat pour des lendemains d’attentats ! En route  pour une visite guidée des 65 clubs et 200 exposants présents… Enfin pas tous, car je ne vous parlerai ni des vendeurs de bonbons, ni des cireurs de pompes, ni des fringues, ni des motos modernes, ni des accessoires épars et […]

Muse de Suz

La société Bonnet, importateur historique en France de Suzuki, MZ, Giulietta, Italjet et de quelques autres marques avait la bonne habitude de systématiquement photographier ses nouveaux modèles de motos avec de jolies demoiselles. On ne leur en voudra pas, bien au contraire et cette belle brunette nous donne l’occasion de découvrir le Suzuki 50cc M30 de 1964.