Peugeot 100 cm3 de 1932 à 1946

Pour répondre aux nombreuses demandes que je reçois sur ces modèles, Jean Boulicot, membre éminent du Rétro Motos Cycles de l’Est, vous a concocté un historique exhaustif des multiples variations et évolutions des Peugeot 100 cm3 de 1932 à 1946.

P50 D 1933

Au début des années 30, la crise sévissant aux États-Unis depuis octobre 1929 se fait sentir en Europe. Ce contexte va inciter la société des cycles Peugeot à créer une nouvelle gamme de machines économiques, déjà existante chez certains concurrents : le vélomoteur. Les nouveaux modèles verront le jour en 1932 avec pas moins de 6 versions, toutes propulsées par un petit moteur monocylindre deux-temps de 100 cm3.

Cette gamme va évoluer et traverser la période de guerre pour perdurer jusqu’au début des années 60 avec des cylindrées allant de 125 à 175 cm3. Ces petites machines feront le bonheur de toute une génération de motocyclistes. Durant toutes ces années, les modèles furent nombreux et variés, il y eut une prolifération de versions parfois éphémères et il est souvent difficile, pour l’amateur de s’y retrouver.

Le but de ce document est d’essayer de dénombrer toutes ces versions en faisant une synthèse de la production des cycles de Beaulieu. Il n’est sûrement pas complet ni exempt d’erreurs, surtout pendant la période de guerre, mais il pourra évoluer et s’améliorer au fil du temps et des remarques.

Les P 50 : 1932 – 1936

En mai 1926, un décret instaure une nouvelle catégorie de 2 roues : le BMA, bicyclette à moteur auxiliaire. Conditions ne pas dépasser 30 kg, 30 km/h et une cylindrée de 100 cm3. Cette catégorie de véhicule était dispensée de formalités : ni permis de conduire, ni carte grise (… sauf quand vous faites réimmatriculer ce BMA en véhicule de collection !).

P 50U       Modèle « UTILITAIRE« , de base. Moteur 100 cm3 deux-temps avec volant extérieur et allumage par magnéto. Réducteur à engrenages, pas d’embrayage, une seule vitesse. Fourche avant à parallélogramme non haubanée. Freins à patin sur jante.

– P 50E       Identique à ci-dessus, mais avec embrayage.

– P 50T       Comme le P 50E, plus, une fourche haubanée, des freins à tambour qui font plus « moto » et une finition plus luxueuse.

-P 50L        Version plus économique du P 50T

-P 50D        Modèle « Dames et ecclésiastiques« , avec un cadre ouvert renforcé. Un réseau de filets protège la roue arrière. Ce type est le modèle « STANDARD » sans embrayage.

– P 50DSE   Idem P 50D, mais avec embrayage.

– P 50DS     Modèle « LUXE », le pendant « version Dames » du P 50T.

Les Peugeot 100 P50
Peugeot 100 P50 L-1934
100 P50 Entre E et T ! Amélioration lors de la restauration ou modèle intermédiaire de Peugeot avec la fourche haubannee mais sans les freins à tambour. Env.1933.
P50 L-1934
P50 janvier 1936

Les P 51 : 1933 – 1939

– P 51          C’est le VÉLOMOTEUR CHEMISÉ ; modèle similaire au P 50T « LUXE », mais avec une boîte de vitesses à deux rapports. Comme le P 50, il répond aux exigences administratives de la catégorie BMA. Le moteur, toujours 100 cm3 deux temps, est maintenant équipé d’un cylindre en aluminium chemisé. L’embrayage est à plateaux garnis de lièges et l’allumage se fait par volant magnétique. Donc plus de volant extérieur.

– P 51MT    Curieusement, identique au modèle ci-dessus…, mais sans boîte de vitesses. Celle-ci pouvant être montée ultérieurement.

– P 51CH2  « CH » comme Chemisé, il s’agit bien du cylindre. Similaire au P 51, l’équipement étant un peu plus complet. On a maintenant un porte-bagages et une béquille. L’éclairage électrique reste une option. En 1936, il peut être équipé, toujours en option, d’un réservoir grande capacité et d’un double échappement.

– P 51CH1  Même modèle que 51CH2, mais sans boîte de vitesses.

– P 51CL2     Modèle 2 VITESSES LUXE. Identique au 51CH1, mais des options deviennent standard : éclairage électrique et échappement double. La finition est plus luxueuse au niveau des chromes, le pédalier est verrouillable, le garde-boue avant possède flasques et bavette, les cocottes des manettes sont soudées sur le guidon.

– P 51CL1   Vélomoteur LUXE monovitesse. Même modèle que 51CL2, mais sans boîte de vitesses.

– P 51CST   Modèle CHEMISÉ STANDARD. C’est une version économique du 51CH1, toujours monovitesse.

– P 51CD2   Modèle DAME LUXE 2 vitesses. Idem 51CL2, mais avec cadre ouvert, réservoir spécial et échappement monotube.

– P 51CD1   Modèle DAME CHEMISÉ « STANDARD« . Idem 51 CD2, mais sans boîte de vitesses.

– P 51CN1   Semblable au 51CST. Phare diamètre 130 mm.

– P 51CLK2 Modèle avec kick. Reprend les caractéristiques du 51CL2 avec kick et pédalier verrouillable.

– P 51CDK2  Vélomoteur LUXE Dame. Comme 51CLK2, mais un seul échappement et béquille arrière.

– P 51CNK2  Même modèle que 51CN1, mais avec boîte 2 vitesses et kick, pédalier verrouillable et repose -pieds. Jantes et pot d’échappement chromés.

– P 51CST1 Version économique du 51CN1. Phare petit diamètre, cadre, jantes, guidon et pot d’échappement émaillés en gris.

– P 51SCT2 Même description que 51CST1 ci- dessus, mais avec boîte de vitesses, kick et repose-pieds.

Peugeot P51 janvier 1937

Les P 52 : 1938 – 1939… (période de guerre incertaine)

– P 52 CLK2 Vélomoteur LUXE 2 vitesses 100 cm3 deux temps. Le moteur est une évolution des derniers 51 « chemisés ». Le cadre surbaissé est du « genre moto » et la finition est d’un bon niveau avec phare, jantes, guidon, pots d’échappement chromés.

– P 52 CHL Vélomoteur GRAND LUXE. Reprend les caractéristiques du 52 CLK2 avec une finition plus luxueuse : émail couleur et garde-boue et réservoir chromés.

P52 CLK2-1938
P52 CHL-1939

Les P53 : 1939 – 1944 …

– P 53 CN    Vélomoteur LUXE bloc moteur 3 vitesses 100 cm3 deux temps. Par ailleurs, la description est identique au 51CLK2. Ce bloc moteur préfigure une gamme de motos deux temps qui va durer bien après-guerre, jusqu’en 1962.

– P 53 CL    Vélomoteur GRAND LUXE. Similaire au 53 CN, mais avec une présentation plus luxueuse.

– P 53 CHL Vélomoteur HAUT LUXE. Similaire au 53CL, la présentation est cette fois-ci encore plus luxueuse : émaillé bleu/bleu et/ou noir, garde-boue enveloppant et réservoir chromés.

– P 53 CS     Vélomoteur SPÉCIAL GRAND LUXE. Il s’agit de la version sport du 53CL. Moteur « spécial », changement de vitesse par sélecteur et échappements relevés.

Peugeot 100 P53 GS-1939
Peugeot 100 P53 CS Special 1939
Peugeot 100 P53 CN-1939
Manuel de février 1948
En 1939 le globe-trotter Robert Sexé effectue un tour d'Europe de 15 000 km au guidon du P53 pour prouver sa fiabilité.
Avec de tels bagages le P 53 de Robert Sexé devait avoir un peu de mal dans les côtes !
Peugeot proposait en 1939, cet ensemble P 53 + remorque.
Sexé lui-même prouvera l'efficacité de l'attelage.
En 1948 le 100 cm3 se transforme en triporteur avec ce 100 TN qui évoluera pus tard en 125. (archives Yves Campion)
Publicité sur plaque émaillée pour le Tri Peugeot en 1949.
Jacques Lemaître, 1,93 m aux côtés de son P53 GS de 1939, qui paraît du coup minuscule !

Courrier de Jacky Pichaud de Limoges.

Enfin retrouvé cette photo dans mon bordel ! Le possesseur de cette Peugeot était le grand (dans les 1.93m) Jacques Lemaitre. Cette 100 fut suivie d’une 515 et il devint concessionnaire Mercedes et Jaguar à Limoges jusqu’à la fin des années 70.

Pour répondre aux nombreuses demandes que je reçois sur ces modèles, Jean Boulicot, membre éminent du Rétro Motos Cycles de l'Est, vous a concocté un historique exhaustif des multiples variations et évolutions des Peugeot 100 cm3 de 1932 à 1946. P50 D 1933 Au début des années 30, la crise sévissant aux États-Unis depuis octobre 1929 se fait sentir [...]

Vintage Revival Montlhéry : l’extase ! (1)

« C’est la plus belle manifestation de motos anciennes en Europe » et ce sont les Anglais, venus en force comme d’habitude, qui le disent. Certains ont même fait la route depuis la blanche Albion avec leur moto ou voiture d’époque. Et il n’a pas que les British de cet avis, tous, participants et spectateurs, avaient le même sourire, y compris sous les grosses averses du samedi. Le Vintage Revival à Montlhéry est vraiment, et plus que jamais , LA réunion à ne pas manquer. Il n’a qu’un seul défaut : n’avoir lieu que tous les deux ans. Va falloir attendre 2021… c’est loin !

Un immense merci à Vincent Chamon et toute son équipe d'organisation.

Terrot / Magnat-Debon : L’incroyable réunion !

43 Terrot CP sous une tente, c'est fou, non ?
Jamais autant de Terrot CP n'avaient été réunies.

Chaque VRM met une marque de moto à l’honneur, c’était le tour cette année des marques jumelles Terrot et Magnat-Debon et le maître d’oeuvre de la réunion, Frédéric Soupey, a réussi un exploit incroyable. « Deux ans que j’y travaille » raconte Fred « Sur les quelques 60 CP survivantes (c’est-à-dire les versions course), nous en avons réuni 43, plus deux rares machines de motoball et tous les modèles d’avant 1914 sauf la Motorette N° 5 qui nous a fait faux bond faute de place dans son camion ! Et encore 7 autres CP étaient prévues qui n’ont pas pu venir. Trois collectionneurs ont apporté à eux seuls 34 motos, dont 15 pour l’écurie Nougier avec deux modèles récemment refaits par Claude Caucal qui effectuaient leur première sortie. On vous laisse imaginer le boulot pour mettre tout ça en place surtout pour des grosses collections apportées par un seul homme où il fallait trouver pas mal de bras disponibles. La moto la plus difficile à trouver dans les ancêtres fut la Terrot n°4 apportée par Jean-Luc Gaignard, la plus ancienne était la n° 2 de 1902 animée par un moteur Bruneau.» Modeste, le Fred, et il ne compte pas les modèles de série dans sa déclaration. Plus fort encore, il a meme réussi à devenir futur jeune père durant la préparation de la fête ! Un seul mot, BRAVO, personne n’avait jamais vu autant de Terrot course rassemblées. Dommage, puisqu’il faut bien trouver des critiques, que l’expo n’ait pas profité du dimanche pour quitter la tente et aller se montrer au soleil et que certains rares modèles aient préféré rester dans les abris personnels de leurs propriétaires.

À une version près, tous les modèles Terrot d'avant 1914 étaient présents, ici une Motorette n°2 à moteur Zedel de 1909.
On ne s'amuse pas sur la piste et cette Contrats britannique animée par un 350 JAP passe allègrement la Terrot Zedel
Réunion unique des très performantes 400 Magnat-Debon 1912 type course à culasse détachable et deux grosses soupapes culbutées. Leurs propriétaires, Daniel Tille, Pascal Moreau et Jean-Luc Gaignard, ces deux derniers découvrant avec surprise que leurs machines étaient respectivement numérotées 1304 et 1305!
Charles Moreau au guidon de la Magnat-Debon 400 type course de 1912.
Duel de deux petites sœurs, la Terrot 250 F Tourisme de 1927 devant la version FTL de 1928.
Cette Terrot 175 LCP 1934 du pilote avignonnais Léopold Barde est l'une des premières produites.
Les deux rarissimes modèles de motoball Terrot. Au premier plan une 250 OSSE de 1934.
Etonnante trouvaille chez Terrot pour son modèle d'armée 500 RATT de 1934 : trois paires de roulettes sous le moteur aident à passer les obstacles !
Rarissime dans cette version civile de 1936, la Terrot 750 VA.
Edmond Padovani, pilote et directeur technique de Terrot, modifiera sans cesse cette 175 LCP de 1937 à 1955 (ici dans son ultime version)
La Terrot 350 HSSP de 1937 dans sa finition la plus luxueuse entièrement chromée.
Nouveau trésor remonté par l'écurie Nougier, La Magnat CCP-1 d'usine de 1937 (Terrot 500 RCP-1). Une 500 à vilebrequin sur 4 paliers, carters magnésium avec pompe à huile intégrée et ressorts de soupapes en épingle.
Première sorte pour la dernière restauration de Claude Caucal et Jacky Boeuf pour l'écurie Nougier, la Terrot 250 TT de 1938 à volant extérieur construite par Padovani qui remporta sa catégorie aux Bols d'Or 1938 et 39. Trois exemplaires construits.
Magnat Debon 500 CSSE 1938. Comme pour d'autres marques les coloris pouvaient être choisis par le client.
La Magnat-Debon 500 très spéciale du motociste isérois Louis Marmonnier de 1947 à 1952 : cylindre aluminium, freins Collignon et cadre transformé avec suspension arrière.

Les motos, les cyclecars, les voitures, c’est formidable, mais le VRM c’est aussi une ambiance unique dont voici quelques images.

Hommage au très regretté Jacques Potherat, alias, l'entonnoir masqué, disparu en 2001. Passionné d'automobiles et de motos anciennes Il est à l'origine du Vintage Montlhéry.
Pour survoler l'évènement, Thierry Farges a trouvé la solution avec ce Citroën aménagé par un peintre pour saisir ses paysages en restant au sec.
La presse de la moto ancienne était dignement représentée par François-Arsène (en touriste), Bourdache et moi-même… mais les magazines spécialisés dans les vieilles n'avaient, comme d'usage, pas fait le déplacement. Trop loin ?
Ben, oui, il faut bien se nourrir.
Tenue d'époque de rigueur et pour aller d'une exposition à une autre, quoi de mieux que le vélo.
On peut aussi amener son animal de compagnie favori

Des origines à 1914 : L’affluence

La première réalisation des frères Werner en 1898 avec son moteur sur la roue avant inventa le nom de la "Motocyclette".

Qui a dit que les ancêtres ne sortaient plus ? Il suffit de leur proposer une organisation qui les aime et c’était, à Montlhéry, l’une des catégories les plus fournies. Elles ne rechignaient même pas à tourner sur le redoutable anneau où je vous jure qu’on sent fort bien les bosses avec ces pionnières. 121 ans pour la plus vieille, la Werner de 1898 avec moteur sur la roue avant qui inventa le nom de « La Motocyclette ». 2914 cm3 pour la plus grosse, la NLG (North London Garage) de 1909 recréée par le sorcier tchèque Pavel Malanik.

Le quadricycle de 1899 à moteur De Dion de Pascal Moreau effectua quand même un demi tour d'anneau avant de décaler son allumage.
On ne vit pas moins de trois De Dion en piste
La Remarquable Lamaudière et Labre de 1901 fabriquée à Levallois-Perret obtint nombre de victoires 1899 à 1902. On notera son premier prix au "concours général de l'alcool du ministère de l'agriculture" en 1901. Ça ne s'invente pas !
Version monocylindre le la Moto-Cardan de 1903 qui comme son nom l'indique a une transmission par arbre. Il y eut aussi un modèle bicylindre en V face à la route.
En 1904 cette Lurquin-Coudert de 611 cm3 type Paris-Madrid 1903 est présentée par Paul Valquenet.
La Magali tiers de litre de 1904 avec son énorme pignon réducteur.
Peugeot type H 2HP avec encore cette année là un carburateur Longuemarre.
Forecar en anglais, "tue-belle mère" en français ce Rover 430 cm3 date de 1903 et son monocylindre est à refroidissement liquide.
Non seulement Pavel Malanik réalise magnifiquement des chefs d'œuvre disparus, mais ils marchent fort. Ici avec Pavel junior au guidon.
De G à D, Pavel Malanik, le sorcier, Petr Sevcik et Pavel Malanik junior présentent leur NLG et la Laurin Klement CCC quatre cylindres.
La NLG des records en 1909 ne cube pas moins de 2714 cm3 !
Après les Anglais, de plus en plus d'Allemands et Autrichiens viennent au VRM. Cette Puch 1000 cm3 racer de 1905 était amenée par Gernot Grüber.
Quel plaisir de découvrir des marques à peine connues. Cette Simplex de 1909 à moteur Fafnir était fabriquée à Amsterdam.
La Zenith Gradua 500 de 1911 utilisait un système de poulie variable commandée manuellement pour changer de rapport.
Langue au chat, c'est la première fois que j'entends parler de Contrats 350 de 1912 à bicylindre JAP amenée par le HD racing team.
Singer ne fit pas que des machine à coudre, mais aussi cette belle 350 de 1913, tout à fait moderne en son temps.

…et la suite au prochain numéro.

« C’est la plus belle manifestation de motos anciennes en Europe » et ce sont les Anglais, venus en force comme d’habitude, qui le disent. Certains ont même fait la route depuis la blanche Albion avec leur moto ou voiture d’époque. Et il n’a pas que les British de cet avis, tous, participants et spectateurs, avaient le [...]

Rétromobile 2018: Artcurial vend 76 motos pour 2 millions

Artcurial a de quoi se frotter les mains avec 76 motos en majorité françaises et d’avant 1914 vendues pour un total de 2 042 000 € dont la Janoir 1920 en vedette à 145 000 €.

Les visiteurs en punition

Une vente tout à fait exceptionnelle, mais les pauvres visiteurs de Rétromobile étaient en revanche bien négligés. Il y avait bien sûr quelques motos éparses dans les stands, dont une Honda 6 ce qui n’est pas rien, mais désormais seuls les stands payants ont droit de cité à Rétromobile et l’organisation du salon se refuse à investir dans un plateau moto de prestige. Plus d’expo moto donc et pire, la fabuleuse collection présentée par Artcurial n’était pas accessible au public à moins d’acheter les très luxueux catalogues de la vente offerts à 100 € pour le kit autos et motos et à 40 € pour le livret de 120 pages ne concernant que les collections Guélon (les motos) et Broual. 

Unique et à la pointe des meilleures techniques de son époque, la Janoir fit flamber les prix à 154 000 €, à ma connaissance le plus haut prix jamais atteint par une moto française. (photo Artcurial-Serge Cordey)

« Gants blancs » s’écrie hilare maître Poulain, en terminant la fameuse vente de la collection de Pierre Guélon à Rétromobile. « Gants blancs », c’est l’expression consacrée des commissaires priseurs pour signifier que tous les lots ont été vendus, ce qui est assez rare a fortiori avec les sommes relevées ici.

Adjugée à 154 000 € (plus 20% de frais !) la Janoir 1920, le seul exemplaire connu de ce fabuleux flat twin à cadre tôle et suspension intégrale de 1920, restera heureusement dans sa France d’origine en rejoignant l’Auvergne. Les deux tricylindres Buchet de 1905 et Anzani de 1906 partent par contre pour l’Allemagne de concert avec la Blériot à des prix respectifs de 47 000, 70 000 et 65 000 €. Dame, ce sont des prix qui commencent à compter. Jamais sans doute autant de motos françaises n’avaient été vendues ensemble à un tel niveau :  16 des 76 lots ont été adjugés à 40 000 € ou plus. La meilleure affaire fut sans doute la Dax 350, une version double échappement dans un excellent état qui partit à 12 000 € bénéficiant sans aucun doute de l’effet de souffle causé par l’extraordinaire combat d’enchères de la Janoir qui venait juste avant. La seconde plus grosse enchère concerne le tricycle Renaux un remarquable 500 cm3 à cylindre horizontal connu pour sa performance à la course Paris-Saint Malo en 1899 soit 372 km parcourus à 52 km/h de moyenne. Il fut adjugé sur un ordre par internet à 115 000 €. Les ancêtres de 1899 à 1910 aussi rares que parfois incomplets, mais toutes dans un jus d’origine, se sont négociés aux alentours de 20 000 €, un peu moins pour les Givaudan de 1902 et Hurtu de 1904, à 10 000 € ou la Lurquin-Coudert de 1903 à  7000 €, mais les Moto-Cardan montèrent à 34 000 pour la monocylindre et à 48 000 pour la bicylindre en V face à la route, remarquable première exploitation de cette disposition du moteur. Notons encore la Rochet bicylindre en long de 1907 à 65 000 € et la Werner bicylindre parallèle face à la route (une autre première mondiale) à 25 000. Les rarissimes Werner à moteur sur la roue avant se vendirent respectivement à 34 000 € pour la première de 1897 caractérisée par son nom de Motocyclette dont les frères russes sont les inventeurs et son petit réservoir-garde-boue pour la lampe à essence chargée d’alimenter l’allumage par incandescence. La version 1898 à deux volants extérieurs ajourés type machine à coudre partit à moins de la moitié, 16 000 €, et l’ultime modèle de 1899 à volant interne ne fit que 14 000 €… Je n’arrèterai pas ce longue liste sans cite la Pernoo de 1899  à moteur Labitte en porte-à-faux derrière la roue arrière ( 40 000 €) ou la célèbre moto signée par Henri Désiré Landru en 1903 avant qu’il ne se consacre aux dépeçage et brûlage de riches veuves, s’échangea à 10 000 € offerts par un fameux restaurateur mayennais. Au chapitre des adjudications hors normes citons encore la Majestic 350 à moteur Chaise de 931 pour laquelle le marteau s’abattit à 68 000 au profit de gros acheteurs hollandais qui récoltèrent quand même plus de 17 lots ! Les prix des très rares étrangères proposées, enfin, restèrent dans la norme : 47 000 € pour la très belle Saroléa 500 Monotube ex- Chevallier une version course dans tous ses accessoires et habillages, mais néanmoins équipée d’un moteur route (qui ne diffère guère que par son numéro, ses cames et son carburateur).  96 000€ seulement ( !) pour la Brough Superior SS 680 qui pêchait par sa totale absence de numéro et 41 000 pour la Norton 500 Inter 30 de 1932.

Notes : la datation des motos est parfois approximative – Les liens en bleu renvoient aux fiches descriptives des motos

Photos F-M. Dumas/moto-collection.org sauf mention contraire

C'est Olivier Midy créateur des Midual qui l'a dit "les plus belles motos françaises sont des flat twins en long avec un cadre coque !" (photo Artcurial-Serge Cordey)
Le tableau de bord de la Janoir.
L'autre grande vedette de la vente fut ce remarquable tricycle Renaux de 500 cm3 à refroidissement liquide qui remporta les 372 km de la course Paris-Saint Malo en août 1899 à 52 km/h de moyenne. Un palmarès qui le fit vendre 115 000 € (enchère par internet).
La bonne affaire de la vente ! Cette rare Dax 350 à double échappement de 1933 ne monta qu'à 12 000 €, éclipsée par la vente précédente de la Janoir. Ce sont des Hollandais qui en ont profité et je regrette bien de n'avoir pas levé la main ! (photo Artcurial-Serge Cordey)
Rien à dire côté moto, cette Blériot 500 B20 est parfaite. Il vaut mieux car elle s'est vendue 65 k€ sur un ordre passé par internet.
Les formes du side-car de la Blériot vendue correspondent parfaitement à l'original, mais la caisse en petite lattes de bois est une refabrication (bien qu'un catalogue mentionne caisse en contreplaqué). (photo Artcurial-Serge Cordey)
Le débattement n'est pas bien grand, mais la Blériot possède quand même une suspension arrière. (photo Artcurial-Serge Cordey)
On connaît tous la Majestic dont on estime qu'il fut produit quelque 110 exemplaires dont 25 survivants sont recensés aujourd'hui. Celle-ci à châssis coque de 1931 partit à 68 k€. La voiture bleue derrière est la Rally de Georges Roy, constructeur des Majestic et New Motorcycle.
La Majestic valait 7500 F en juin 1930, mais pour l'option tableau de bord et éclairage, il fallait rajouter 1450 F.
Pour s'inscrire dans la coque de la Majestic, la pipe d'admission avait une curieuse forme coudée.
Le constructeur Georges Roy était très à l'honneur chez Artcurial avec sa voiture personnelle, une 1100 Rally très spéciale, une Majestic 350 et cette New Motorcycle 500 de 1929 adjugée à 26 k€. (photo Artcurial-Serge Cordey)
Deux Moto-Cardan ensemble, du jamais vu ! Cette unique bicylindre a maintenant un prix: 48 k€ (+ les 20% de frais habituels) et comme elle va chez un collectionneur connu qui expose souvent ses trésors, nous la reverrons bientôt..
Non, ce n'est pas Moto Guzzi qui a inventé le V twin face à la route, mais Clément Ader qui motorisa cette Moto-Cardan de 1904 à transmission acatène comme son nom l'indique.
La partie arrière du réservoir de la Moto-Cardan 250 cm3 monocylindre (vendue 34 k€) a sans doute servi de modèle pour recréer celle de la bicylindre que l'on entrevoit ici. Du beau travail dont personne ne se plaindra.
C'est la première Motocyclette (nom déposé) des frères Eugène et Michel Werner, une pièce d'histoire unique vendue 34 k€.
Aux côtés de la première version vedette de 1897, ces Werner de 1898 (à gauche) à volants externes style machine à coudre et de 1899 à volant interne, chutèrent respectivement sous le marteau à 16 k€ et 14 k€…
Belle affaire, cette Motorette Terrot à moteur ZL 2,5 HP et carburateur Longuemarre adjugée à 7000 €
Un bien beau jus pour cette Peugeot de 1920 avec son side-car Peuple à caisse en osier, vendue 24 500 €. (photo Artcurial-Serge Cordey)
Moteur entrainant directement la roue arrière comme sur la Georgia Knap, dans la roue avec Lumen, servant de tube arrière du cadre sur la Lamaudière-Labre, ou classique à la place du pédalier comme Werner l'a breveté, tout a été essayé et même le moteur en porte-à-faux arrière testé par Labitte sur cette ancestrale Pernoo qui remporta les 100 km d'un Étampes-Chartres en 1899.
Ouf ! La belle roue Lumen avec son petit moteur culbuté se vendit 11 500 € à un jeune collectionneur qui enchérit maintes fois sans que rien ne reste dans ses prix. La Georgia Knap de 1903 à droite partit à 27 k€. Cher car une autre Knap deux ans plus vieille n'atteignit que 10 k€. Serait-ce parce qu'elle n'avait pas de pneus ?
Il manque bien quelques éléments sur cette Landru à moteur Renouard, mais le célèbre Jean-Luc Gaignard a craqué (pour 19 k€ quand même). Bon plan, cela signifie qu'on la verra brûler les planches sans tarder.
Pour 48 k€ âprement discutés, ce tri Automoto à moteur maison de 1900 repartait avec vous. La belle 350 Dax est derrière.
Réunion jamais vue de deux tricylindres, Buchet de 1905 au premier plan à 47 k€ et Anzani de 1906 à à 70 k€. Elles émigrent vers l'Allemagne. (On rappelle pour mémoire qu'Anzani travailla chez Buchet avant de créer sa propre usine.)
Les deux petites Adolphe Clément (1902 à 1903) à moteur 145 cm3 culbuté partirent à 10 000 € chacune pour la Hollande.
Cette ABC 400 dans un jus exceptionnel, une des premières faites en France en 1920, s'échangea à 24 000 €. (photo Artcurial-Serge Cordey)
Les Sarolea 500 monotubes sont aussi belles que rares et côtées. Parfaitement d'origine, bien que son moteur soit une version route, celle-ci, forte du palmarès du coureur grenoblois Chevallier, se négocia à 47 k€. (photo Artcurial-Serge Cordey)
Artcurial a de quoi se frotter les mains avec 76 motos en majorité françaises et d’avant 1914 vendues pour un total de 2 042 000 € dont la Janoir 1920 en vedette à 145 000 €. Les visiteurs en punition Une vente tout à fait exceptionnelle, mais les pauvres visiteurs de Rétromobile étaient en revanche bien négligés. Il y [...]

Peugeot vers les sommets en 1932.

“La moto qui, dans l'armée, a remplacé le cheval, pouvait bien, à mon avis, remplacer en montagne, le mulet”, déclarait Antoine Peugeot en annonçant sa décision de partir à l'assaut d'un des sommets des Alpes au guidon d'une petite 220 cm3 P110. Pour réaliser ce projet, Antoine allait donc inventer en quelque sorte la moto de [...]

Automoto 350 A18 spéciale ACT

Salon de Limoges 2016 : l'Automoto 350 A18 simple ACT, spéciale Daniel Marsot. Y en a je vous jure qui ont deux mains droites et que rien n'arrête. Ne cherchez plus, cette Automoto A18 à simple ACT entraîné par chaîne n’a jamais été au catalogue. C’est simplement comme ça que Daniel Marsot répare ses motos ! Menuisier, [...]