Les coques d’Eric Offenstadt #1

Dans les années 70, quelques artisans constructeurs français apportent une foison d’idées nouvelles dans le monde de la compétition, On se souvient des réalisations d’Alain Chevallier, de Claude Fior, de Bernard Doulhiole, Jean-Bertrand Bruneau « JBB »… et de celles d’Eric Offenstadt, qui, repartant d’une feuille blanche, tenta sans complexes de réinventer la moto de course avec des réalisations parfois surprenantes.

Yves Kerlo, qui fut à cette époque très impliqué dans la course et connu entre autres pour les pots de détente qu’il fabriquait pour de nombreux coureurs, se consacre aujourd’hui à la restauration de quelques unes des motos qui marquèrent cette époque. Il vient de terminer celle d’une des BUT à cadres coque conçues par Eric Offenstadt. Une sacrée aventure que je le laisse raconter avec l’humour caustique qui le caractérise et vous allez voir que restaurer une moto de collection, a fortiori, une moto de course quasi unique comme celle-ci, réclame beaucoup de patience, de la méthode… et un certain savoir-faire.

Les sources des photos illustrant cet article ne sont pas toujours connues et certaines sont extraites des magazines ayant présenté les BUT. Toutes mes excuses aux ayants droits qui ne sont pas cités, je corrigerai ce manque avec plaisir s’ils se font connaitre.

F-M.D

Une des 3 BUT construites, celle qu’Olivier Chevallier avait essayée en novembre 78 à Karland, a retrouvé ses couleurs originales.

Coques en stock…

Au départ de ce récit, il y a au mois de mai 2021 une vente aux enchères à Autignac, près de Béziers. Jean-Paul Toncou récupérateur compulsif, avait accumulé au fil des ans une certaine quantité de motos et voitures, dont une série très intéressante de motos françaises de compétition, Godier-Genoud, Pernod, Fior, Chevallier, But… Toutes dans leur jus, jamais restaurées.

Eric De Seynes, toujours à l’affut de ce type d’engins, m’avait mandaté la veille de la vente pour aller repérer sur place, loin de sa base normande, celles qui, pour lui, pouvaient présenter un réel intérêt, ainsi que l’état dans lequel elles se trouvaient. Il fit le lendemain l’acquisition, entre autres, d’une des deux motos BUT mises en vente. Celle retenue avec son sticker BUT était dans un piteux état, mais quasi complète, dans son jus d’un dernier roulage, pas comme la seconde avec une coque transformée, incomplète et assemblée avec des éléments disparates.

La BUT telle qu'achetée à la vente est complète, mais vous allez voir qu'il faut un certain travail pour la remettre "prête à courir".

La vente Ossenat organisée près de Béziers montre bien l’environnement et l’état de la machine lors de son extraction.

Restauration…

Comme la restauration de cette moto m’était confiée pour qu’elle redevienne roulante, je me suis attelé, avant de commencer les travaux, à remonter le fil, trouver des archives, rencontrer les acteurs concernés, bref à reconstituer l’histoire. Cette vente nous avait permis dans un premier temps de découvrir qu’il y avait eu trois BUT fabriquées avec la dernière version de la coque aluminium mécano-soudée : Les deux de la vente aux enchères et celle déjà restaurée par Gérald Armand quelques années auparavant.

Pour essayer de bien saisir la génèse, il faut presque remonter au siècle dernier ! Eric Offenstadt, après une courte carrière automobile, avait alors imaginé et fait fabriquer plusieurs motos avec des châssis coque aluminium autour de moteurs Kawasaki. Machines qu’il a utilisées en Grand Prix avec un certain succès entre 1971 et 1973.

La période 1971 à 1973 a vu plusieurs versions des coques Offenstadt. On y voit ses motos équipées de moteurs Kawasaki 3 cylindres au hasard des épreuves, en 350, 500 ou 750. Celle de 1973 est particulière car équipé d’un 500 Kawasaki twin réalisé avec un moteur 750 amputé d’un cylindre, le tout réalisé par le mécanicien d’Eric, Garry Carrera (image 4).

Un peu d’histoire…

Il avait aussi pour projet avoué de commercialiser ce type de moto de vitesse et, comme elles étaient trop chères à fabriquer, il s’est dirigé fin 73 vers une autre solution avec des coques toujours en aluminium, mais cette fois en fonderie. Il y eut même un début de collaboration avec l’usine Motobécane en 1974, mais cette dernière commençant son déclin, le projet avait rapidement été stoppé.

Une trentaine de coques de fonderie ont été fabriquées entre 74 et 78. La commercialisation fut aussi dispersée que chaotique avec des destinations allant de la125 aux motos d’Endurance. En 1978 Eric, qui a convaincu les magasins d’ameublement But de le sponsorer, revient à des coques en aluminium mécano-soudées moins lourdes et plus facilement évolutives que la précédente version en fonderie. Laquelle coque de fonderie fut quand même, entre autres participations, engagée à plusieurs reprises au Bol d’Or, avec parfois son concepteur au guidon.

La période allant de 1974 à 1979 a permis à Eric d’équiper des motos assez différentes avec sa coque « universelle » en fonderie, allant des 125 Yamaha de Jacky Hutteau (.4 ) et 125 Morbidelli pour Laurent Gomis ( 5), en GP 500 avec Hervé Guilleux (10) comme au Bol d’Or avec son concepteur au guidon (8). La capacité à Eric de convaincre des décideurs à le suivre a toujours été un de ses points forts, Motobécane (7) ou BHV (8). La But eut même les honneurs de Paris-Match (11).

Avant de restaurer, il faut reconstituer l’historique

Pour revenir au sujet qui nous intéresse le plus documenté en la matière est Alain Cueille, membre très actif pendant pas mal d’années de l’équipe Smac-HO-BUT, et il nous a bien guidé pour reconstituer l’histoire. C’est dans son atelier, que les motos BUT ont été construites en 1978 et 1979. Eric Offenstadt n’ayant plus de locaux, l’équipe avait rapidement dû migrer vers cet atelier, situé dans les bois près du circuit de Montlhéry. Eric une fois de plus, avait été très efficace pour attirer dans ses filets des sponsors, joliment appelés « partenaires ». Les frères Houzé pour la partie moteur, puis les Magasins d’ameublement BUT afin de participer aux Championnat du Monde 500 avec une moto française. Hé oui, rien que ça ! Il faut savoir que pour corser l’affaire, le moteur était lui aussi « relativement innovant », un bicylindre de 480 cm3 autour de pièces Yamaha, avec quatre carburateurs…tout un programme.

En 1978, le pilote Jean-Claude Hogrel est choisi pour rouler sur ces motos, mais les débuts furent difficiles, voire très difficiles et il fallut souvent utiliser l’ancienne coque de fonderie avec un moteur moins développé, pour respecter les engagements pris avec BUT.

A la fin de l’année 78, une seconde coque ayant été construite entre temps malgré ces errements, Eric a tout de même convaincu Olivier et Alain Chevallier de venir essayer ses motos sur le circuit de Karland, près de Montpellier. En dépit de quelques soucis techniques rencontrés durant ces essais, les frères Chevallier ont malgré tout choisi d’utiliser cette moto avec sa version 350 pour la saison 79.

Retour aux coques en tôle aluminium soudées avec les but BUT- HO, l’arrivée de la fourche en fonderie usinée, mais surtout de son moteur « 500 » dérivé d’un 400 Yamaha RD. Commenter les images me parait inutile, elles parlent d’elles mêmes ! (Extraits de Moto-Journal)

Une carrière sportive marquée par les problèmes techniques

La collaboration fut de très courte durée devant les difficultés rencontrées, aussi bien avec les moteurs qu’avec la partie-cycle, et les frères Chevallier reprirent rapidement leurs Yamaha TZ copieusement transformées. Le matériel BUT laissé à l’abandon fut confié à Hervé Guilleux à la fin de l’année 1979 pour une seule et unique participation au GP de France avec une 4e place à la clef ; une performance qu’il faut relativiser car obtenue suite à de nombreuses chutes des autres participants et assez loin du vainqueur.

Il s’en est suivi une saison 1980 pour Hervé Guilleux avec deux des BUT construites, mais sans résultat digne de ce nom.

Les motos restèrent sans rouler pendant deux années pour terminer leur vie sportive en 1984 aux mains de Didier Vuillemin pour quelques courses nationales françaises.

Quelques rares pilotes sesont succédés au guidon de la version mécano-soudée de 1978 à 1980, Jean Claude Hogrel, Olivier Chevallier, Hervé Guilleux, Jean-Paul Boinet et accessoirement Didier Vuillemain en 1984 en Championnat de France.

Voilà pour l’historique, dans le prochain chapitre Yves Kerlo vous racontera les plaisirs et cauchemars de la restauration.

A suivre…

 

 

 

Dans les années 70, quelques artisans constructeurs français apportent une foison d'idées nouvelles dans le monde de la compétition, On se souvient des réalisations d'Alain Chevallier, de Claude Fior, de Bernard Doulhiole, Jean-Bertrand Bruneau "JBB"... et de celles d'Eric Offenstadt, qui, repartant d'une feuille blanche, tenta sans complexes de réinventer la moto de course avec [...]

Avalanche de Vincent au Café Racer Festival 2019 !

Rare la Vincent ? On aurait pu croire le contraire ce week-end à Montlhéry où près de 70 de ces prestigieuses machines vrombissaient au Café Racer Festival pour rendre hommage à Patrick Godet, le spécialiste mondial de la marque, récemment disparu. Des premières séries-A du milieu des années 30 aux ultimes Vincent-Egli préparées course, en passant par une rarissime 500 Grey Flash homologuée pour l’usage sur route, toutes les versions et variantes étaient là pour notre plus grand plaisir. Une concentration comme on n’en avait jamais vue.

photos © François-Marie Dumas/moto-collection.org – les plus petites s’agrandissent en cliquant dessus.

Près de 70 Vincent  sur l'anneau mythique de Montlhéry. Du Jamais vu !
Près de 70 Vincent sur l'anneau mythique de Montlhéry. Du Jamais vu !

Tour de chauffe.

70 Vincent font chanter leur moulin sous un soleil torride, une épreuve pour les pilotes en cuir comme pour les moteurs (non) refroidis par air ! … et cela a duré un bon quart d’heure.

Aux côtés des versions course et sport cette Black Knight de 1955 dérivée de la Black Shadow et entièrement carrossée en polyester est venue par la route.

Les Vincent des débuts à aujourd’hui

Histoire en bref : Howard Raymond Davies, HRD, crée sa marque en 1924. Elle est rachetée en 28 par Philip Vincent qui y associe son nom.L’ingénieur Phil Irving conçoit le célèbre moteur à arbre à cames surélevé en 1931 et la première HRD-Vincent à l’utiliser est la 500 Comet en 1931 (ici dans sa version 1937). Elle est suivie par la 1000 série A bicylindre qui annonce déjà 45 ch et 175 km/h, puis les 1000 Rapide séries B et C… et ce n’est qu’un commencement. La 1000 Vincent sera la première moto de série à dépasser le cap des 200 km/h et ses versions les plus puissantes moissonneront les records.

Compteur maxi pour un tableau de bord minimaliste et iconique.
HRD-Vincent 500 Comet 1937
La Vincent Grey Flash était la version course de la Comet, mais quelques unités furent livrées homologuées et équipées pour la route en 1951.
La Grey Flash et son heureux propriétaire posent pour Denis Boussard, talentueux photographe de Café Racer. On ne peut que vous engager à vous précipiter sur le prochain numéro du magazine pour voir ses autres clichés… et plein d'autres choses.
Ultime version coursifiée de la Vincent Egli et son pilote qui se masse les cervicales n'est autre que Fritz Egli junior.

Hommage à Patrick Godet

Patrick s’est battu pendant quarante ans pour que continue à vivre les Vincent. Il nous a aujourd’hui quitté, mais Godet Motorcycles poursuit sa route et mérite bien une petite page de réclame.

Pour une somme non négligeable d'euros, Godet Motorcycles transformera ça…
… en ça. Et si vous n'avez pas d'épave à restaurer, ils peuvent aussi vous en faire une neuve à partir de 85 000 €
Dûment licencié pour la fabrication des Vincent, Godet Motorcycles vient de finir il y a moins de deux semaines cette 1330 cm3 Black Lightning, le fleuron sportif de la marque.

Merci, les Vincent, car il faut avouer qu’à part elles, les motos historiques sinon anciennes n’étaient pas légion cette année et leurs quelques représentantes bien peu mises à l’honneur dans les allées  « secondaires ». On y a quand même admiré un beau plateau d’italiennes de prestige des années 60 : 500 Paton et 500 Linto bicylindres, et Aermacchi Ala d’Oro (grazie, signor Nibart), une superbe 175 Ducati Sport de 1960 et, dans le « 1924 », cet étrange batiment ovale en métal poli, une belle exposition de Triumph et de quelques café racers des années 70 qui semblaient sortir du magasin.

Joli clin d'œil préparé par la concession Triumph de Saint-Lô qui a réhabillé une Bonneville T120 de 2019 pour fêter le cinquantenaire de la première Bonneville née en 1959. Bravo l'artiste. Je suis conquis.
… et cette toute première mouture de la Bonneville en 1959, était justement là, dans le pavillon "1924". Le fameux carénage de phare en nacelle ne séduisant pas le public sportif, il disparaît l'année suivante. Cette version spéciale préparée par Stan Hailwood courut aux 500 miles de Thruxton en 1959.
Sauf erreur, cette Magnat-Debon 350 BD de 1937 sortie de grange était la plus ancienne moto du plateau.
Bel état d'origine pour cette Kawasaki 650 W1 SS de la fin des années 60.
Pas mal non plus cette 650 OSE, mais cette inspiration de BSA est basée sur la version de la Kawasaki apparue en 2008.
Classique et de bon goût, une Honda 750 Rickman du milieu des années 70.
Le stand de l'atelier chartrain Twin Passion était éclairé par cette superbe Ducati 175 Sport de 1960 coursifiée avec un compte-tours Veglia et le double frein avant Amadoro qui équipait la version F3.
Encore un beau bits d'époque comme savaient le faire les britons, la Dresda 650 Triton de 1965
En france aussi, les années 70 avaient leur café racers, comme cette Honda 750 Martin, par exemple.
Retour de la fourche parallélogramme sur une Honda 1000 CBX, mais mono bras pour ne pas faire simple
Japauto fêtait en grandes pompes son cinquantième anniversaire avec un bel éventail de toutes ses productions.
Tout autour de la grand place, dix superbes podiums mettaient en valeur des café racers déjà mythiques, ici la Voxan Black Magic de 2008 dessinée par Sacha Lakic.
Rare la Vincent ? On aurait pu croire le contraire ce week-end à Montlhéry où près de 70 de ces prestigieuses machines vrombissaient au Café Racer Festival pour rendre hommage à Patrick Godet, le spécialiste mondial de la marque, récemment disparu. Des premières séries-A du milieu des années 30 aux ultimes Vincent-Egli préparées course, en passant [...]

Toutes les motos à moteur rotatif Wankel

Le précédent et long article sur les Norton à moteur rotatif m’a valu beaucoup de courrier et nombre de compléments d’enquête sur les autres motos à moteur licence Wankel, une bonne raison pour établir une liste aussi exhaustive que possible, de tous les constructeurs ayant testé cette technologie.

L’Allemagne de l’Ouest et de l’Est, l’Angleterre, le Japon, la France même par délégation avec le Van Veen à moteur Citroën Comotor, tous les grands pays producteurs, à l’exception semble-t-il de l’Italie, se sont laissés tenter par les promesses du moteur de Felix Heinrich Wankel, et encore, ne parle-t-on ici que des motos, car bien d’autres expériences ont eu lieu dans d’autres domaines, des tondeuses à gazon aux générateurs en passant bien entendu par les automobiles dont Mazda est le plus persévérant représentant. (Toute l’histoire du moteur Wankel en automobile sur le site Lignesauto : ICI)

Plus de dix marques de moto ont testé le Wankel de 1951 à 1995

Les dates indiquées sont approximatives. On sait quand ont été dévoilées ces études et on connaît les dates de production des versions commercialisées, mais il est impossible de savoir quand ces développements ont débuté et certains sont restés secrets.

NSU : 1951 – 1956

On résume. Le 20 décembre 1951, la société de Felix Wankel à Lindau se lie par contrat au services R & D de NSU (qui ne fabrique alors que des motos) pour étudier un moteur à piston rotatif. De ses travaux naît début 1954, un moteur rotatif avec une chambre épitrochoïdale (en forme de huit) qui fonctionne suivant le cycle à quatre temps. Dans ce moteur, connu sous l’acronyme DKM (DrehKolben motor), le rotor interne en triangle et son cylindre en huit tournent sur des axes séparés à l’intérieur d’un carter. Cet ensemble n’est pourtant pas prévu comme un moteur, mais comme un compresseur. Il est utilisé pour la première fois en 1956 sur le moteur ZW 50 développé par NSU, une fabuleuse mécanique dont l’admission et l’échappement latéraux passent par des distributeurs rotatifs ; l’étanchéité est assurée par les mêmes matériaux céramiques développés par Félix Wankel pour le rotor de son moteur rotatif. De 15 ch en version atmosphérique le ZW passe à 20,4 ch à 16 000 tr/min avec ce compresseur Wankel et peut atteindre 20 000 tr/min. Grâce à lui le cigare de record NSU bat plusieurs records du monde en catégories 50 et 75 cm3 le 9 août 1956 en atteignant 196 km/h sur le lac salé de Bonneville aux États-Unis.

En février 1957, un premier prototype de ce Wankel utilisé cette fois comme moteur est installé sur un banc d’essai par le département R&D de NSU à Neckarsulm. Cet NSU/Wankel DKM 54 d’une cylindrée équivalente 125 cm3 donne une puissance au banc de 29 ch à 17 000 tr/min, mais sa conception à rotor extérieur (DKM) est bien peu propice au montage sur un véhicule de série. En 1958, NSU abandonne le DKM pour un train planétaire KKM (Kreiskolben motor) beaucoup plus simple, développé par Hanns Dieter Paschke. Le carter extérieur ou stator est alors stationnaire et le piston ou rotor tourne sur son arbre excentré. Ce moteur KKM 125, la base de tous les moteurs type Wankel qui vont suivre, est testé au banc en juillet 1958 avec une puissance qui va de 21 ch/8000 tr/min à 30 ch/14 000 tr/min. Hélas, si le moteur tourne bien, la moto tourne mal ! NSU qui était encore en 1955 le n° 1 mondial avec une production annuelle d’environ 300 000 motos subit de plein fouet la crise (ses ultimes motos sortiront en 1963). En 1964, la production motocycliste totale de toutes les firmes de l’Allemagne de l’Ouest n’est plus que de 240 000 unités (50 cm3 + motos). Dès 1955/56, les bureaux d’études de NSU se tournent vers l’automobile avec la Prinz qui sauvera la firme et sera la première automobile à moteur rotatif.

MZ – 1960 – 1965

Le constructeur de l’Allemagne de l’Est achète la licence Wankel en 1960 et construit cette même année son premier prototype avec un monorotor à refroidissement liquide logé dans la partie cycle de l’IFA BK 351 avec une transmission par arbre. Cinq ans plus tard est présenté une moto beaucoup plus aboutie avec un monorotor de 175 cm3 refroidi par air greffé sur le bas moteur d’une ES 125/175. Le projet est abandonné, mais il faillit bien avoir une suite fin 2008. MZ qui a été mis en liquidation en 1991, a été ensuite repris en 1996 par le Malais Hong Leong Industries qui ferme à nouveau les portes de l’usine de Zschopau en 2008.  Une ultime tentative de reprise est alors étudiée avec la société Wankel AG (repreneuse en 2002 l’ancienne société Wankel en faillite) spécialisée dans les petits moteurs rotatifs pour avions légers et karts qui tente de monter un plan de restructuration avec l’aide du gouvernement local pour produire une moto sportive à moteur Wankel. L’entreprise tourne court.

Norton : 1969 – 1992

BSA, d’abord, puis Norton et le groupe NVT arrivent très péniblement à commercialiser une moto à moteur rotatif après des années de développement. Toute l’histoire est dans mon précédent article sur ce blog et dans les fiches sur l’Interpol et la F1 de 1990.

Sachs- Hercules : 1970 – 1978

Sachs-Hercules qui vend aussi ses produits sous label DKW fut le second acheteur de la licence Wankel le 29 décembre 1960. Il est le premier constructeur à mettre sur le marché une moto dotée de ce moteur, la W 2000 animée par un monorotor refroidi par air initialement conçu pour une moto-neige. Les premiers prototypes sont dévoilés en 1970 au salon allemand de Cologne avec une transmission secondaire par arbre. La version définitive, avec une transmission finale par chaîne, est présentée au salon de Cologne fin 1973 et commercialisée de 1974 à 1978 avec des évolutions mineures, dont un frein avant à disque en 1975 et un graissage séparé pour les derniers 199 exemplaires (les premiers marchaient au mélange comme les deux temps). « Gut für 100,000 km » annonçait la publicité, il ne s’en vendit pourtant que 1800 exemplaires et l’outillage de production fut revendu à Norton. On note au passage qu’il y eut même une version enduro sur la base de la même mécanique qui participa au Six Days Trophy à l’Ile de Man en 1975 et un Sachs Wankel développé pour la course fort de 50 chevaux au banc.

Honda – Kawasaki : 1970 – 1976

Honda et Kawasaki ont eux aussi développé des prototypes sur base du moteur Wankel au début des années 70, mais ces expériences sont que des prototypes d’étude. L’expérience Honda est restée à un tout premier stade avec un monorotor refroidi par air hâtivement adapté sur un bas moteur et un châssis de 125 K5 sur un prototype A16 CRX fin 1972. Le projet X99 de Kawasaki, réalisé vers 1976 sur un chassis et habillage de Z650, est beaucoup plus évolué avec un bi-rotor à refroidissement liquide. Il est conservé au musée privé de l’usine où j’ai pris ces photos.

Van Veen : 1972 – 1978

L’Hollandaise Van Veen fait ses premiers tours de roues en 1972 et annonce déjà 100 ch au banc avec un moteur Mazda logé dans une partie cycle de Guzzi. Considérablement plus élaborée, la version définitive dévoilée au salon de Cologne de 1974 est dotée d’un moteur bi-rotor Comotor 624 de Citroën GS refroidi par eau et huile. Elle est commercialisée en 1978 et sera chronométrée à 213 km/h. Elle ne se vendra qu’à 38 exemplaires seulement entre 1978 et 1981.

Yamaha : 1972 – 1973

La très élégante Yamaha RZ 201 présentée fin 1972 au salon de Tokyo aurait pu répliquer à la Suzuki RE-5. Bien inspiré, Yamaha s’abstint de la lancer en série une production pourtant toute prête. Plus évolué que celui de la Suzuki qui n’avait qu’un seul rotor avec une admission périphérique, le Yamaha était un bi-rotor doté d’une admission latérale alors.

Suzuki : 1973 – 1977

La Suzuki RE-5 monorotor (siglée RX-5 lors de sa présentation au salon de Tokyo en 1973), fut un échec cuisant qui faillit mener Suzuki à la faillite. Lourde, encombrante, peu maniable et peu performante (62 ch pour 230 kg à sec), elle était desservie par une consommation excessive et une esthétique trop originale (ne serait-ce que par son tableau de bord et son feu arrière englobés dans de curieux cylindres). Elle souffrit aussi de maints problèmes techniques et il ne s’en vendit en France que 96 exemplaires.

Ural – Dnepr – IZH : 1974 – 1989

Ural comme Dnepr ont également tenté l’aventure du rotatif. Le très actif site dnepr.ural.free.fr auquel j’emprunte les photos publiées, donne peu de renseignements sur le prototype Ural, mais Dnepr développa toute une série de prototypes à partir de 1974.  Le premier type RD-501B en 1974 avec un rotatif monorotor de 495 cm3, copie sans licence du Wankel. Il annonce 38 ch à 6300 tr/min. En 1985 apparaît une RD-660 de ligne très moderne animée cette fois par un bi-rotor refroidi par air de 660 cm3 fort inspiré par Norton/NVT et doté d’une transmission par chaîne.  Deux ans plus tard, en 1987, la RD 515 reprend le modèle du Sachs monorotor en lui ajoutant un refroidissement liquide qui lui permet d’atteindre 50 chevaux. Il est accouplé à une boîte et une transmission acatène de Dnepr. La version RD 517 reprend apparemment la même mécanique avec une apparence modernisée avec des roues en alliage léger. La Rotor V-500, enfin, ultime tentative dans le rotatif semble utiliser le même moteur de 50 ch peint en noir et encagé dans un habillage délibérément moderne avec petit tête de fourche et selle biplace à dosseret. De beaux efforts qui témoignent d’une réelle volonté de l’entreprise soviétique de s’aligner sur le marché international. Cette belle tentative restera malheureusement au stade du rêve ; Dnepr déjà pauvre, avait misé sur le mauvais cheval en se ruinant comme ses congénères dans l’entreprise. On verra aussi en 1989 la Rotor-Super, une étonnante réalisation entièrement carénée, signée par IZH, le plus ancien constructeur de moto soviétique créé en 1929.

Pas mort, le rotatif ?  

Quelques ingénieurs continuent à rêver à ce moteur plus simple, plus léger et plus compact, Crighton en Grande Bretagne travaille sur sa CR700P racing qui annonce 200 chevaux, un couple de 135 Nm à 9500 tr/min et un poids record de 136 kg tandis qu’en France Furion motorcycles developpe sa M1, une étonnante super sport hybride avec un Wankel associé à un moteur électrique. Le moteur Wankel n’est décidément pas mort et sa compacité pourrait bien lui donner un nouvel avenir justement dans les véhicules hybrides.

Photos F-M. Dumas, archives moto-collection.org et usines, archives Wilhelm Herz, sites web : dnepr.ural.free.fr, moto-station.com, crighton-racing.com, furion-motorcycles.com, et divers sites historiques sur le moteur Wankel dont je m’excuse de n’avoir pas noté l’adresse.

Cliquer sur les photos pour accéder au diaporama et aux légendes

Le précédent et long article sur les Norton à moteur rotatif m’a valu beaucoup de courrier et nombre de compléments d’enquête sur les autres motos à moteur licence Wankel, une bonne raison pour établir une liste aussi exhaustive que possible, de tous les constructeurs ayant testé cette technologie. L'Allemagne de l'Ouest et de l'Est, l’Angleterre, [...]

La Kawasaki 250 KL 1978 par Micou

Michel Montange alias Micou, grand spécialiste de la balade tout chemin et des trails des années 70-80, vient de publier sur YouTube une video de sa dernière virée dans l’Aubrac au guidon d’une rare Kawasaki KL 250 de 1978 à l’état neuf (non restaurée). Un bel avant-goût de vacances.

 

Michel Montange alias Micou, grand spécialiste de la balade tout chemin et des trails des années 70-80, vient de publier sur YouTube une video de sa dernière virée dans l’Aubrac au guidon d’une rare Kawasaki KL 250 de 1978 à l’état neuf (non restaurée). Un bel avant-goût de vacances.  

Coupes Moto Légende 2015 : C’est trop !!!

C’est toujours la même chose aux Coupes Moto Légende, il y en a trop. Quasi impossible de tout voir … les stands, le paddock pour les motos d’exception, les démos sur la piste, les clubs… Usant, je vous dis, mais tellement bon !  Photos © FMD/moto-collection.org  Les liens en bleu ouvrent une nouvelle fenêtre avec la […]