Les 23 et 24 juin prochains, le Café Racer Festival exposera quelque 25 motos ayant battu des records à Arpajon et Montlhéry. Parmi elles, la NSU 250 Sportmax, version course de la 250 Supermax, qui obtint de fantastiques résultats avec rien de moins que le titre en 250 au Championnat du monde 1955 et pour finir une série de records de Pierre Monneret sur l’anneau de Montlhéry en 1956.
Championne du monde en 250 en 1953 et 54 avec Werner Haas sur la Rennmax bicylindre double arbre et, en 125, avec Werner Haas en 1953 et Ruppert Hollaus en 1954, l’usine NSU domine ces deux catégories et est en bonne voie de s’octroyer également le titre en 350 avec une version spéciale de la Rennmax (55,9 x 60 mm contre 55,9 x 50,8). Le sort en décide, hélas, autrement. Ruppert Hollaus se tue sur sa Rennfox, lors d’essais à Monza en 1954. La marque perd ainsi son pilote leader. Batilsburger, autre pilote d’usine est sérieusement blessé au GP d’Allemagne et H.P. Müller, qui a 45 ans, doit se retirer en fin de saison. C’en est trop. Avoir manqué les deux derniers GP de 1954, NSU annonce son retrait officiel de la compétition. Exit la Rennmax, vive la Sportmax !
Parallèlement aux bicylindres usine, NSU et son ingénieur Karl Kleinbach ont cependant travaillé dès fin 1953, sur un monocylindre sportif basé sur les 250 Max et Supermax de série dont un prototype remporte la dixième place du GP d’Espagne fin1953. Le modèle de préproduction fait ses débuts en mai 1954 à Hockeinheim avec Walter Reichert, le pilote d’usine en charge du développement. Il ne faut pas se fier aux apparences, cette version course, qui ressemble extérieurement aux Supermax, comporte bon nombre de pièces spéciales et son cadre comme sa fourche sont empruntés aux 125 Rennfox et 250 Rennmax. NSU en vend les premiers exemplaires à des pilotes allemands de renom qui les utilisent sur leurs circuits nationaux avec une exception, Georg Braun, qui, en août 1954 place sa Sportmax à la deuxième place du Grand Prix de Suisse, derrière… la NSU bicylindre Rennmax de Ruppert Hollaus. Il n’y eut fort peu de Sportmax produites en 1955 (17 ou 34 selon les sources), dont l’une aux mains du vétéran Hermann P. « Happy » Muller qui remporte le Championnat du monde 1955 en dépit de la farouche opposition des MV Agusta. Et de trois titres pour NSU !
Une curiosité, les Sportmax ont une pédale de sélecteur à droite (la majorité des pilotes sont britanniques !) alors que les Supermax, comme toutes les motos allemandes, ont le sélecteur à gauche. Meilleure 250 de son temps la Sportmax reste l’arme absolue jusqu’en 1958 où Hailwood se classe 4eau Championnat du monde avec sa Sportmax rachetée à John Surtees et repeinte en rouge sous les couleurs de « L’Écurie Sportive ». En course, on verra les plus grands noms à son guidon parmi lesquels Sammy Miller, Reg Armstrong et la Sportmax récoltera aussi une impressionnante moisson de records sur l’anneau de Linas-Montlhéry.
Le 21 décembre 1955 Florian Camathias et son passager Maurice Bula en catégorie 250 cm3 avec side-car (une simple troisième roue en l’occurrence) inscrivent 16 records du monde d’endurance à leur palmarès depuis les 50 km à 142,6 km/h de moyenne jusqu’aux 1000 km à 139,3 km/h de moyenne.
Pierre Monneret déjà fort d’une série de records battus en octobre 1955 revient en 1956 sur l’anneau avec sa 250 NSU Sportmax personnelle préparée par l’usine. En équipe avec son père Georges Monneret, ils vont pulvériser 8 records du monde. Pierre bat le record de l’heure à 190,4 km/h de moyenne (le précédent avec Guzzi à compresseur de Tenni à 180 km/h datait de 1938) puis, en relais avec son père, les records sur les 50 et 100 km, 50 et 100 miles, jusqu’aux 500 km couverts à 166,28 km/h de moyenne. La NSU sera même chronométrée sur un tour à 198 km/h.
Au cours des années suivantes, un nombre important de moteurs et de kits de transformation pour la machine de série sont aussi vendus à des pilotes privés, et les NSU dites Sportmax fleurissent, avec des préparations qui ne sont pas toutes d’égale qualité. C’est pire encore aujourd’hui où l’on voit de tout dans les Sportmax des collectionneurs de bonne ou de mauvaise foi. Le somptueux réservoir en alu martelé ne suffit pas à transformer une Supermax en Sportmax ! Regardez plutôt attentivement le cadre qui doit avoir une partie arrière en tôle emboutie caractéristique, le sélecteur en principe à droite, les fixations de carénage, la sortie de compte-tours, à gauche et non à droite et, surtout, l’énorme frein avant double came très spécifique.
On vit également des “Sportmax” en tout terrain grâce à la naissante coupe d’Europe. NSU commercialise en effet pour sa Supermax GS d’enduro (annoncée pour 20 ch et 143 km/h), un kit « Sportmax » avec pistons haute compression, arbre à cames et culbuteurs spéciaux et une série de pignons de sortie de boîte. Les utilisateurs les plus fameux en cette discipline furent le Belge Alex Colin et le Britannique Brian Stonebridge qui monta le moteur teuton dans une partie cycle Greeves pour la saison 1958.
Fiche technique
Bloc-moteur monocylindre – 247 cm3 – (69 x 66 mm) – 28 à 30 ch/9 000 tr/min – Simple ACT actionné par deux biellettes sur excentriques – 2 soupapes / ressorts en épingle – Carburateur AMAL Ø 28/30 mm – Allumage batterie-bobine – Boîte 4 ou 5 rapports – Embrayage à sec – Commande des vitesses à droite – Cadre monocoque en tôle emboutie soudée – Suspensions av. fourche en tôle emboutie à roue poussée et amortisseurs hydrauliques internes, ar. bras oscillant et amortisseurs hydrauliques – Pneus av. 2,75 x 18, ar. 3,00 x 18 – Freins av. double came Ø 200/260 mm, ar. Ø 190 mm – 116 kg – Environ 210 km/h avec carénage intégral.