Salon de Lyon 2022 : l’expo Lino Tonti

J’enrage ! le compte rendu à la taille de l’évènement que je me promettais de faire pour cet extraordinaire Salon du 2 Roues à Lyon s’est vu drastiquement réduit par une stupide perte de mémoire informatique de mes documents. Les deux plus grands perdants de cet accident ont été l’exposition Guzzi qui méritait pourtant beaucoup de photos. Pour se rattraper on peut revenir sur l’article publié ici sur les cent ans de la marque  de Mandello del Lario il y a quelques semaines.En revanche l‘expo en hommage à Lino Tonti qu’Alain Nibart et moi avions concoctée est totalement passée à l’as ; j’y reviens donc aujourd’hui avec quelques vues prises avec l’iPhone d’Alain et d’autres photos obligeamment prêtées par le photographe officiel du salon, David Marnier, que je remercie vivement.

Pour d’autres photos de ce salon grandiose, je ne saurais trop vous conseiller de visiter le site Flickr de mon ami Mike Ricketts qui vient de publier deux premières série sur les marques de A à L, les marques de M à Z,  les Yamaha TZ et sur les side-cars .

Lino Tonti : L’ingénieur de tous les défis

On connaît beaucoup d’ingénieurs spécialisés dans la course, ou les scooters ou les utilitaires, et généralement liés à une marque, parfois deux. Lino Tonti est leur contraire, de 1939 aux années 80, cet ingénieur aussi discret que brillant, a marqué toute l’industrie italienne de la moto, travaillé pour toutes les grandes marques et créé leurs plus grands succès en motos utilitaires, comme en machines de Grand Prix, de course ou de record. Il représente à lui seul un demi-siècle d’histoire de la moto italienne.

La Linto 500 créée en 1957
Lino Tonti a conçu en 1961 les 350/500 bicylindres Bianchi, un concept qu'il continue de faire évoluer en 1966 sous le label Paton (PATtoni - TONti)
La moto-scooter Dama, dont je vous ai déjà longuement parlé, faisait à Lyon l'une de ses premières apparitions publiques et son curieux moteur intrigua fort les visiteurs.
Lino Tonti a construit cet exemplaire unique de l'exubérante Marilina, pour son voyage de noces ! Retrouvée en pièces et à l'état d'épave, elle a été reconstruite par Alain Nibart assisté de Dominique Secco.
Les trois Aermacchi de Tonti, au fond, le Monsone qui s'illustra aussi aux ISDT, au milieu le 125 Cigno sorti en 1951 et en avant, la 250 Bicilindrica, où deux moteurs de 125 sont accouplés.
Aussi à l'aise dans l'élaboration de petits utilitaires que dans celle des motos de course, Lino Tonti a réalisé les premières motos Aermacchi, Cigno, puis Monsone en 125 cm3 deux temps.
Chez Moto Guzzi à la fin de sa carrière, Lino Tonti crée successivement la V7 Sport, la V 1000 Convert et la V50.

Après des études d’ingénierie aéronautique, il débute chez Benelli en collaborant avec Giuseppe Benelli en personne pour la réalisation de la formidable 250 quatre cylindres à compresseur et de la 500 quatre cylindres de 1939.

Dans l’immédiat après-guerre, il crée son propre bureau d’études et sa propre marque Linto (pour LINo TOnti) et s’illustre dès 1949 avec un monocylindre quatre temps de 75 et 100 cm3 à double ACT entraîné par cascade de pignons. En 1956, ces deux versions du moteur seront utilisées par Aermacchi sur un cigare de records, le Siluro. Qui atteindra 167 km/h en 75 cm3 piloté par Massimo Pasolini, le papa de Renzo, l’un des pilotes star des Grands Prix.

Lino Tonti a entre-temps quitté les doubles ACT de records pour créer un sympathique scooter à grandes roues à moteur deux-temps, le Linto 125 Cigno qui peut se transformer en sportive grâce à un réservoir « repliable » sur l’avant du cadre. Acheté par Aermacchi le projet est commercialisé en 1951 sous le nom de 125 N Cigno et se double l’année suivante d’une version M Monsone doté d’un gros réservoir type moto. Il équipera l’équipe Aermacchi aux ISDT. Toujours chez Aermacchi, Lino Tonti conçoit en 1952, la 250 Bicilindrica deux temps qui sera la première vraie moto routière de la marque.

En 1954, Lino Tonti s’en servira comme base pour réaliser pour son usage personnel, la Linto 250 Marilina, une moto totalement fantasmagorique à l’esthétique inspirée par les automobiles américaines de l’époque. Un rêve, mais pas seulement puisque l’ingénieur utilisera cette moto pour partir en voyage de noces !

Revenu à son propre bureau d’études Tonti étudie un scooter à grandes roues d’une incroyable modernité, la Linto Dama qui se distingue par un bloc moteur boîte ultra compact avec un moteur central 4 temps culbuté à cylindre horizontal et transversal et une transmission par arbre et cardans. Il en sera construit trois prototypes différents, dont un en version moto, mais ni Aermacchi, ni les autres industriels contactés ne donneront finalement suite. L’exemplaire exposé ici est le seul survivant.

Nouvelle collaboration et retour à la compétition en 1956 avec la FB Mondial 250 bicylindre. Mondial arrête la compétition en 1957, mais, obstiné, Lino Tonti crée avec Giuseppe Pattoni, la marque Paton (PATonni- TONti) avec une 175 double ACT sur base Mondial en 1958 puis une 250 bicylindre.

La même année Lino Tonti est engagé par Bianchi chez qui il réalise en 1958 la 400 Raspaterramonocylindre double ACT, l’une des plus fameuses machines du motocross. Passant du coq-à-l’âne, Tonti est ensuite l’auteur en 1960 des scooters Bianchi Bibi et Orsetto, puis d’une très réputée moto militaire, la 350 MT 61 en 1961 qui servira de base pour réaliser la 400 Raspaterra de motocross à double ACT. Tonti crée la même année les 350/500 Bianchi bicylindres de Grand Prix qui évolueront en 1966 sous label Paton.  Brièvement passé chez Gilera, Tonti y conçoit une 125/150 cm3 qui sera l’un des plus grands succès commerciaux de la marque la Gilera 125 5V. Il collabore également avec Giuseppe Salmaggi pour la réalisation de la 500 bicylindre quatre temps B50 qui est présentée au salon de Milan en 1967, mais ne sera jamais commercialisée.

Cette même année 1967, c’est sous sa propre marque que Tonti crée la Linto 500, basée sur l’accouplement de deux moteurs de 250 Aermacchi qui se distinguera maintes fois en particulier aux mains de Gyula Marsovski (la machine exposée à Lyon) 2e au championnat du monde 500 derrière Agostini en 1969.

Lino Tonti termine ensuite son tour des grands constructeurs italiens chez Moto Guzzi qu’il rejoint en 1973 et chez qui il va concevoir ce qui est sans doute sa plus fameuse réalisation le 750 V7 Sport en 1971 première machine de grande série contrôlée à plus de 200 km/h. Il est ensuite l’auteur de la V1000 Convert à convertisseur hydraulique et boîte deux rapports puis, sous l’ère De Tomaso, de la Guzzi/Benelli 250 quatre cylindres, qui est bien la seule des quatre cylindres de cette période à n’être pas qu’une simple copie des Honda mais une réelle réalisation maison qui, outre son moteur, se distingue par une carrosserie entièrement en plastique injecté. Enfin, l’ultime création de Lino Tonti et, non des moindres est la 500 V50 sortie en 1979 qui une fois encore cumule les nouveautés techniques.

Né en 1920, Lino Tonti s’est éteint en 2002 après avoir travaillé jusqu’à l’aube des années 90.


Découvrez 500 motos, 2000 fiches et leurs histoires Moto Collection c'est aussi un site !
Découvrez 500 motos, 2000 fiches et leurs histoires
www.moto-collection


Pour compléter cet article avec des photos, merci de me joindre sur info@moto-collection.org

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

One thought on “Salon de Lyon 2022 : l’expo Lino Tonti

  1. nibart dit :

    lino a plutôt lâché la rampe en 2002