La Mobylette électrique de 1972 : 47 ans trop tôt !
Alors que nous fêtons cette année les 70 ans de la Mobylette née en 1949, Moto-collection.org revient sur un prototype né 47 ans trop tôt dans l’usine de Pantin : Une Mobylette électrique, en 1972. Toutes les grandes usines de deux et quatre roues planchent aujourd’hui sur le sujet avec des choix techniques qui ne sont d’ailleurs guère plus évolués (sinon moins) que ce projet trop en avance sur son époque.
Les prototypes ont ceci de passionnant qu’ils peuvent finir aux oubliettes ou connaître un phénoménal succès suivant leur date de présentation. Présentée à la direction en pleine crise du pétrole, cette très intéressante Mobylette électrique, étudiée en 1972 par Éric Jaulmes, directeur technique de Motobécane, ne sut pourtant la décider à s’investir dans sa fabrication. Sage décision, sans doute car le marché n’était pas prêt à accepter une telle nouveauté et encore moins les jeunes que Motobécane envisageait de séduire.
La grande astuce de ce prototype était d’économiser le démarrage. Pour éliminer cette manœuvre, fort gourmande en énergie, le prototype était pourvu d’un capteur, dans le moyeu de roue avant, qui ne mettait le moteur sous tension qu’à partir de 4 à 6 km/h atteints à la force des jarrets. Ce dispositif évitait également de caler le moteur en lui demandant un effort trop important. Autre grosse économie de poids, les batteries qui, en 1972, ne pouvaient être que de classiques et fort lourds accumulateurs au plomb : « Pourquoi donc surcharger un véhicule léger de batteries de 300 Ah ayant des grilles internes et des cosses de grosse dimension ? », m’expliquait alors Éric Jaulmes. « Nous avons gagné 35% de capacité en modifiant deux batteries de Citroën DS (les premières à ne pas avoir un lourd bac en bakélite, mais un bac mince en plastique) et en employant un câblage court en faible diamètre ».
Hyper moderne en son temps et réalisé spécialement par Novi, filiale de Motobécane, sur le cahier des charges établi par Éric Jaulmes, le moteur plat, prenait place derrière les batteries. Selon les prototypes construits, il transmettait sa puissance à la roue soit par une courte chaîne directe soit par l’intermédiaire d’une boîte automatique Shimano à deux rapports (double transmission à courroie avec double embrayage centrifuge). Le cadre ouvert à berceau inférieur très large avait aussi pour rôle de protéger les batteries lors d’une chute éventuelle.
Comme la plupart des prototypes de la marque, la Mobylette électrique est maintenant en bonne place au musée Motobécane & village des métiers d’antan à Saint-Quentin qu’on ne saurait trop vous conseiller de visiter.
Fiche technique : Moteur plat à aimants permanents et collecteur radial 1 kW, 24V, 1,5 kg – 2 batteries au plomb de 12 V- Cadre treillis tubulaire et embouti – Freins av. à patins, ar. à tambour – Env. 40 kg – 60 km d’autonomie – 45 km/h