Laverda 1000 V6 – 1977-2017

La trop courte carrière de la seule moto V6 de l’histoire

Laverda fait sensation au salon de Milan de 1977 en présentant côte à côte sa 500 Formula bicylindre destinée à une coupe monomarque et la fabuleuse 1000 cm3 V6, qui cumule à peu près toutes les nouveautés technologiques de son époque, à commencer par son 6 cylindres en V, premier, et jusqu’ici seul du genre, dans l’histoire de la moto. La belle ne vit pourtant qu’une seule épreuve, le Bol d’Or 1978. L’interdiction en 1979 des plus de quatre cylindres en Endurance signe sa fin et accélère celle de l’usine qui avait tant investi dans ce projet.

Photos © FMD/moto-collection.org – Cliquer pour les agrandir et accéder au diaporama avec les légendes.

Un peu d’histoire 

Moto Laverda est créé en 1949 à Breganze dans le Veneto par Francesco Laverda qui veut diversifier sa production de machines agricoles. Durant presque vingt ans, la marque produira des petites cylindrées de 75 à 200 cm3 qui se forgeront une belle réputation sportive avec, entre autres, de remarquables succès au Tour d’Italie et au Milan-Tarente. La moto-engin-de-transport rentre hélas rentre dans sa plus noire période au début des années soixante. Réactifs et visionnaires, Francesco Laverda assisté par son fils Massimo décide alors de totalement s’investir dans la moto de grosse cylindrée, un clan très fermé. Le prototype de la 650, fortement inspiré par les Honda 300 cm3 CB 77 nées deux ans auparavant, est présenté au salon de Londres 1966. La moto est commercialisée en 1968 et vite déclinée, avec le succès que l’on sait, en 750 dans ses versions GT, S, SF et SFC. Grisé par ce succès, Laverda ne cache dès lors plus son rêve de détrôner les quatre cylindres japonais avec une moto encore plus puissante et sportive. Ce sera la très originale et performante 1000 trois cylindres qui apparaît en 1973. Ambitieux et passionnés, Massimo et Piero Laverda, les fils de Francesco, qui ont repris les rênes de l’usine vont tenter un impossible pari. En dépit des ennuis financiers qui commencent, ils demandent à Giulio Alfieri, le père des célèbres mécaniques V12 Maserati, de concevoir l’un des plus sophistiqués moteurs de moto de jamais réalisé, un six cylindres en V auquel Laverda veut donner un image en course d’endurance avant d’en extrapoler des motos de série. Les investissements réalisés sont énormes, les finances de l’entreprise sont au plus bas, et ce challenge est un peu le pari de la dernière chance.

La Laverda V6 racontée par ses  créateurs

Dévoilée au salon de Milan 1977, la Laverda 1000 V6, le seul six cylindres en V de l’histoire de la moto réunit sans concessions les techniques les plus avancées de son temps. Un moteur unique et une partie cycle à la pointe du progrès avec en particulier une suspension arrière à monoamortisseur horizontal sous le moteur travaillant en compression. Elle n’est pourtant qu’un premier prototype et Laverda ne voulant pas à juste titre développer conjointement un moteur et une partie cycle tout nouveaux, va se concentrer sur la mécanique abandonnant son innovante suspension arrière. En avril et août 1978, j’ai eu le privilège de rencontrer à l’usine Laverda de Breganze, le célèbre ingénieur motoriste Giorgio Alfieri, Luciano Zen et Piero Laverda les créateurs de cette fabuleuse machine. 

Giulio Alfieri est certes un des grands motoristes italiens de l’après-guerre, mais son expérience motocycliste est très limitée. Présenté trop tôt, sans doute, le superbe prototype qui fait sa révolution au Salon de Milan 1977 se comporte bien côté moteur lors des premiers essais, mais le cadre révèle de gros problèmes de rigidité avec de bien  mauvaises réactions de la parie arrière. Une nouvelle partie cycle est rapidement étudiée avec une suspension arrière conventionnelle et les premiers essais sont encourageants, mais le temps est compté avant le Bol d’Or ou Laverda veut faire son entrée en septembre 1978. Jugez-en par les photos que j’ai prises à l’usine de Breganze en avril pour le moteur au banc et en août avec d’ultimes modifications demandées par Luciano Zen pour le carénage qui grevait la garde au sol. Il ne reste plus qu’un mois avant le Bol et la V6 y arrivera sans même avoir pu peaufiner ses essais! Dans les ateliers de l’usine Piero Laverda, Luciano Zen le directeur technique et le motoriste Giulio Alfieri, font le point lors de nos rencontres en 1978 de leurs espoirs et de l’avancement des travaux ainsi la naissance du V6 et leurs espoirs. Luciano Zen : «Techniquement, la solution du V6 était la plus tentante. Elle nous a séduits dès le départ et nous avons fait appel pour ce faire à Giulio Alfieri, l’ingénieur le plus célèbre dans ce domaine. ». Ce six cylindres en V à 90° est disposé longitudinalement. Il a des soupapes peu inclinées (14° à l’admission et à l’échappement comme… la 1200 V-Max V4 de Yamaha !) et un refroidissement liquide. La construction fait irrémédiablement penser à la série ; pas de magnésium (sauf pour les roues), ni de titane ni d’autres matériaux exotiques. Luciano Zen avouait d’ailleurs, un sourire malicieux aux lèvres lors de notre interview en 1978 : « C’est pour très bientôt ! Nous avons un projet qui reprend le moteur de la machine d’endurance. Une moto ainsi conçue pèserait environ 240 kg, mais resterait très maniable et facilement utilisable ». On admire les conditionnels. En tout cas, maints détails, en particulier l’aspect des carters moteurs de la V6 d’Endurance, prouvent que la série était bel et bien prévue au programme. Il en sera hélas autrement. «La technique de la moto 6 cylindres est encore toute jeune et il faut tout inventer » confie Piero Laverda, alors directeur général ; mais lui et son directeur technique, Luciano Zen, sont convaincus que le V6 supplantera le quatre cylindres à court terme « Ses plus gros avantages sont la faible cylindrée unitaire et le parfait équilibrage. Quant au poids, il n’est guère plus élevé et cette 1000 n’avoue que 200 kg avec huile, mais sans essence. C’est lourd, direz-vous, mais le plus important n’est ni le poids ni l’emplacement le plus bas possible du centre de gravité, mais surtout la concentration des masses autour du centre de gravité et leur bonne répartition. Notre V6 répond très bien à ces critères et est très maniable. »

“Le V6 Laverda est dérivé du 2,7 l que j’avais dessiné pour la SM Citroën” explique Giulio Alfieri qui résume brièvement (et en français !) son impressionnante carrière. « J’ai commencé à travailler sur les motos chez Innocenti Lambretta avec des machines de record et en particulier la Lambretta 250 bicylindre en V. Ensuite je suis rentré chez Maserati (NLDR : rappelez-vous la fameuse Bird-Cage Type 64 à moteur V12 de 1962) puis j’ai travaillé chez Citroën sur le projet SM. Actuellement, je suis directeur de production de Honda Italie et je ne fais plus que de très rares visites chez Laverda pour suivre l’évolution du moteur. Pour le moteur proprement dit, le passage de l’auto à la moto n’a posé aucun problème particulier. Le V6 Laverda est dérivé du 2,7 l que j’avais dessiné pour la SM Citroën. La seule petite différence était d’éliminer les effets du couple de renversement propres aux moteurs disposés dans l’axe de la moto. Nous l’avons réalisé d’une manière tout à fait classique en faisant tourner l’embrayage en sens inverse du vilebrequin. Le gros problème avec ce moteur très puissant (140 ch à 11 000 tr/min) restait les effets de sa transmission par arbre : une force verticale sur l’arrière de la moto dont nous avons réduit au maximum les effets néfastes en adoptant un très long bras oscillant ancré très en avant sur la boîte de vitesses. Nous avions pensé évidemment à une partie cycle beaucoup moins classique, par exemple à une direction de même type que sur la Elf prototype et quelques autres solutions comme la suspension arrière à amortisseur unique sous le moteur, présentée au salon de Milan, mais comme on dit ici “qui met tout au four en même temps se brûle” et nous avons trouvé sage de partir sur des solutions classiques. Le reste sera pour plus tard.

Cette partie cycle est très simple. Le moteur est porteur avec un petit treillis tubulaire supportant la fourche et un simple tube supérieur rejoignant la boîte à l’arrière. Nous avons effectué des essais avec divers types de pneumatiques en particulier des gros pneus de 16′ (arrière 3,75/600 x 16′), mais, dans un premier temps, nous reviendrons peut-être à de classiques 18 pouces pour le Bol d’Or » (NDLR Nous sommes alors en avril 1978). Luciano Zen prend le relai et parle de la partie cycle :  «Que la moto se soulève à l’accélération est un phénomène normal qu’un rallongement du bras aurait dû réduire. La solution idéale eut été un parallélogramme comme sur les premières MV des années 50, mais nous avons réalisé un bras oscillant très renforcé (NDLR : très lourd) et beaucoup plus long qui permet d’en masquer les effets et évitera à la petite équipe de défricher le terrain d’une technique encore méconnue, le principe du V6 suffit pour l’instant.  Ce long bras avec ses faibles variations angulaires a aussi conduit à abandonner la superbe suspension arrière du prototype de 1977 à mono amortisseur sous le moteur travaillant en compression. Nous y reviendrons peut-être lorsque le V6 sera au point ».

Un autre phénomène inquiète l’équipe : le pneu arrière a une sérieuse tendance à partir rapidement en lambeaux du côté droit, celui qui justement travaille le plus sur les circuits qui tournent le plus souvent dans le sens des aiguilles d’une montre. La raison invoquée est que la roue tend naturellement à tourner autour de l’arbre de transmission et qu’il en résulte un cisaillage du pneu au niveau du sol. Pas de remède connu, sauf adopter une boîte transversale qui est d’ailleurs en projet comme le révèle le livre de Jean-Louis Olive et Piero Laverda. En l’attendant, il faudrait réduire le couple sur la roue en allongeant les rapports internes et en raccourcissant le braquet final ou éloigner l’arbre du point de contact avec le sol, à savoir monter une roue de plus grand diamètre. De fait, le phénomène semblait empirer lors des essais réalisés avec une roue de 16 pouces en lieu et place de la 18 pouces finalement choisie.

La course

La lourde V6 se qualifie pourtant très honorablement dans ce Bol d’Or 1978. Pilotée par Cereghini et Perugini, elle est l’une des plus rapides du plateau en vitesse pure, au niveau des Yamaha OW 31 et loin devant la Honda RCB comme elle en fait la démonstration sur la ligne droite du Castellet avec un chrono record à 278 km/h. Une belle avance qu’elle perd totalement dans les virages où elle reste lourde et peu maniable. Comme ses créateurs le craignaient après les premiers essais la transmission ne tient pas le choc et la V6 abandonne après 7 heures 20 de course à cause d’un croisillon de cardan prenant du jeu en sortie boîte. Tous les espoirs sont pourtant permis, ce Bol était considéré comme un premier test pour une moto qui n’avait d’ailleurs pas roulé sur circuit depuis ses dernières modifications et l’épreuve avait joué son rôle en permettant de définir tout de qui pêchait, en premier lien la boîte qui devait être remplacée par une boîte transversale type F1 assortie d’une transmission par chaîne. Hélas, le clap de fin arrive par surprise en février 1979 où la FIM informe Laverda que les six cylindres ne seront plus admis en course d’endurance à dater de la saison suivante, une catastrophe pour l’entreprise qui, lourdement endettée par ce projet, ne s’en relèvera pas. Laverda dépose son bilan début 1987 et arrête totalement son activité en 1988. Surprise, en 1994, la Nuova Moto Laverda, créée sous l’égide d’investisseurs japonais et établie dans une nouvelle usine à Zane non loin de Breganze, présente une réplique de la mythique 1000 V6 réalisée avec des pièces subsistantes. Il est prévu, disent-ils, une prochaine production de 50 exemplaires commercialisés au prix astronomique de 90 millions de Lires (équivalent à plus de 75 000 de nos euros du jour). L’annonce restera malheureusement sans suite. Dommage, car la 1000 V6 Laverda reste toujours, sauf erreur de ma part, le seul V6 de l’histoire de la moto. Une place qu’elle semble vouloir garder, car Honda qui présenta un superbe prototype X Wing à moteur V6 en 1999 au salon de Tokyo, ne semble pas décidé à passer à l’acte.

LAVERDA 1000 V6 – Formule 1 sur deux roues Il fallait un livre pour rendre hommage à cette moto mythique et unique qu’est la 1000 V6 Laverda. Il a été magnifiquement réalisé par Jean-Louis Olive, collectionneur passionné de la marque et déjà auteur de « Laverda de Légende » aux éditions ETAI et Piero Laverda, qui fut directeur de l’usine aux côtés de son frère Massimo, et qui emmène et pilote aujourd’hui les fameuses Laverda orange dans toutes les réunions de motos classiques.

Laverda 1000 V6 – Formule 1 sur deux roues par Jean-Louis Olive, Piero Laverda en auto-édition avec l’association Laverda Corse.

Édition standard : 50 euros – édition luxe : 150 euros. À commander, en français ou en anglais, sur le site  orangedition.com

La trop courte carrière de la seule moto V6 de l’histoire Laverda fait sensation au salon de Milan de 1977 en présentant côte à côte sa 500 Formula bicylindre destinée à une coupe monomarque et la fabuleuse 1000 cm3 V6, qui cumule à peu près toutes les nouveautés technologiques de son époque, à commencer par son 6 cylindres en V, premier, [...]

Collection Chapleur sauvée

Daniel et Jean-Baptiste Chapleur, fils et petit-fils du créateur de la collection Maurice Chapleur.

Daniel et Jean-Baptiste Chapleur, fils et petit-fils du créateur de la collection Maurice Chapleur.

C’est officiel, vient de me confirmer Jean-Baptiste Chapleur qui depuis des mois remue ciel et terre pour sauver la collection unique réunie par son grand-père Maurice Chapleur, la collection Chapleur est enfin sauvée dans des conditions plus que raisonnables.  Une affaire très juteuse pour la mairie d’Amneville qui devrait retirer quelque 2 millions d’Euros de la vente entre la collection, 1,5 M€, et le terrain, 0,5 M€. Un beau profit qu’elle ne mérite guère vu ses agissements passés.

C’est un retour au bercail ou presque pour la fameuse collection dont Alexandre Michel, PDG de la société  de transports Transalliance s’est porté acquéreur pour le même montant de 1,5 M€ proposé par le premier acheteur. Les 206 pièces recensées de la collection Chapleur seront dans un premier temps exposées au public dans le domaine du circuit automobile de Chennevrières géré par la société Passeport-Prévention filiale Transalliance. Il est prévu qu’elle déménage ensuite dans les anciens locaux du séminaire de Menil-Flin à 18 kilomètres du Château de Lunéville d’où elle est originaire.

Bonne nouvelle donc et immense soulagement de voir cette belle partie de notre patrimoine motocycliste rester entière et accessible au public. La vigilance s’impose toutefois car la collection n’est pas vendue à un musée national garant de sa conservation, mais à un organisme privé qui peut à tout moment se défaire de tout ou partie de la collection.

Le Républicain Lorrain d’aujourd’hui 1er juillet, vient d'ailleurs d’en faire état.

Le Républicain Lorrain d’aujourd’hui 1er juillet, vient d’ailleurs d’en faire état.

C’est officiel, vient de me confirmer Jean-Baptiste Chapleur qui depuis des mois remue ciel et terre pour sauver la collection unique réunie par son grand-père Maurice Chapleur, la collection Chapleur est enfin sauvée dans des conditions plus que raisonnables.  Une affaire très juteuse pour la mairie d’Amneville qui devrait retirer quelque 2 millions d’Euros de la […]

Favor: la moto clermontoise

Jean Malleret, Auvergnat pur jus comme Favor, retrace avec talent et une grande précision toute l’histoire de cette marque clermontoise qui produit durant 70 ans, de 1904 à 1975, des vélos, des moto, des cyclos et quelques autres engins. Une petite firme, certes, mais un exemple très représentatif de ces mi-assembleurs, mi-constructeurs qui, des années 1900 à la quasi-extinction de notre production nationale vers 1960, ont constitué une part importante de notre passé motocycliste.

Cliquer sur les photos pour les agrandir et afficher leurs légendes

La production de ces petits couturiers de la moto n’avait rien à voir avec celle des géants qu’étaient Peugeot, Gnome & Rhône, Terrot ou Motobécane, mais ils étaient souvent plus novateurs, plus réactifs et leurs succès dans nombre d’épreuves d’endurance ou de vitesse témoignent de leur vitalité.

Au travers de Favor que raconte si bien Jean Malleret, ressort toute l’histoire du bassin industriel auvergnat ou une bonne dizaine de marques œuvraient pour la moto, et beaucoup plus encore si on considère le Triangle d’or formé par Clermont-Ferrand, Mâcon et Saint-Étienne où assembleurs et constructeurs avaient à leur disposition un invraisemblable panier de sous-traitants.

Ah, qu’il serait passionnant de faire un jour une comparaison de la production motocycliste et de son évolution dans notre Triangle d’or avec celles de la région de Birmingham en Grande-Bretagne, de Nuremberg en Allemagne et de Milan en Italie, voire même d’Hamamatsu au Japon… des environnements et des circonstances économiques souvent similaires, des débuts identiques et une évolution différente. Pourquoi ? Comment ? L’étude reste à faire. En attendant les réponses à ces questions, revenons à Favor qui naît dans notre beau cocon industriel auvergnat en 1898.

Le label de la marque apparaît pour la première fois en 1909 sur des pneus pour cycles et motocycles. Les frères Guillaume, héritiers du créateur, mettent leurs premiers vélos sur le marché en 1919 ainsi que des Vélocimane, tricycles essentiellement destinés aux handicapés de l’après-guerre. La première moto Favor est réalisée en 1923 avec une bien modeste 125 à moteur Chevillard. Favor restera fidèle et collaborera avec ce motoriste de Montrouge jusqu’en 1939. La gamme s’élargit d’année en année, vite soutenue par de nombreuses participations aux grandes épreuves d’endurance populaires à l’époque comme le Paris Nice. En 1929, Favor commercialise ses premiers quatre temps avec des moteurs 350 JAP à soupapes latérales ou Blackburne à soupapes culbutées. L’année suivante apparaît une autre 350 animée cette fois par une mécanique signée Favor et conçue en collaboration avec Chevillard : un 350 cc quatre temps à culasse borgne et distribution latérale. En 1929 le haut de gamme est une étonnante 350 K à transmission par arbre jamais commercialisée et remplacée au salon 1930 par la 350G toujours à transmission par arbre, mais sur la base d’un bloc Staub (voir les photos et leurs légendes). Favor utilise ensuite des mécaniques Zurcher et JAP. Un vélo électrique est même présenté en 1932, mais la technologie de l’époque en fait un engin fort peu viable et le prototype construit reste unique… dommage, le concept avait 80 ans avance ! Après la période de vaches maigres de la fin des années trente Favor et la guerre, la petite firme clermontoise, renaît en 1946 avec un vélomoteur animé par un AMC tout aussi auvergnat. Il se double même bientôt d’une 250 tandis que la marque se lance dans le 50 cc qui va devenir son dernier bastion. Les débuts se font avec des moteurs français Le Poulain puis Lavalette et Alter avant que Favor ne s’associe fin 1959 avec Benelli pour utiliser sur sa gamme le brillant 50 cc à trois vitesses. Favor a entre-temps tenté de relancer sa production en se regroupant en 1955 avec deux autres voisines Gima à Chartoire et RSI Mototbloc à Vichy. Hélas cet accouplement de trois marques moribondes ne pouvait mener à rien et un an plus tard Favor ne produit plus que des 50 cc. Après un long déclin sa production s’arrète au tout début des années 70. Voilà pour l’histoire en bref, mais j’espère bien que ce rapide survol vous donnera envie d’en savoir plus avec le livre de Jean Malleret.

Bravo à Jean Malleret pour cette œuvre. Précise, exhaustive, agréable à lire, très largement illustrée, avec, ce qui est malheureusement rare dans ce type de bouquin à tirage limité, une excellente qualité d’impression. Un seul regret, le format réduit qui joint à l’abondance de documents a conduit à des photos en très petite taille. On ne peut pas tout avoir, et le bon côté du sa petite taille est que ce bel ouvrage ne vaut que 20 € (plus 5 € de port/emballage). On peut le commander en libraire ou, mieux, chez l’auteur qui en plus vous le dédicacera. Affaire à saisir, le tirage est limité.

FAVOR : Une histoire clermontoise par Jean Malleret

110 pages –  Format « à l’italienne » 24 x 16,6 cm –  Éditions des Vals d’Allier – ISBN978-2-36348-006-4

Jean Malleret, 20 avenue Guyot Dessaigne, 63730 Plauzat. email:  jean.malleret@laposte.net

Jean Malleret, Auvergnat pur jus comme Favor, retrace avec talent et une grande précision toute l’histoire de cette marque clermontoise qui produit durant 70 ans, de 1904 à 1975, des vélos, des moto, des cyclos et quelques autres engins. Une petite firme, certes, mais un exemple très représentatif de ces mi-assembleurs, mi-constructeurs qui, des années 1900 [...]

Vichy Classic : les copains d’abord

Rencontre sur l’aérodrome de Vichy Charmeil les 24 et 25 juin 2017 : Je ne vous parlerai ici ni du circuit, ni de l’organisation, mais c’était une bonne occasion de revoir les copains et une autre d’admirer quelques raretés à ne pas manquer, comme cette réunion de deux Koelher Escoffier 1000 respectivement de 1927 et 1928, la Koehler Escoffier 350 type Georges Monneret de 1936, l’Alcyon 350 à ACT championne de France en 1935, l’AMC 175 double ACT de 1950, etc. Peu d’ancêtres, mais que des exceptions sous le soleil.

 

Koehler Escoffier 1000 de1927 et 28

Exceptionnelle réunion de deux 1000 Koehler Escoffier (sur les sept connues !). Cette photo côte à côte permet de noter les différences entre la version de 1927, au fond et la 1928. La 1927 a une partie cycle Koehler typique avec une fourche avant à roue poussée et amortisseur télescopique, tandis que la 1928 dotée d’une partie cycle Monet Goyon (comme sa plaque constructeur) a une suspension conventionnelle à parallélogramme et un cadre qui diffère sur nombre de détails. Elle est aussi dotée d’un tambour avant plus gros et de deux carburateurs (une option d’époque).

Koehler Escoffier 1000 -1928

Pour pouvoir utiliser la 1000 Koehler Escoffier sur route son ancien propriétaire suisse (ici au guidon) l’avait équipée de quatre volumineux silencieux à queues de poisson.

Koehler Escoffier 350 GP - 1936

La Koehler Escoffier 350 à arbre à cames en tête et cylindre vertical est créé en 1932 par Raymond Guiguet. Elle fut 4 fois champion de France avec Georges Monneret, la dernière fois en 1937 avec cette version dotée depuis 1936 d’une suspension arrière coulissante.   Koehler Escoffier 350 GP - 1936

Jean-Marc Brionnet au guidon de sa Koehler Escoffier 350 ACT de 1936, l’une des machines de course françaises les plus titrées de l’avant-guerre.

Koehler Escoffier 350 GP type Monneret 1936

Double ressort de soupape en épingle sur la 350 Koehler Escoffier.

Alcyon 350 Zurcher ACT 1935

Cette rarissime et unique Alcyon 350 à moteur Zürcher à ACT ne vécut qu’une saison, en 1935, où elle court aux mains de Balsa et Robert Vasseur dit Willing et remporte le Championnat de France des constructeurs dans sa cylindrée.

Alcyon 350 Zurcher ACT 1935

René Bayssat, le mécano heureux délégué à la maintenance des rares motos de Jean-Marc Brionnet, nous montre qu’il sait aussi s’en servir avec l’Alcyon 350 de 1935. DS Malterre 175 AMC 2ACT 1953 Tout aussi rare ce 175 cc à double ACT concocté par Jean Mathieu pour AMC en 1953 est monté dans une partie cycle de DS Malterre à suspension arrière oscillante. DS Malterre 175 AMC 2ACT 1953 Une superbe mécanique avec deux ACT entraînés par arbre vertical, couple conique et cinq pignons pour relier les deux arbres à cames. Aermacchi_7472 Le club des Aermacchi très dignement représenté et Alain Nibart en pleine séance de fâcherie avec sa combinaison ! Aermacchi 250 Ala d'Oro Stradale 1963 Alain Nibart en pleine forme sur son Aermacchi Ala d’Oro 250 Stradale de 1963. Dupond et Dupont Il paraîtrait aux dernières nouvelles qu’il ne s’agit pas de Dupond et Dupont comme le laissent croire les moustaches sous les visières de casque, mais de Douniau et Diep. Excelsior 350 Manxman 1938-110 Bernard Escallier en démo sur sa 350 Excelsior Manxman de 1938. Guzzi 500 Falcone Et jean-Pierre Hagmann sur sa Guzzi 500 Falcone qui se console des caprices de la Scott 600 Squirrel qu’il avait aussi amenée. Terrot 250 OSSG 1934 Jacqueline Soupey sur sa Terrot 250 OSSG de 1934 défend vaillamment l’honneur de la gent féminine pas vraiment représentée au guidon des ancêtres. Terrot 500 RSSE 1939 Et en attendant la version course RCP de ses rêves, Fred Soupey s’acharne consciencieusement à limer ses repose-pieds de sa Terrot 500 RSSE de 1939.  

Rencontre sur l’aérodrome de Vichy Charmeil les 24 et 25 juin 2017 : Je ne vous parlerai ici ni du circuit, ni de l’organisation, mais c’était une bonne occasion de revoir les copains et une autre d’admirer quelques raretés à ne pas manquer, comme cette réunion de deux Koelher Escoffier 1000 respectivement de 1927 et 1928, la [...]

La hongroise pliable d’Endre Zolnay!

Ah une moto pliable à mettre dans son coffre de voiture pour les vacances !… Vous en rêviez ? Et bien l’Hongrois Endre Zolnay l’a fait, lui.

Notre bon hongrois connu par ailleurs pour un mécanisme de machine à calculer. invente sa drôle de moto en 1924. Devenu constructeur indépendant cinq ans plus tard, il brevette son invention le 4 octobre 1930 et en lance la production qui se limitera malheureusement à quelques exemplaires.

Le cadre-caisson en tôle pliée ne pèse qu’une quinzaine de kilos et rejoint directement les supports de la fourche avant à l’axe de roue arrière. Il est articulé dans sa partie basse au niveau de la selle de sorte que toute la partie arrière qui contient moteur, roue et transmission peut se replier vers l’avant, jusqu’à mettre ses deux roues l’une contre l’autre. La moto ainsi pliée est ridiculement petite et peut se ranger n’importe où, même à plat. Le moteur est un deux temps de 98 cc totalement enfermé et bien à l’étroit dans sa boîte, mais, grâce à un montage de la direction sans colonne, avec deux simples articulations au-dessus et en dessous de la poutre, le constructeur a pu laisser l’avant de celle-ci totalement ouvert pour laisser entrer une quantité d’air suffisante (du moins on l’espère) au refroidissement par ailleurs aidé par une turbine avec une sortie d’air sur le côté.  Crise économique aidant, le projet n’a aucun succès et Endre Zolnay l’abandonne définitivement en 1932 pour se lancer deux ans plus tard dans la fabrication de caisses enregistreuses (non pliables).

Ah une moto pliable à mettre dans son coffre de voiture pour les vacances !… Vous en rêviez ? Et bien l’Hongrois Endre Zolnay l’a fait, lui. Notre bon hongrois connu par ailleurs pour un mécanisme de machine à calculer. invente sa drôle de moto en 1924. Devenu constructeur indépendant cinq ans plus tard, il [...]